Interview de Michel  Renard  : Gérant actions spécialisé sur les petites valeurs chez Portzamparc

Michel Renard

Gérant actions spécialisé sur les petites valeurs chez Portzamparc

Parmi nos convictions au sein des petites valeurs françaises : Cegid, Eosics, Aubay et Ausy dans les SSII ; Guerbet dans la santé ; Fountaine Pajot et Marie Brizard dans les biens de consommation

Publié le 24 Février 2016

Pourquoi est-il intéressant d’être investis aujourd’hui sur les petites valeurs ?
La majeure partie des stratégistes privilégient l’Europe actuellement en raison des considérations macroéconomiques. La reprise semble bien ancrée. Or l’activité, souvent de niche, des petites capitalisations est davantage tournée vers le Vieux continent.
Sur le plan des valorisations, les PER des petites valeurs sont plus élevés que ceux des grandes valeurs. Cela se justifie amplement par le fait qu’elles sont en mesure de générer beaucoup plus de croissance.

Quel est aujourd’hui le gap entre les PER des grandes et petites capitalisations ?

Si l’on considère le Cac 40 et le Cac small, le PE des grandes capitalisations actuellement est de 13,6 pour une progression des bénéfices attendus de 10%. Parallèlement, le PE des petites capitalisations est de près de 20 alors que le consensus table sur un accroissement des bénéfices de 36%.

Les petites valeurs ont toutefois beaucoup souffert depuis le début de l’année…

Leur correction a été amplifiée par la tendance globalement baissière du marché et la liquidité de certains titres. En outre, leur surperformance par rapport au marché depuis plusieurs années a grandement incité certains opérateurs à prendre les bénéfices engrangés face aux tumultes du marché. Pour autant, elles devraient être en mesure de pleinement tirer avantage (du rebond qui se dessine) de la croissance des bénéfices attendue.
Ma stratégie de sélection repose avant toute chose sur une comparaison entre la valorisation de la société et la croissance qu’elle est supposée générer. Il faut que le rapport prix sur croissance soit autour ou en dessous de 1.

Y a-t-il des thématiques phares que vous jouez ?

Nous n’avons pas d’allocation sectorielle. Nos biais sont les résultantes de notre sélection de valeurs.

Quels sont les secteurs dominants présentement ?

La technologie, les biens de consommation et la santé. Nous avons très peu de financières soit en raison de leur taille, soit du fait de leur non éligibilité au fonds.

Pourriez-vous nous livrer des convictions phares dans chacun des secteurs dominants ?
Nous aimons bien Cegid (solution de gestion comptable et financière), Eosics, Aubay et Ausy (externalisation des recherches) parmi les SSII. Nous privilégions Guerbet dans la santé qui a fait une belle acquisition aux Etats-Unis.
Dans les biens de consommations, nous avons une conviction sur le fabricant de catamarans, Fountaine Pajot et sur Marie Brizard.

Avez-vous des valeurs biotechs au sein de votre portefeuille ?

Nous sommes investis sur des sociétés spécialisées dans des plateformes thérapeutiques. Dit autrement, nous ne nous intéressons pas aux sociétés qui développent des molécules dont le business model est quelque peu compliqué (et aléatoire), mais plutôt à celles qui développent des méthodes de traitement comme DBV (traitement de l’allergie par pilule), Nanobiotix (rayons pour le traitement du cancer).

Vous arrive-t-il d’investir dans des plus grandes valeurs ?

Notre fonds étant éligible au PEA PME, nous investissons exclusivement dans les petites valeurs du Cac small, (cotées pour la plupart) ou sur Alternext. Il est donc relativement pur.

Quel est votre horizon d’investissement ?

Je n’ai pas d’horizon d’investissement a proprement parler. Celui-ci dépend étroitement de la variation du rapport entre cours boursier et croissance attendue.

Qu’est ce qui pourrait vous amener à sortir une valeur avant qu’elle ait atteint votre objectif de cours ?

Un accident de parcours.

Pourriez-vous nous donner une illustration ?

Pas récemment.

Combien de valeurs contient votre portefeuille ?

Notre portefeuille a beaucoup grossi par souci de prudence, pour notamment appréhender au mieux la problématique de liquidité et ne pas être coincé ( gêné ?)dans le cas où nous voulons sortir une valeur. Il se constitue de 85 lignes, contre 60 valeurs initialement, et comptabilise environ 100 millions d’encours sous gestion.

Pensez-vous avoir atteint le maximum de lignes constituables ?

Pas nécessairement. La limite sera surtout déterminée par le niveau des actifs sous gestion.

Qu’en est-il de la volatilité ?

La volatilité du fonds est inférieur à celle de son indice de référence, le Cac small, c'est-à-dire 12.97%, contre près de 20 pour les grandes valeurs.

Dans l’environnement macroéconomique que l’on connait actuellement, qu’est ce qui constitue la menace la plus importante pour un positionnement sur les petites valeurs ?
Un vif ralentissement de la croissance en Europe du fait d’un essoufflement de la dynamique aux Etats-Unis et d’un déraillement de la conjoncture en Chine.

Vous avez dernièrement obtenu la récompense de Morningstar pour votre fonds. Comment l’expliquez-vous ?

Le fait que la performance était au rendez vous malgré une forte diversification et donc le peu de risque pris en contrepartie.

Propos recueillis par Imen Hazgui