Interview de Sébastien Clerc : Directeur général de Voltalia

Sébastien Clerc

Directeur général de Voltalia

Les énergies renouvelables connaissent une croissance de 20% par an

Publié le 28 Janvier 2016

Voltalia a doublé son chiffre d’affaires, à 58,5 millions d’euros, en 2015. Comment s’explique cette forte croissance ?
Il y a maintenant un peu plus d’un an, nous mettions en service les toutes premières centrales brésiliennes de Voltalia : leur performance opérationnelle est en grande partie à l’origine de la forte croissance de nos revenus en 2015. Nous avons notamment mis en route plus de 100 mégawatts (MW) de nouvelles capacités au quatrième trimestre, en avance sur notre calendrier initial. C’est le cas de la centrale d’Oiapoque (12 MW), un site isolé en pleine forêt amazonienne, qui ne devait démarrer qu’au mois d’avril 2016, et de celle de Vamcruz (93 MW), qui fonctionne à pleine puissance depuis décembre dernier. Ces succès nous rendent confiants quant à la poursuite de notre croissance en 2016, à la fois en termes de chiffre d’affaire et de nouvelles capacités.

Vous avez évoqué votre développement au Brésil. En quoi ce marché est-il stratégique ?
Le Brésil est de longue date un marché porteur en matière d’énergies renouvelables. Plus de 80% de la capacité électrique du pays est d'origine renouvelable, principalement grâce à de grands barrages hydroélectriques mais aussi à des petites centrales hydrauliques au fil de l'eau, des centrales biomasse et des fermes éoliennes. De toutes les énergies renouvelables, c’est l’éolien qui connaît aujourd’hui la plus forte croissance en raison de son coût très compétitif et de gisements de vent encore largement inexploités. Voltalia a sécurisé parmi les meilleurs sites du Brésil et a l’ambition de créer l’un des plus importants « clusters éoliens » du pays, d’une capacité potentielle de 1200 MW à terme, soit l’équivalent d’un réacteur nucléaire. Aujourd’hui seulement 183 MW sont en production. Nous prévoyons de mettre en service 99 MW au quatrième trimestre 2016 et de lancer la construction de 27 MW supplémentaires cette année.

La baisse du real a-t-elle impacté vos résultats ?

Effectivement la baisse du real a pesé sur la croissance de notre chiffre d’affaires. A taux de change constant celui-ci aurait été multiplié par 2,3 (2,1 en données publiées, ndlr). En revanche cette baisse n’a pas d’impact sur nos marges, car nos coûts de production au Brésil sont aussi en reals.

La COP 21 marque-t-elle le point de départ d’une nouvelle phase de développement des énergies renouvelables ?

Il faut saluer l’accord trouvé à Paris au mois de décembre car il donne un nouveau cadre mondial à la lutte contre le réchauffement climatique. Mais cela a peu d’impact dans l’immédiat sur le marché des énergies renouvelables, qui connaît déjà une croissance d’environ 20% par an depuis dix ans. Cette croissance va se poursuivre notamment pour l’énergie solaire qui est en train de connaître une baisse rapide de ses coûts de production. C’est pourquoi nous poursuivons une stratégie « multi-énergies » et « multi-pays », afin de saisir les nombreuses opportunités de la transition énergétique partout dans le monde.

EDF et Engie sont-ils des concurrents pour vous ?

Nous ne voyons pas les utilities comme des concurrents. Souvent ces grands groupes rachètent des centrales ou co-investissent avec des acteurs comme Voltalia, qui sont à l’origine du projet. Ainsi au Brésil l’énergéticien national a pris des parts dans plusieurs de nos centrales. La montée en puissance des grands groupes dans les énergies renouvelables est donc plutôt une bonne nouvelle, car nous sommes complémentaires.

Propos recueillis par François Schott