Interview de Fabrice Plasson : Président du directoire d'Amoéba

Fabrice Plasson

Président du directoire d'Amoéba

Nous sommes à mi-chemin entre la biotech et la cleantech

Publié le 04 Mars 2016

Amoéba réalise la meilleure performance parmi les sociétés entrées en bourse l'année dernière à Paris (+180%). Quelles sont les raisons de ce succès selon vous ?
Amoéba est une société innovante, à mi-chemin entre la biotech et la cleantech. Notre produit 100% biologique vise à remplacer les produits chimiques dans les process de nettoyage d'installations industrielles (tours aéro-réfrigérantes principalement). Lorsque nous avons réalisé notre IPO, en juillet 2015, nous étions à un stade avancé de notre développement avec un produit déjà testé chez une dizaine d'industriels (ArcelorMittal, Aéroports de Paris, Häagen-Dazs…) et un horizon de commercialisation de 12 mois. Cet objectif est toujours d'actualité : Amoéba envisage la commercialisation de son biocide en France dès le premier semestre 2016 et en Europe fin 2016 sous réserve de l’obtention préalable des autorisations requises. Sur le plan commercial les choses sont allées plus vite que nous le pensions : nous avons d'ores et déjà conclu des accords de distribution pour les principaux marchés européens (France, Allemagne, Italie, Bénélux) si bien que nous avons dû accélérer nos investissements industriels afin de pouvoir répondre à la demande de ces marchés. Nous avons pu le faire grâce aux fonds levés lors de l'IPO et nous sommes aujourd'hui prêts à répondre la demande de ces marchés.

Vous évoquez une commercialisation au premier semestre 2016. Pouvez-vous être plus précis ?
Nous déposerons une demande de mise sur le marché (AMM) provisoire en France dès lors que l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) aura validé le principe actif de la solution Amoéba – décision que nous attendons dans le courant du deuxième trimestre. Sur la base de cette évaluation de l’ANSES, l’AMM provisoire sera également demandée à chaque autorité compétente dans les états membres de l’Union Européenne. Nous estimons obtenir l’AMM provisoire, dans le mois suivant la demande en France, et 3 mois après le dépôt de la demande dans les autres pays européens.

Avez-vous un objectif de chiffre d'affaires pour cette année ?
Nous ne communiquons pas de prévisions chiffrées. Je vous renvoie pour cela aux notes d'analystes publiées à l'occasion de notre introduction en bourse. Je dirais simplement que nous sommes en ligne voire en avance sur notre plan de développement et en mesure de répondre à la demande sur les marchés ciblés. Sur un marché mondial des biocides chimiques estimé à 21 milliards d'euros,
Amoéba se concentre aujourd’hui sur le segment des tours aéro-réfrigérantes industrielles, TAR, que nous estimons à 1,7 milliard. A moyen terme, nous envisageons d'autres applications de notre biocide en particulier dans le secteur nucléaire et dans le traitement des eaux chaudes sanitaires, deux autres très gros marchés.

Allez-vous faire appel au marché pour financer votre développement ?
Les ressources financières levées lors de notre IPO (13,2 millions d'euros) ont été intégralement affectées au renforcement de nos capacités industrielles et de notre maillage commercial en Europe. Nous lancerons ainsi deux à quatre usines en Europe d'ici la fin de l'année. Nous souhaitons également nous implanter aux Etats-Unis et en Chine, pourquoi pas dès l'année prochaine, dès lors que nous aurons reçu les autorisations nécessaires, mais nous aurons pour cela besoin de lever de l'argent. Nous ne savons pas encore sous quelle forme (placement privé, augmentation de capital ou autre) ni quand mais cela pourrait avoir lieu en 2016.

Propos recueillis par François Schott