Interview de Franck Silvent : directeur général délégué de Compagnie des Alpes

Franck Silvent

directeur général délégué de Compagnie des Alpes

Nous sommes dans une période de croissance sélective et d’accélération de notre inflexion stratégique

Publié le 31 Mai 2010

Votre groupe a présenté ses résultats au titre du 1er semestre 2009-2010, faisant état d’un bond de plus de 14% du résultat net, notamment grâce à la résistance des activités des domaines skiables. Quel commentaire vous inspirent ces résultats ?
Plusieurs facteurs expliquent cette progression, de +14% à périmètre comparable et de +33% à périmètre réel, dont la bonne tenue de l’activité domaines skiables. Notre groupe a ainsi enregistré un CA stable, faisant état d’un recul limité de la fréquentation, en volume, dans les domaines skiables. Sur l’ensemble de la saison, ce recul devrait avoisiner les 3%, sachant que les bases de comparaisons des 3 dernières années se situent à des niveaux élevés et que nous sommes toujours dans un contexte économique général assez difficile. Il faut par ailleurs rappeler que les conditions climatiques du début de saison ont été mauvaises et n’ont pas favorisé la consommation de ski.
Cela étant, le CA est resté étale parce que, contrairement à beaucoup de business de nos jours, le prix moyen a poursuivi son rythme de progression classique chez nous, de +3% par an. A quoi il faut ajouter la progression importante de nos marges qui traduit nos efforts de réduction des coûts. En outre, l’intégration de 2Alpes Loisirs, acquise en décembre 2009, a produit les effets escomptés : apport de 15 millions d’euros d’excédent brut exceptionnel et 13 millions de résultats opérationnels.
Enfin, nous avons une réduction assez sensible de nos frais financiers, de 4 millions d’euros sur ce semestre, due essentiellement à notre désendettement massif pratiqué au cours du second semestre de l’exercice précédent.

Et dans le détail, pour ce qui concerne vos activités dans la branche Parcs de loisirs (Asterix, musée Grévin…) ?
Cette activité reste assez marginale au premier semestre, de l’ordre de 15% de l’activité annuelle. Nous profitons pour l’essentiel des périodes d’Halloween et de Noël, et des quelques parcs restant ouverts à l’année. Au total, l’activité de cette branche est contrastée et ne fournit pas le moindre renseignement sur ce que sera le cœur de saison.
D’octobre à décembre, l’activité a été relativement mauvaise en Belgique -parce que les vacances scolaires n’étaient positionnées sur la période d’Halloween ce qui nous a été défavorable, puis à l’ouverture, nous avons subi une grève dans les transports…
On notera toutefois la belle performance du Parc Astérix ouvert pour la troisième fois pendant la période de Noël, avec une belle progression des entrées grand public. Quant au Musée Grévin, ouvert à l’année, il poursuit sa croissance, enregistrant une hausse de près de 10% de son CA sur le semestre.

Qu’en est-il de la fréquentation attendue pour le second semestre ?
A ce jour, nous sommes à 30% environ de l’activité, qui reste elle-même très dépendante du calendrier des jours fériés qui a été moins bon au printemps que l’an dernier, ainsi que de la météo. Au total, on observe un recul de la fréquentation de moins de 3%. Inversement, nous observons des signes très encourageants avec la progression continue des préventes, sachant que nous avons 40% de notre CA qui est prévendu. Il est toutefois encore trop tôt pour établir un pronostic. On notera par ailleurs que la dépense moyenne par visiteur n’a pas baissé.

Quelles sont vos perspectives pour l’exercice 2009-2010 ?
Nous ne donnons jamais de guidances, car même si nous constatons année après année  que les fluctuations d’activité reste dans une fourchette restreinte, positionner aujourd’hui le curseur au sein de cette fourchette serait aléatoire. Cela étant, nous avons un socle pour les résultats annuels de très grande qualité s’agissant de l’activité hiver puisque la saison est désormais terminée.

Ou en êtes-vous du projet d’acquisition du Futuroscope ? D’autres projets de rachat sont-ils à l’étude ?
Concernant le Futuroscope, nous sommes actuellement encore en négociation avec le département de la Vienne, actionnaire à 70% du site. Les discussions se passent dans un très bon climat…
Pour le reste, la Compagnie des Alpes poursuivra sa stratégie de portefeuille, à la fois en cédant des actifs non-stratégiques, notamment dans les parcs de loisirs, et en réfléchissant à de nouvelles acquisitions. Nous resterons donc attentifs dans les mois qui viennent, d’autant que le marché actuel offre potentiellement des opportunités puisque les prix ont largement baissé. Nous sommes clairement dans une période de croissance sélective et d’accélération de notre inflexion stratégique.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy

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