Interview de Alain Tonnard : Co-président d'Audika

Alain Tonnard

Co-président d'Audika

Nous savons que nous aurons de plus en plus de clients

Publié le 11 Février 2008

Un commentaire sur votre chiffre d’affaires 2007 ?
Il s’agit d’un très bon exercice pour notre groupe. Nous avions un objectif d’au moins 92 millions d’euros, et nous avons atteint le chiffre 92,7 millions d’euros. Avec une croissance interne de 10% sur l’ensemble de l’année, nous nous situons dans le haut de la fourchette historique de notre société.

Nous confirmons également que nous aurons une marge opérationnelle supérieure à 18%. L’année dernière, celle-ci s’établissait à 16,3%.

Comment s’explique la croissance de ‘seulement’ 15,5% qu’a connu Audika au quatrième trimestre, traditionnellement particulièrement dynamique, contre plus de 30% au troisième trimestre ?
Rappelons que le chiffre de 15,5% constitue un bon trimestre. C’est le chiffre de 30% qui est exceptionnel. Il faut d’ailleurs plutôt raisonner par semestre que par trimestre car nous ne lançons pas toujours nos actions marketing à la même période. Cette année par exemple nous avons décidé de communiquer plus fortement en juillet, ce qui nous a permis de réaliser un excellent 3ème trimestre en anticipant une petite partie de notre croissance du 4ème trimestre.

Sur l’ensemble du semestre, notre chiffre d’affaires est d’ailleurs en croissance interne de 10,9% contre 9,1% au premier semestre, en accélération et conforme à nos attentes.

Plus globalement, chaque année, nous avons un budget de marketing plus important en valeur absolue bien que stable à en valeur relative à 5 à 6% du chiffre d’affaires. Cela nous permet aujourd’hui de communiquer à des périodes où nous ne le faisions pas auparavant …

Comment se déroule votre récente implantation en Italie ? Avez-vous rempli vos objectifs d’ouvrir dix centres avant la fin 2007 ? Quelles sont les perspectives 2008 dans ce domaine ?
Nous avons acquis 5 centres et créé 3 centres depuis septembre 2007. D’autres sont en cours. Tout se passe très bien, et tout a très bien fonctionné en termes de chiffre d’affaires. Nous n’avons démarré que très tard dans l’année, en septembre, avec un objectif de CA de 700 000 euros. Nous avons réalisé plus de 900 000 euros.

Tout se déroule comme prévu ; de nouvelles acquisitions devraient se concrétiser en 2008. Nous continuerons également à créer des centres

Notre objectif, c’est de poursuivre le maillage du territoire autour des centres acquis, notamment dans la région de Rome. Des acquisitions sont en négociation, mais nous poursuivons la même stratégie de ne les annoncer que lorsqu’elles seront signées. Notre business model montre qu’en 2008, nos opérations en Italie seront relutives pour le groupe. Une pénétration dans un nouveau pays qui est en même temps relutive, c’est assez exceptionnel.

Prévoyez-vous de sortir de nouveaux produits ?
Rappelons tout d’abord que nous ne faisons que distribuer les produits : nous ne les fabriquons pas. Ceci étant dit, aujourd’hui, les fabricants sortent de nouveaux produits en permanence. De nouvelles générations d’appareils sortent chaque année, au bénéfice du consommateur.

En 2008, de nouveaux produits seront donc lancés par nos différents fournisseurs. Certains d’entre eux sont d’ailleurs compatibles bluetooth. Nous formons en permanence notre personnel pour être capables de régler ces nouveaux appareils. L’année dernière, nous avons dispensé 10 000 heures de formation.

Ces appareils sont encore très coûteux aujourd’hui. Pensez-vous que la législation concernant le remboursement de celles-ci est appelée à changer ?
Dans un contexte de contrôle des dépenses, il est peu probable que la Sécurité sociale change sa position. En effet, elle a déjà fait un effort il y a quelques années en remboursant les deux appareils au lieu d’un seul auparavant, soit deux fois 130 euros net.

Rappelons que nous proposons à nos clients un système de paiement en dix fois sans frais, qui est adopté par un tiers de nos clients. Ce prix, qui est certes important (entre 1 500 et 1 600 euros en France par appareil) se justifie par les services que nous fournissons : alors que la durée de vie de l’appareil est de cinq ans, tous les réglages sont inclus dans le prix initial de l’appareil pour les clients tout au long de la durée de vie de l’appareil.

Quelles sont vos prévisions pour 2008 en termes de chiffre d’affaires ?
Nous tablons sur un chiffre d’affaires global hors nouvelle acquisition de 106 millions d’euros sur la base du périmètre actuel. A cela viendront s’ajouter, en France, entre 30 et 40 nouveaux magasins dont une dizaine de créations. Le chiffre de 106 millions d’euros représente une croissance globale de plus de 14%.

Êtes-vous opéable ? Je pense notamment à Amplifon, qui multiplie les acquisitions en Allemagne…
Nous ne sommes pas opéables. 46% des actions Audika se trouvent dans le public et 54% sont logées dans une holding familiale dont mon frère et moi avons le contrôle. Nous souhaitons garder le contrôle de la majorité de la société.

Comptez-vous poursuivre votre politique de versement de dividende sur le prochain exercice ?
Bien entendu. Nous avons toujours versé 25% du résultat en dividendes. Nous comptons bien continuer.

Pensez-vous que l’ascension boursière du titre Audika est appelée à se poursuivre à l’avenir ?
Notre métier, c’est de faire de la croissance, de poursuivre l’élaboration de notre réseau tout en maintenant un niveau élevé de marge opérationnelle. Les investisseurs jugent la valeur de l’entreprise en fonction de sa visibilité. Nous savons que nous aurons de plus en plus de clients : notre cœur de cible, les 65 ans et plus, va progresser fortement en 2010 puisque la génération du baby-boom va arriver à 65 ans.

Le taux d’équipement, très faible à 15% seulement, laisse beaucoup de marge de manœuvre. Ce n’est pas à nous de juger si la valorisation boursière va encore augmenter ; celle-ci dépend du contexte de marché dont nous ne sommes absolument pas maîtres.

Un dernier mot pour vos actionnaires ?
Aujourd’hui, tout va très bien pour nous. Encore une fois, nous sommes dans un marché qui offre une visibilité absolument gigantesque. Nous avons fait une très belle année 2007 et nous pensons que 2008 sera encore meilleure avec notamment l’ouverture de nouveaux centres en France et en Italie et l’obtention de meilleures marges.

Propos recueillis par Antoine Pietri