Interview de Hervé Mangin : Gérant du fonds Axa Europe Opportunités

Hervé Mangin

Gérant du fonds Axa Europe Opportunités

Sanofi ne surpaiera pas sa proie

Publié le 30 Août 2010

L'offre de Sanofi Aventis sur Genzyme (18,5 milliards de dollars), annoncée ce lundi, vous semble-t-elle judicieuse ?
Pour Sanofi, ce rapprochement fait beaucoup de sens. Le groupe, comme toutes les « big pharma », est confronté à la perte d'un certain nombre de brevets qui arrivent à échéance, donc à une concurrence de plus en plus forte des producteurs de génériques (ndlr : Sanofi a été débouté la semaine dernière de son recours contre la commercialisation d'un générique du Lovenox aux Etats-Unis). Il lui faut trouver de nouveaux relais de croissance. Genzyme est une piste intéressante car il fabrique des médicaments biologiques, beaucoup plus difficiles à copier. La société commercialise déjà des médicaments contre des troubles génétiques et est en phase avancée de développement d'un traitement anti-cholestérol.

Genzyme a rejeté les avances du groupe français. Le prix proposé – 69 dollars par action – est-il trop faible ?
Genzyme voulait 80 dollars par action. Mais elle n'est pas la seule biotech sur le marché, et Sanofi ne veut pas surpayer sa proie. La balle est désormais dans le camp des actionnaires de Genzyme. S'ils se montrent trop gourmands, l'opération ne se fera pas. Pour Sanofi, je pense qu'un rachat entre 70 et 75 dollars par action serait une bonne opération et entraînerait une revalorisation du groupe aux yeux des analystes. Au-delà de 80 euros par action, le jeu n'en vaut pas la chandelle.

Vers quelles autres cibles Sanofi pourrait-il se tourner en cas d'échec ?
Les grands groupes pharmaceutiques recherchent des diversifications dans les biotechnologies mais aussi dans les Vaccins/diagnostics et dans le segment OTC (« over the counter »), autrement dit les ventes de médicaments sans ordonnance. Ils peuvent aussi s'intéresser à des entreprises comme Qiagen, spécialisée dans les échantillons d'ADN. Une chose est sûre : le secteur devrait être un gros pourvoyeur de fusions-acquisitions au cours des prochains mois.

Propos recueillis par François Schott


Propos recueillis par François Schott