Interview de Nicolas  Caplain : Directeur de la sélection de fonds externes de La Banque Postale Asset Management

Nicolas Caplain

Directeur de la sélection de fonds externes de La Banque Postale Asset Management

Une attention particulière est requise à l'égard des « fonds à risque modéré »

Publié le 06 Juillet 2017

Dans le cadre d’un processus de sélection de fonds, une attention particulière doit être faite à l’égard des « fonds à risque modéré ». Qu’entend-t-on par-là ?
Un fonds à risque modéré est un fonds mixte à la fois exposé à la classe d’actifs actions et à la classe d'actifs obligations. Il a ainsi un profil de risque intermédiaire.

Si l’appréciation des risques est relativement simple pour des fonds à risque élevé toujours investi entre 90% et100% en actions ou des fonds à faible risque assis sur un benchmark obligataire, il en est différemment pour un fonds à risque modéré...
Globalement, nous pouvons distinguer trois catégories de risques : les risques connus, les risques difficiles à détecter, les risques qui évoluent dans le temps.

Les risques visibles se traduisent par la volatilité de la performance en première approche.
Ils sont également identifiables à partir d’une fine observation de la composition du fonds.
Ceci étant, certains portefeuilles sont constitués de lignes de fonds, d’instruments structurés ou de dérivés complexes pour lesquelles la visibilité des risques sous-jacents n’est pas nette et nécessite des analyses complémentaires.

Qui plus est, la prise en compte de l’historique des performances ou de l’inventaire du portefeuille actuel ne préjuge pas des investissements ultérieurs qu’est susceptible de réaliser le gérant et ne renseigne donc pas nécessairement sur la variation des risques dans le temps.
Ces risques connus, ces risques difficiles à détecter, et ces risques qui évoluent dans le temps sont d’autant plus difficiles à appréhender pour des fonds à risques modérés.

Quels outils peuvent aider à la sélection de ces fonds à risque modéré ?

En premier lieu, se référer aux DICI apporte des éléments d’appréciation.
Par ailleurs, il importera de considérer l’évolution possible de l’allocation d’actifs du fonds. Un fonds limité à 50% actions 50% obligations n’aura pas le même profil de risque qu’un fonds habilité à investir à 100% en actions ou à 100% en obligations.
Une bonne compréhension de l’expertise du gérant, de son processus d’investissement et de la latitude laissée à ce dernier pour procéder à des arbitrages à l’avenir sera également d’une précieuse aide.
Une lecture affinée de l’historique de performance pourra aussi donner une indication.

Une majeure partie des fonds à risque modéré sont total return sans benchmark pour avoir une certaine flexibilité…

Dans ce cas, une étude approfondie du comportement passé du fonds et notamment de ses corrélations avec les principaux indices de marchés, permettra de déterminer si un benchmark synthétique peut lui être attribué.
Il pourra être fait recours à un examen des styles et au décryptage du ratio de Sharpe, mesure de la performance corrigée du risque, pour bien identifier les biais suivant la période et avoir une meilleure analyse.
Une bonne connaissance de l’ensemble des classes d’actifs s’impose.

Vous arrive-t-il souvent de sélectionner ces fonds à risques modérés ?

Nous sélectionnons plutôt des fonds à risque élevé ou des fonds plus défensifs et laissons nos gérants procéder à l’allocation qu’ils souhaitent.
La sélection de fonds à risques modérés est marginale et fait suite à des instructions spécifiques données par des clients.

Propos recueillis par Imen Hazgui