Interview de Philippe Poncet : directeur administratif & financier de Transgene

Philippe Poncet

directeur administratif & financier de Transgene

Le TG4010 est un produit pour lequel on cherchera un partenaire pour poursuivre son développement en phase III et sa mise sur le marché.

Publié le 12 Octobre 2007

Les résultats que vous venez de publier vous inspirent-ils un commentaire ?
Sur les résultats du premier semestre, ce qu’il faut surtout retenir c’est évidemment l’accord de partenariat conclu avec Roche concernant le TG4001, le vaccin anti-HPV pour le traitement des lésions précancéreuses du col de l'utérus.

Cet accord nous a permis d’encaisser 23 millions d’euros sur le premier semestre et d’avoir un résultat net positif sur ce premier semestre de 8,5 millions d’euros.

La seconde chose qu’il faut également noter sur les évènements récents, c’est la reconstitution de notre trésorerie puisque nous avons lancé une augmentation de capital en juin qui s’est achevée en juillet, nous permettant de lever 100 millions d’euros sur les marchés financiers européens.

Cette trésorerie reconstituée s’élève aujourd’hui à 119 millions d’euros et devrait nous permettre de couvrir environ 4 ans de consommation de trésorerie courante. C’est un horizon qui devrait permettre de conduire nos produits les plus avancés jusqu’à leur mise sur le marché, soit en propre soit en partenariat avec l’industrie pharmaceutique comme nous l’avons déjà fait avec le TG4001 et Roche.

Transgene a annoncé que les premiers patients ont été inclus dans une étude clinique de phase I au Canada avec le vaccin thérapeutique TG4040 (MVA-HCV) contre l'hépatite C chronique. Quelles sont les perspectives d’un tel produit ? A quelle échéance pensez-vous pouvoir lancer ce vaccin sur le marché ?
Il s’agit d’un vaccin thérapeutique qui s’adresse à l’hépatite C chronique qui est un vrai problème de santé publique dans le monde. Il y a en effet près de 170 millions de personnes qui sont affectées chroniquement par le virus de l’hépatite C.

Le traitement actuel, qui est une combinaison de ribavirine et d’interférons alpha, est un traitement disponible mais qui n’est efficace que dans 50% des cas environ, et avec des effets secondaires assez importants qui diminuent l’observance des malades.

Il y a donc vraiment un besoin d’alternative à ce traitement avec une meilleure tolérance par le patient -comme avec les vaccins thérapeutiques- pour traiter cette pathologie qui évolue progressivement vers des maladies hépatiques comme les fibroses, les cirrhoses ou les cancers du foie.

Concernant notre vaccin, nous avons lancé une première étude de phase I au début de cette année en France, que nous complétons par le lancement d’une étude de phase I au Canada mais s’adressant à une population un peu différente de celle que l’on vise en France où il s’agit de patients dits «naïfs», qui n’ont pas reçu le traitement standard. Tandis qu’au Canada, nous visons des patients qui ont reçu ce traitement, mais sur lesquels il n’aurait pas marché.

Nous sommes donc au début du développement clinique de ce produit en phase I. Cette phase sert à mesurer essentiellement la tolérance au produit et sa sécurité. Nous devrions cependant avoir des résultats d’efficacité également à la fin de 2008.

Le développement classique d’un médicament passe par une phase I, puis II et enfin III. Donc une fois que nous aurons terminé ces phases I, il faudra poursuivre avec les autres phases qui prennent traditionnellement 2 à 3 ans chacune, ce qui fait qu’en termes d’horizon concernant la mise sur le marché, nous sommes encore assez loin…

Nous devrions avoir les premiers résultats intermédiaires sur la tolérance et la sécurité du produit au début de l’année prochaine, et des résultats d’efficacité en milieu d’année 2008.

Avez-vous trouvé un partenaire pour son développement ? Le ou lesquels ont déjà manifesté leur intérêt ?
Nous avons effectivement chez Transgene, en fonction des produits, des stratégies différentes : soit de développement en propre, soit de mise en partenariat. Mais aujourd’hui, à ce stade de développement, il est encore trop tôt pour faire un choix.

Le meilleur moment pour signer un partenariat sur un produit dans cette industrie c’est plutôt en fin de phase II. A l’heure actuelle nous n’avons pas l’intention de chercher activement un partenaire sur ce produit. Ca dépend surtout des résultats et de ceux des autres produits aussi, dans la mesure où Transgene peut très bien envisager investir sur ce produit en propre si les autres produits fonctionnent bien et permettent à notre société de concentrer ses efforts sur ce produit-là.

Envisagez-vous bientôt un nouvel accord de partenariat comme celui déjà conclu avec Roche ? Si oui, pour quel type de produit ?
Oui effectivement, la stratégie est clairement sur le produit TG4010 qui est actuellement en essai clinique de phase IIb, dans le cancer du poumon. C’est un produit pour lequel on cherchera un partenaire pour poursuivre son développement en phase III et sa mise sur le marché.

Actuellement, nous sommes en attentes des résultats, nous avons achevé le recrutement des patients et nous devrions avoir les premiers résultats préliminaires entre la fin de cette année et le début 2008. Les résultats finaux devraient tomber au milieu de l’année prochaine. Ensuite, sur la base de ces résultats nous pourrons commencer les premières discussions avec un partenaire pour le développement futur de ce produit.

C’est traditionnel dans le métier, c’est-à-dire qu’il y a une information permanente sur le programme en tant que tel, mais il est clair que ni nous ni les partenaires potentiels n’ont intérêt à se positionner véritablement avant les résultats cliniques. 

Où en êtes-vous du vaccin thérapeutique anti-HPV pour le traitement des lésions précancéreuses du col de l'utérus ?
C’est très simple : les études de phase III sont en préparation. C’est Roche qui prend en charge le développement de ce produit à partir du mois d’avril, en collaboration avec Transgene bien sûr, pour préparer les phases III dont le démarrage est prévu pour mi-2008. 

Philippe Archinard, actuel PDG de Transgene, a indiqué que votre société deviendrait une entreprise «normale» commercialisant des produits à des clients, avec des stocks et finançant sa Recherche & Développement sur les marges opérationnelles, à l'horizon 2011-2012 environ. Vous estimez-vous toujours en ligne avec ces prédictions ?
Nous sommes effectivement toujours en ligne avec ces objectifs et comme l’a dit Philippe Archinard, à cet horizon-là, notre société devrait être «normal», avec un résultat opérationnel positif…

Comment jugez-vous l’évolution de votre titre ?
Je commente rarement l’évolution du titre, mais ce que je peux dire c’est que, quand on regarde cette évolution aujourd’hui, on voit que nous sommes revenus au niveau de juin 2007. Je pense que c’est assez satisfaisant.

Le mot de la fin pour vos actionnaires.
Je voudrais surtout les remercier de leur confiance lors de la dernière augmentation de capital qui a eu lieu il y a quelques mois.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy