Interview de Dominique Costantini : Président du directoire de Bioalliance Pharma

Dominique Costantini

Président du directoire de Bioalliance Pharma

La part de CA due au Loramyc™ représente 1 million d’euros

Publié le 25 Mars 2009

En 2008, BioAlliance affiche un résultat net en baisse à -21,4 millions d'euros pour 2008, contre -18,3 millions d'euros l'année précédente, ainsi qu’un résultat opérationnel ressorti en perte à -23,2 millions d'euros, contre -19,6 millions en 2007. Comment expliquez-vous ces pertes ?
Les pertes sont tout simplement dues au fait que nous avons des charges d’investissement pour les phases III en cours sur l’année 2008...

Votre chiffre d’affaires a en revanche beaucoup progressé, de 134% à 8,2 millions d'euros…
Pour l’essentiel, ce que l’on voit d’abord dans ce chiffre d’affaires, c’est la part due au Loramyc™ qui représente 1 million d’euros. Quant au reste, il s’agit de la part des ventes directes de Loramyc™ ainsi que la part due aux accords internationaux et industriels qui ont été menés sur ce produit, et qui sont étalés dans le temps et pris en compte pour l’année 2008.

Y a t-il une part récurrente dans votre chiffre d’affaires ?
En récurrent, ce qu’on attend sur fin 2009 et début 2010, ce sont surtout de nouveaux milestones liés à l’AMM [autorisation de mise sur le marché, ndlr] aux Etats-Unis, pour 15 millions d’euros, et également un million d’euros sur notre accord asiatique avec la société Handok Pharmaceuticals.

Concernant les ventes de Loramyc™ en France, quel bilan tirez-vous depuis son lancement ? Et en Europe ?
L’essentiel de nos ventes s’est effectivement fait en France, qui représente de fait 96% de nos résultats. Concernant l’Europe, nous avons justement modifié l’organisation que nous avions jusqu’ici, c’est-à-dire que nous avons mis fin à notre collaboration avec la société Spébio et repris la licence…

Pour revenir à la France, et concernant l’intérêt du Loramyc™ après un an de mise en vente et de promotion, il s’avère qu’à ce jour 20 000 patients ont pris ce type de produit depuis son lancement [19 000 en France, le reste en Europe]. On peut donc en conclure que ce produit a été bien accueilli, qu’il répond à un réel besoin thérapeutique et c’est cela qui nous a permis d’avoir des recommandations d’experts indiquant que ce type de produit est très bien adapté au traitement local pour des patients immunodéprimés. 

Nous avons également le soutien du corps médical dans la mesure où ce produit répond à une attente d’éviter les résistances, de pouvoir traiter avec une fois par jour, et donc de rentrer complètement dans les soins de support tels que, par exemple, les divers experts du VIH qui recommandent un bon traitement local pouvant être facilement suivi par les patients.

Comment avez-vous organisé votre force de vente en France et en Europe ?
Hormis la France, le Loramic™ a été vendu en Angleterre, en Allemagne et dans les pays du Nord, mais pour l’instant, notre collaboration avec la société Spebio sous forme de joint-venture a été interrompue, et nous sommes en train de réorganiser notre force de vente au niveau européen pour 2009…

En France, la force de vente est directement sous notre responsabilité, avec une filiale dédiée présente à l’hôpital, tandis qu’en Europe, c’était jusqu’à présent dans le cadre d’une joint-venture qui n’a finalement pas fonctionné… Il est vrai que pour nous, cette nouvelle organisation pour l’Europe est d’autant plus intéressante à mettre en place que nous avons un deuxième produit qui va arriver [un film fin d’Ondansetron], qui vient d’être introduit dans la procédure décentralisé, ce qui fait que l’on attend ce produit sur 2010 pour sa mise sur le marché dans certain pays comme l’Allemagne et l’Angleterre.

Au final, avec deux produits, il semble en effet plus intéressant de réfléchir à une nouvelle organisation de notre force de vente en Europe…

Quelle part de marché ce produit représente-t-il ?
Pour la candidose oropharyngée, le marché représente globalement autour de 300 millions d’euros. Dans le détail, l’Europe représente 100 millions d’euros. Nos prévisions sont, à terme, de réussir à prendre près de 30% de ce type de marché qui, rappelons le, est un marché de niche hospitalier, particulièrement intéressant pour les immunodéprimés sous chimio ou radiothérapie et qui font des candidoses fréquentes…

Qu'en est-il des Etats-Unis ?
Les Etats-Unis représentent aujourd’hui un marché potentiel de 150 000 millions d’euros, soit à peu près la moitié des 300 millions d’euros évoqués plus haut.

Nous attendons pour le second trimestre 2009 la recevabilité du dossier par la FDA [Food & Drug administration, ndlr], pour un lancement du produit entre fin 2009 et début 2010.

Quant à l’organisation de notre force de vente pour les Etats-Unis, nous avons signé un partenariat avec la société PAR via sa branche hospitalière Strativa qui est déjà très présente auprès des cancérologues et des infectiologues.

BioAlliance Pharma a annoncé en fin d’année dernière son projet de réduction de ses charges d'exploitation, avec des licenciements, pour faire face aux conséquences de la crise économique mondiale…
Nous avons effectivement organisé un processus d’économie qui nous a paru s’adapter totalement aux conditions générales de l’environnement économique, et nous avons donc supprimé des projets précoces, nous avons également remanié notre organisation parce que nous avions une activité de sous-traitance dans le domaine du diagnostic et qui s’est arrêtée…

Il n’y aura donc pas de nouveaux plans d’économie, nous venons d’ailleurs d’annoncer un financement de 6,4 millions d’euros de la part d’Oséo…

Cela va-t-il vous permettre d’augmenter vos frais de recherche et développement ?
C’était un élément important pour nous, de pouvoir être aidés dans cette partie de recherches, qui sont des recherches de rupture [concernant des cancers très virulents]…

Le fait de pouvoir être aidé de manière très significative par Oséo, nous permet effectivement de pouvoir accélérer nos programmes dont l’un est déjà très proche d’entrer en phase clinique en 2009...

Votre autre projet prioritaire concerne l'Aciclovir Lauriad, aujourd'hui en phase III et dont le dossier d'enregistrement doit être déposé en Europe courant 2009. Où en êtes-vous de votre recherche de partenariat sur ce produit ?
Il y a une première étape très importante, à la fin du premier semestre 2009, où nous devrions obtenir les résultats de la première phase III.

Nous prévoyons déjà d’avoir un second essai complémentaire suite à la demande de la FDA dans la mesure où il s’agit d’un traitement de l’herpès totalement nouveau. Or, c’est pour cet essai complémentaire que nous recherchons un partenariat…

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy