Interview de Lionel Segard : Président directeur général de Quantum Genomics

Lionel Segard

Président directeur général de Quantum Genomics

Notre augmentation de capital a pour objectif de financer quatre programmes de recherche sur deux ans

Publié le 09 Février 2015

Pourriez-vous dans un premier temps nous rappeler en quoi consiste l’activité de la société Quantum Genomics ?
La société a pour ambition de développer de nouveaux médicaments contre les maladies cardio-vasculaires, principalement l’hypertension artérielle et l’insuffisance cardiaque. Notre approche est basée sur des études fondamentales d’une vingtaine d’année réalisées au Collège de France avec l’appui du CNRS et de l’université Paris Descartes. La piste explorée est celle d’une voie de régulation particulière, au niveau du cerveau, susceptible d’avoir un effet anti-hypertenseur et un effet cardio protecteur. Cette cible, située dans le système cérébral, agit au niveau de trois organes : les vaisseaux sanguins, les reins et le cœur.

Quel est l’intérêt de cette approche ?
Malgré les traitements existants, un tiers des décès dans le monde sont dus à des pathologies cardio-vasculaires, soit 17 millions par an. 9,4 millions de décès sont plus particulièrement causés par des complications de l’hypertension. 10% de ces décès étaient sujets aux thérapeutiques existantes. Nous sommes donc face à un véritable besoin médical non satisfait. Nous espérons que la nouvelle voie thérapeutique qui est la notre permettra de le réduire.

Vous avez décidé de lancer une augmentation de capital pour lever 9 millions d’euros. Quelle est la finalité de cette opération ?
Il s’agit de notre première opération avec offre au public. L’opération financière a pour objectif de financer quatre programmes de recherche sur deux ans : une étude de phase 2 démarrée sur une monothérapie pour traiter l’hypertension artérielle, une étude pour un candidat-médicament adressant l’insuffisance cardiaque. Les deux autres programmes intéressent une étude sur le développement d’une synergie existante entre notre cancidat-médicament contre l’hypertension avec un produit qui est déjà sur le marché, L’Enalapril et une étude dite « best-in-class » visant à optimiser les traitements.

Vous avez comme objectif de trouver un partenaire industriel pour le traitement de l’hypertension dans la santé humaine. Avez-vous déjà des pistes ?
Nous avons déjà des discussions en cours avec des laboratoires de deux types : des laboratoires de taille intermédiaire en Asie, en Europe, et aux Etats-Unis et des laboratoires de grande taille. Nous voulons trouver le meilleur partenaire pour donner le plus de chance au médicament d’arriver sur le marché dans les meilleurs délais et les meilleures conditions possibles.

Qu’entendez-vous par « meilleur partenaire » ?
Les laboratoires ont une idée du laps de temps nécessaire pour mettre sur le marché un produit à l’issue d’une phase 3. L’idée est de déterminer le partenaire solide financièrement avec lequel il sera possible d’aller plus vite.

La rapidité est cruciale sur le retour sur investissement…
Absolument. Un produit qui devient un blockbuster génère plus d’1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Si la société de biotechnologie touche 15% de royalties par an. Cela fait 150 millions d’euros. Le fait de mettre six mois de plus pour arriver sur le marché peut faire perdre, le cas échéant, 75 millions d’euros.

Quelles sont les principales caractéristiques de l’opération d’augmentation de capital ?
Il s’agit d’une offre au public destinée aux personnes physiques et d’un placement global pour les investisseurs institutionnels. La fourchette de prix de l’action indicative se situe entre 5,40 et 6,30 euros. Cela représente 13% de décote en milieu de fourchette par rapport au cours de bourse suspendu. Il n’y a pas de droit préférentiel pour les actionnaires existants.
1,55 millions d’actions nouvelles devraient être émises, 1,782 avec la clause d’extension et 2,050 avec l’option de surallocation.

Des engagements ont déjà été pris par certains de vos actionnaires au sujet de cette augmentation de titres ?
Notre actionnaire Thétys, la holding de la famille Bettencourt Meyers, principal actionnaire de L’Oréal, s’est engagée à souscrire à la moitié de l’opération avec un minimum de 3 millions et un maximum de 5 millions d’euros. Alix AM s’est également engagé à souscrire à hauteur de 500 000 euros en cas de besoin pour permettre la bonne réalisation de l’opération.
Un engagement de conservation a été pris par les actionnaires principaux, à la fois les fonds d’investissement familiales et les dirigeants et administrateurs, pendant un an après la date de règlement livraison.

Quels commentaires vous inspire votre parcours boursier. L’action enregistre une performance de plus de 17% depuis le 1er janvier ?
Nous avons un parcours similaire à de nombreuses sociétés de biotechnologie comme Innate Pharma, Cellectis, Genticel. Janvier est un mois où sont présentés les résultats aux analystes financiers de grandes banques d’affaires, notamment américaines. Des investisseurs internationaux peuvent alors avoir un intérêt à venir se positionner sur les valeurs de biotechnologie.
Par ailleurs, nous sommes cotés sur Alternext depuis avril par le biais d’un placement privé à un prix de 5,35 euros par action, et nous avons engrangé 25% depuis avril 2014.

Un dernier mot ?
Les fondateurs et le management de la société ont un intéressement sous forme de bons de souscription d’action au prix de l’augmentation de capital. Pour entrer dans ce plan de BSA, il est nécessaire de payer 10% du prix. Le prix de revient d’une action s’avère donc plus cher que pour les actionnaires qui ont souscrit à l’augmentation de capital. Nous avons ainsi un vif intérêt à faire progresser la valeur du titre de la société.

Propos recueillis par Imen Hazgui