Interview de Marc Le Bozec : Gérant de Pluvalca Biotech (Financière Arbevel)

Marc Le Bozec

Gérant de Pluvalca Biotech (Financière Arbevel)

Biotech: nous nous sommes renforcés sur Genfit et Cellectis

Publié le 16 Février 2016

A qui s’adresse le fonds Pluvalca Biotech que vous avez lancé il y a un an?
Notre fonds s’adresse aux investisseurs particuliers et institutionnels qui veulent profiter du rattrapage de la biotech européenne, en termes de développement et de valorisation, sur la biotech américaine. Lorsque nous avons lancé le fonds Pluvalca Biotech fin 2014, nous avons constaté qu’il existait un véritable gisement d’entreprises européennes porteuses d’innovations dans les secteurs de la santé, de l’énergie et de l’environnement, et qui arrivaient à maturité. Certaines comme DBV Technologies, Galapagos ou Morphosys sont déjà en fin de phase de développement sur des marchés à fort potentiel, cependant leurs valorisations restent bien plus faibles que leurs homologues américains. Nous pensons que cet écart va se réduire progressivement. L’objectif est également d’identifier les anomalies de valorisation induites par la faible couverture des petites et très petites capitalisations boursières par les intermédiaires financiers, qui constituent l’essentiel du groupe des valeurs biotech cotées en Europe.

N'est-il pas risqué d’investir sur ce segment qui, comme vous le mentionnez, est encore mal couvert par les analystes ?
Nous cherchons les entreprises les plus « dérisquées ». Sur la quarantaine de valeurs de notre portefeuille, les deux tiers ont validé leur concept initial et passé le cap du risque technologique. Elles font face à des problématiques d’exécution et de mise en marché. Malgré ces précautions les aléas existent, en particulier lorsqu’on mise sur une seule valeur. C’est tout l’intérêt d’investir dans un panier de valeurs au travers d’un fonds comme le nôtre.

La violente correction boursière infligée au secteur depuis le début de l’année crée-t-elle des points d’entrée intéressants selon vous ?
Nous avons connu un mois de janvier 2016 particulièrement négatif sur les marchés financiers dans un contexte d’incertitude profonde liée notamment au prix du pétrole et à la croissance mondiale. Les valeurs de biotechnologie ont enregistré une baisse de l’ordre de 18% en Europe et de 23% aux Etats-Unis en janvier. Le fonds Pluvalca Biotech a fini le mois sur un repli de 14,7%. Une nouvelle fois l’Europe récupère plus vite que les Etats-Unis. Nous avions observé un phénomène similaire en novembre 2015 après la très forte correction d’août/septembre (autour de 30%). Sans en tirer une tendance forte, cela nous conforte dans notre thèse d’investissement soutenue par un écart de valorisation transatlantique injustifié à nos yeux. Nous avons profité de cette période pour renforcer certaines de nos convictions les plus fortes telle Tigenix, société belge ayant fini positivement sa phase III pour des complications de la maladie de Crohn et qui reste encore faiblement valorisée (moins de 200 millions d’euros de capitalisation boursière).

Quelles sont vos principales convictions ?
Notre principale position est Innate Pharma, une société marseillaise spécialiste de l’immuno-oncologie (14 essais cliniques en cours). L’immuno-oncologie est l’une des avancées les plus importantes de ces dernières années dans le traitement contre le cancer. La société a déjà licencié plusieurs molécules à de grands laboratoires (Bristol Myers Squibb, AstraZeneca, Sanofi) et devrait publier ses premiers résultats de phase II cette année. L’arrivée d’investisseurs américains au capital a fait flamber le titre ces deux dernières années mais nous pensons qu’il y a encore beaucoup de potentiel à long terme.
Nous avons également renforcé récemment nos positions dans Cellectis et Genfit. Nous attendons le lancement des premiers essais cliniques de Cellectis et la mise en œuvre de la stratégie de financement de sa filiale plantes. Quant à Genfit la conception de sa phase III nous semble favorable et les déboires récents de son concurrent américain laissent de l’espoir sur la part de marché potentielle du produit de Genfit au sein de l’immense marché de l’hépatite non alcoolique (NASH).
Dans les plus petites valeurs, nous aimons bien Quantum Genomics qui devrait publier de premiers résultats cliniques au premier trimestre 2016 pour son médicament contre l’hypertension artérielle. Là-encore il s’agit d’un immense marché et la société vise les patients ne répondant à aucun traitement existant. Avec le soutien financier de grandes familles françaises elle nous semble bien positionnée pour aller loin.
Dans le même secteur des maladies cardiovasculaires, Cerenis Therapeutics développe un traitement qui consiste à augmenter le bon cholestérol là où tout le monde cherche à réduire le mauvais. Nous sommes séduits par cette approche et par le management très compétent de la société. La société a publié des résultats cliniques très encourageants en fin d’année dernière et mène actuellement un essai de phase III sur son premier candidat-médicament.

Propos recueillis par François Schott