Interview de Vincent Bastide : Directeur général délégué de Bastide le Confort Médical

Vincent Bastide

Directeur général délégué de Bastide le Confort Médical

Nos produits permettent le maintien à domicile des personnes malades ou dépendantes

Publié le 04 Mars 2010

Vous venez de publier un chiffre d'affaires en baisse de 1,4% à 50,6 millions d'euros et un bénéfice en repli de 30% à 1,2 million au premier semestre de votre exercice 2009/2010. Quels commentaires vous inspirent ces résultats ?   
Ces résultats sont encore impactés par le changement réglementaire intervenu il y a un an et demi dans le secteur des maisons de retraite. Le mois de juillet, le premier de notre exercice décalé, a souffert d'un effet de base fortement défavorable.

Mais l'activité s'est redressée au deuxième trimestre avec un chiffre d'affaires en hausse de 3,5% à 37,8 millions d'euros.

Sur l'ensemble du semestre, la croissance hors maisons de retraite ressort entre 6 et 9%. Dans le contexte actuel, cette croissance est plutôt positive.
La marge opérationnelle courante s'établit à 5%, à comparer à 3,4% au second semestre de l'exercice 2008-2009, grâce principalement  à une meilleure absorption des coûts fixes et aux premiers résultats des mesures d'économies mises en place par le groupe.

Pouvez-vous revenir sur ce changement réglementaire qui a lourdement impacté votre modèle économique ?
Au 1er août 2008, chaque maison de retraite s'est vu confier une enveloppe budgétaire qui correspond à 2,32 euros ttc par jour par résident. Elle doit donc désormais gérer un budget limité, contrairement à la situation antérieure où la prise en charge d'un patient était facturée à l'Assurance maladie.  En conséquence, les établissements d'hébergement des personnes âgées dépendantes (EHPAD) ont exercé une forte pression sur les prix d'achat de nos produits et de nos services. Certaines prestations comme la location de lits médicalisés ou des fauteuils roulants ont vu leurs prix divisés pratiquement par deux.

Face à cette situation, nous avons décidé de changer notre propre politique d'achats. Nous avons centralisé nos achats pour obtenir de meilleurs tarifs. A titre d'exemple, certains équipements ont vu leurs conditions d’achat diminuer de plus 35% après la mise en application du décret d’août 2008.

Le bénéfice de ces mesures est assez long à se faire sentir mais petit à petit, nous allons retrouver un équilibre économique.

Pouvez-vous préciser comment vous comptez améliorer vos marges ?

Nous comptons sur l'effet volume, aussi bien dans nos activités auprès des maisons de retraite (augmentation du nombre de lits installés) qu'auprès des particuliers. Avec le vieillissement de la population, le besoin de prise en charge est grandissant. Nous répondons à ce besoin notamment  par  l'assistance médicale à domicile, au travers de nos produits et services qui permettent le maintien à domicile des personnes malades ou dépendantes.

Je pense par exemple à des tensiomètres électroniques permettant de contrôler sa tension. Il y a six ans, ce genre de produits valait près de 100 euros, aujourd'hui nous les proposons à moins de 15 euros. Cette démocratisation a été rendue possible par l'augmentation des volumes.

Quelles sont vos prévisions pour le second semestre ?
Nous espérons fortement renouer avec une croissance positive au second semestre, où la base de comparaison est plus favorable. Le mois de janvier nous encourage dans ce sens, bien qu'il ait été impacté par les intempéries. Nous comptons également améliorer notre marge opérationnelle par rapport au premier semestre.

A plus long terme, nous voulons nous renforcer dans les métiers de l'assistance respiratoire et de la nutrition-perfusion, qui représentent à l'heure actuelle 33% de notre chiffre d'affaires, contre 67% pour le maintien à domicile et la prise en charge en maison de retraite. A terme, nous voulons atteindre un ratio de 40%/60%.

Ne craignez-vous pas que la réduction des dépenses de l'Assurance maladie n'entraîne de nouvelles baisses de votre chiffre d'affaires ?
Ce qui s'est passé sur les maisons de retraite est un sujet très particulier, qui a peu de chances de se reproduire dans nos autres secteurs d'activités.
Notre secteur représente 2,4 milliards d'euros sur un budget global de la santé de plus de 120 milliards d'euros.

Les autorités de tutelle ont conscience que prendre en charge un patient à domicile est moins onéreux que le prendre en charge en établissement médicalisé. Certes, il y a aujourd'hui une volonté de l'Assurance maladie et du ministère de la Santé de contrôler les dépenses, mais au bénéfice du développement de la prise en charge à domicile.  Celle-ci est avantageuse en termes de coûts pour la collectivité, et surtout elle répond à une demande des patients.

Quel message souhaitez-vous adresser à vos actionnaires aujourd'hui ?
Je leur dirais que le plus difficile est derrière nous, et que les efforts que nous avons produits ces derniers mois commencent à se mesurer dans nos chiffres. J'espère que le second semestre va nous permettre de conforter cette évolution.

Aujourd'hui nous n'avons pas de projet d'acquisition car nous donnons la priorité à l'amélioration de notre chiffre d'affaires et de nos marges.
Je leur dirais également que les perspectives du groupe à long terme restent favorables, et que nous sommes dans un secteur d'avenir.

Propos recueillis par François Schott

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