Interview de 
Julien Gauthier : Directeur financier chez Albioma

Julien Gauthier

Directeur financier chez Albioma

Les résultats opérationnels et économiques d'Albioma sont tout à fait satisfaisants

Publié le 25 Juillet 2014

Pourriez-vous nous apporter quelques commentaires concernant vos résultats du premier semestre ? Quels sont les chiffres clés à retenir ? Les moments phares à garder à l’esprit ?
Les trois éléments importants du premier semestre sont, tout d’abord, l’excellent démarrage de notre centrale thermique au Brésil, achetée en mars 2014. La campagne sucrière a commencée en avril, et en 2 mois et 6 jours, les résultats opérationnels et économiques sont tout à fait satisfaisants. Ensuite, nous sommes lauréats d’un appel à projet d’EDF pour une centrale de pointe de 40MW à la Réunion. Nous attendons la validation de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) durant le second semestre pour signer le contrat afin de démarrer les démarches administratives et les travaux. Cette centrale de pointe sera innovante puisqu’elle utilisera du bioéthanol. Enfin, les résultats très satisfaisants, en dépit des incidents techniques sur les centrales de base à la réunion et aux Antilles, sont à retenir. Le résultat net est en croissance de 9% par rapport à la même période l’année dernière. Cela nous permet de confirmer nos objectifs pour l’année 2014.

Quelle est la caractéristique principale de cette centrale obtenue à la Réunion ? Quelle importance a le bioéthanol ?
Cette centrale est une unité de pointe, qui va produire de l’électricité lors des pics de consommation de l’île, principalement en fin d’après-midi, contrairement aux centrales de base produisant 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Cette centrale sera la première unité française de pointe fonctionnant essentiellement avec de la biomasse. En effet, elle sera alimentée à 80% par du bioéthanol de distillerie de mélasse, fournie par nos partenaires sucriers de La Réunion et de l’île Maurice. A terme, des biocarburants de troisième génération à base de micro-algues, actuellement développés avec un partenaire réunionnais, devraient être utilisés. Le fioul léger sera utilisé en complément.

Pour revenir à vos résultats, comment expliquez-vous la hausse du bénéfice net, contradictoire avec la baisse du chiffre d’affaires et de l’EBITDA ?
Le chiffre d’affaire pour Albioma n’est pas un indicateur très pertinent car il est impacté par la baisse de cours du charbon, utilisé hors périodes sucrières lorsque la bagasse n’est pas disponible. Ce charbon est refacturé à notre client, et a donc un impact très marginal sur l’EBITDA et le bénéfice net. Le retour à un rythme normal du taux d’appel de la centrale de pointe en Martinique et les incidents techniques sur deux centrales thermiques ont aussi affecté le chiffre d’affaires, dans une moindre mesure l’EBITDA et le bénéfice net. La très bonne performance de la centrale brésilienne contribue à rehausser l’EBITDA et participe à la croissance du bénéfice net. Enfin, le bénéfice net est également porté par l’amélioration du résultat financier et de la charge d’impôt.

Au brésil, vous avez racheté une centrale pour 43 millions d’euros. Pour l’instant, son résultat net est de 2.4 millions d’euros. Quand pensez-vous obtenir un retour sur investissement ?
Sur nos centrales biomasses thermiques en Outre-mer, nous visons une rentabilité de 11% des capitaux engagés avant impôts. Au Brésil, nous visons ce minimum de 11% de retour sur capitaux, assorti d’une prime de risque significative compte tenu des risques complémentaires.

Quelles perspectives envisagez-vous pour le second semestre et sur les années à venir ?

En 2013, nous avons annoncé au marché notre stratégie centrée sur la valorisation énergétique de la biomasse qui était assortie d’un plan d’investissement d’un milliard d’euros à horizon 2023, dont 600 millions d’euros a destination de la France métropolitaine et l’Outre-mer, et 400 millions d’euros pour le développement au Brésil. Dans ce pays, nous avons réalisé en début d’année notre premier investissement avec l’achat de la centrale de cogénération Rio Pardo Termoelétrica pour environ 40 millions d’euros, soit 10% de l’investissement brésilien total. Nous venons de confirmer notre volonté d’annoncer un nouveau projet tous les 12 à 18 mois. En Outre-mer, le projet innovant Galion 2 en Martinique sera la première centrale thermique 100% biomasse, produisant de l’énergie à partir d’un modèle bagasse/biomasse. Un autre projet, situé à Marie-Galante, pour la construction et l’exploitation d’une centrale thermique également 100% biomasse, est en route. La centrale de pointe à La Réunion, décrite précédemment, nous permettra de construire la première turbine de pointe française fonctionnant à partir de biomasse. En ce qui concerne l’activité photovoltaïque, nous allons inaugurer le premier parc français avec stockage à La Réunion en septembre prochain. Enfin, notre activité de biométhanisation est en développement : nos deux premières centrales sont en montée en charge, trois centrales sont en construction en 2014 et le processus industriel est en cours d’optimisation. Fort de ces nombreux projets, nous confirmons nos objectifs d’EBITDA pour l’année 2014, entre 123 et 126 millions d’euros, et pour l’année 2016 à hauteur de 160 à 163 millions.

Avez-vous de nouvelles idées de stratégies d’investissements pour le Brésil ?
Nous sommes en discussion active avec des partenaires potentiels, des acteurs brésiliens et sucriers locaux.

Un dernier mot pour vos actionnaires ?
Nos résultats financiers confirment notre stratégie de développement et sont bien accueillis par le marché. Nous avons mis en place un programme de fidélité à destination de nos actionnaires qui percevront, à partir de 2016, une majoration du dividende de 10% s’ils restent actionnaires au moins deux ans. Enfin, l’option de paiement du dividende en actions est largement souscrite, pour la seconde année consécutive avec un taux de souscription de 78%. Cela traduit une confiance dans notre stratégie et dans nos perspectives de développement.

Propos recueillis par Aurélien barbet