Interview de Bertrand Stephann : PDG d'auFeminin

Bertrand Stephann

PDG d'auFeminin

Nous pouvons appuyer sur l’accélérateur de chiffre d’affaires européen

Publié le 26 Février 2008

Votre chiffre d’affaires progresse de de 70%, le résultat opérationnel bondit, lui, de 78% et le résultat net gagne 46%. Tout simplement, quels ont été les moteurs de cette croissance ?
Le principal moteur de croissance est à chercher dans le marché publicitaire online. C’est un marché qui continue à croître de façon significative. Les chiffres TNS-Secodip font état d’une hausse de 35% en France.

Pour sa part, la croissance supérieure au marché vient de plusieurs facteurs. D’abord, notre expertise en matière de publicité online – auFeminin existe depuis 1999. Puis, nous avons lancé de nouveaux produits avec notamment le site Joyce.fr et nous avons également racheté, fin 2006, le site marmiton.org.

Il faut également dire que l’international occupe une part croissante dans notre chiffre d’affaires et dans nos résultats. Aujourd’hui, plus de la moitié de notre audience se fait hors de France.

Notre audience compte 7 millions de visiteurs uniques par mois en France. Elle se chiffre au total à 20 millions, dont 16 millions en Europe. J’insiste sur le marché européen parce que c’est celui sur lequel nous nous développons, en termes publicitaires notamment.

Nous sommes leader en Allemagne avec 2 millions de visiteurs uniques ; nous sommes également leader en Italie avec 1,7 million de VU ; en Espagne, avec 1,5 million. En Angleterre, nous oscillons entre la place de numéro 2 et la place de numéro 3 selon les mois, avec 600 000 VU ; nous sommes également leaders en Belgique et en Suisse.

Cet ensemble de positions d’audience fortes fait qu’aujourd’hui nous pouvons appuyer sur l’accélérateur de chiffre d’affaires européen de deux manières : d’une part, en proposant une offre paneuropéenne à nos annonceurs qui sont des grands groupes – il est logique pour eux de faire des campagnes paneuropéennes avec une cohérence d’image et de message - ; d’autre part, via une approche beaucoup plus locale en se rapprochant de nos annonceurs puisque par exemple, nous avons ouvert récemment des filiales en Angleterre et en Allemagne.

Comment se déroule l’intégration avec Axel Springer ?
Ca se passe plutôt très bien parce qu’Axel Springer souhaite respecter l’autonomie et le savoir-faire d’auFeminin.

Leur objectif, c’est qu’auFeminin se développe… Ca correspond totalement à leur stratégie qui est de faire un pourcentage significatif de leur chiffre d’affaires dans le online à l’horizon de trois ans.

auFeminin envisage de poursuivre son déploiement à l’international. Quelles zones géographiques privilégiez-vous ? Des acquisitions sont-elles envisagées ?
Nous serons opportunistes. Les acquisitions sont possibles puisque notre trésorerie nette se monte aujourd’hui à plus de 21 millions d’euros. Celles-ci pourront se faire soit en France, soit à l’international. Par contre, ce qui est clair c’est que nous allons rester sur notre secteur du féminin.

Quant aux zones géographiques privilégiées dans notre développement, je dirais que pour l’année 2008, nous allons nous focaliser sur l’Europe de l’Ouest. C’est ce qui est le plus logique pour nous en terme de croissance du chiffre d’affaires.

Nous aurons également la possibilité de nous déployer sur d’autres pays. Mais faut bien comprendre que ça prend du temps. Il faut d’abord bâtir une audience, et ensuite la croissance est au rendez-vous en termes de chiffres.

On reste dans le registre des acquisitions… Que vous inspire le rachat de Doctissimo par Lagardère ?
C’était attendu. C’est logique et c’est sain. Nous sommes sur un marché qui est en pleine croissance, donc c’est assez logique que des groupes comme Lagardère veuillent se positionner sur le online… C’est l’avenir.

Lagardère utilise votre adserver. Pensez-vous pouvoir le garder comme client ?
Nous l’espérons. Je pense que c’est tout à fait possible parce que notre adserver répond à la demande de nos clients. Nous continuons à le développer de façon très importante. Nous n’arrêtons pas d’innover, de lancer de nouvelles fonctionnalités.

C’est un produit qui a deux caractéristiques particulières : d’abord, il n’est pas cher et deuxièmement, il est très facile à utiliser. C’est un produit convaincant.

Je pense que si Lagardère l’a pris, c’est qu’il en est satisfait. Moi, j’ai bien l’intention de continuer à l’avoir comme client. Je ne vois pas de raisons majeures pour lesquelles il changerait.

Vous parliez tout à l’heure du site Joyce.fr. Qu’en attendez-vous en termes financiers ?
Joyce est un site qui répond à la demande des annonceurs sur le domaine du luxe. Si vous allez aujourd’hui sur le site, vous verrez que nous avons lancé une campagne tout à fait particulière pour Chanel.

Si vous cliquez sur l’avatar de Keira Knightley, vous allez être dirigé vers une galerie virtuelle qui présente les produits Chanel.

Joyce est un produit qui s’adresse à une cible assez haut de gamme passionnée par l’univers du luxe.

A partir de quand ce site aura-t-il un impact sur les comptes d’auFeminin ?
Dès cette année. Nous avons cette campagne Chanel, mais elle n’est pas la seule. Nous avons déjà d’autres annonceurs qui sont présents sur le site. Et nous travaillons activement pour en avoir beaucoup d’autres.

Vous avez évoqué le lancement de nouveaux sites. Pouvez-vous nous en dire plus sur les thématiques envisagées et le calendrier ?
Nous préférons ne pas trop en parler. Et puis, nous avons d’autres marques qu’auFeminin et ces marques, présentes uniquement en France, pourraient être déclinées dans d’autres pays. Ca fait partie des hypothèses qui sont envisagées.

Le titre auFeminin oscille autour de 24 euros, soit un niveau très en deçà des 32 euros offerts par Axel Springer pour en prendre le contrôle… Comment envisagez-vous de réduire ce gap à l’avenir ?
En faisant du bon boulot.

Propos recueillis par Marjorie Encelot