Interview de Fabien Choné : Directeur général délégué de Direct Energie

Fabien Choné

Directeur général délégué de Direct Energie

L'ouverture à la concurrence ne va pas augmenter les prix de l'électricité

Publié le 17 Juin 2010

Etes-vous satisfait de la « nouvelle organisation du marché de l’électricité » qui doit voir le jour, si tout se passe bien, le 1er janvier 2011 ?
Il est encore trop tôt pour le dire dans la mesure où les décrets d’application de la loi, en particulier celui portant sur le prix auquel l’électricité nucléaire sera vendue en gros, ne sont pas encore publiés. Ceci étant, cette loi  bénéficiera aux Français car elle leur permet de continuer à bénéficier de l’avantage compétitif du nucléaire, tout en favorisant l’émergence de nouvelles offres et de nouveaux services. Elle était en outre nécessaire pour que la France puisse maintenir des tarifs réglementés dans un cadre véritablement concurrentiel.

Que répondez-vous à ceux qui parlent de « manne» pour les fournisseurs alternatifs comme Direct Energie ?
Je leur conseillerais de relire le rapport Champsaur et le projet de loi ! Celle-ci oblige les fournisseurs alternatifs à revendre l’énergie achetée à EDF aux consommateurs installés sur le territoire national et à des conditions telles qu’il n’y aura aucun effet d’aubaine possible. Ce qui est vrai, c’est que la concurrence était étouffée dans le cadre réglementaire précédent. La situation était intenable.

Pouvez-vous garantir qu’il n’y aura pas de hausse massive des prix de l’électricité  au cours des dix prochaines années ?
C’est un autre sujet. La loi prévoit effectivement une évolution dans la construction du tarif réglementé afin de prendre en compte les investissements à venir dans le parc nucléaire. Il y a aujourd’hui un besoin de renouvellement du parc mais aussi de prolongation de la durée de vie des centrales. Depuis  vingt ans, les prix réels de l’électricité ont baissé du fait de l’amortissement du parc de production. Il n’est donc pas étonnant qu’il puisse y avoir dans le futur une revalorisation des tarifs pour prendre en compte les investissements nécessaires, mais il n’y a aucune raison que la hausse soit massive ou brutale. Il est trop tôt pour dire quels impacts précis auront ces investissements dans le niveau des tarifs réglementés, mais il est certain qu’ils auraient eu lieu même sans l’ouverture du marché à la concurrence. Il est ainsi tout à fait faux d’affirmer,  comme on a pu le lire récemment, que c’est un effet mécanique de l’ouverture à la concurrence que d’augmenter les prix.

Comment évolueront vos prix à compter de 2011 ?
Si, comme nous l’espérons,  il y a une cohérence entre l’offre de gros nucléaire et l’offre de détail correspondante, le tarif réglementé, nos prix n’ont pas de raison d’évoluer. Si ce n’était pas le cas, nous devrons adapter nos tarifs.  Je tiens à préciser que le prix n’est pas notre seul argument de vente.  Nous offrons toute une gamme de nouveaux services, qui permettent en particulier de réduire sa consommation d’électricité, ainsi qu’une  offre 100% énergie renouvelable.

Propos recueillis par François Schott

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