Interview de Martine  Simon-Claudel : Directeur général délégué de l'Union Financière de France (UFF)

Martine Simon-Claudel

Directeur général délégué de l'Union Financière de France (UFF)

Gestion de patrimoine : les actions constituent la classe d'actifs à privilégier

Publié le 07 Mai 2013

Pourriez-vous dans un premier temps nous faire un commentaire sur votre niveau de collecte du premier trimestre ?
La collecte s’élève à 168 millions d’euros sur l’ensemble des produits. Cela équivaut à peu près au même montant qu’au premier trimestre 2012.
Cette collecte a progressé dans l’ensemble des gammes de produits sur lesquels nous sommes présents-assurance vie, investissements en valeurs mobilières des particuliers et des entreprises- exception faite des SCPI.

Le montant des souscriptions de parts de SCPI baisse de 40%. Comment l’expliquez-vous ?
Sans doute, par le fait que les investisseurs aient été sur plusieurs fronts-en particulier sur les valeurs mobilières et l’assurance vie- et qu’ils n’aient pas pu être aussi présents que par le passé sur ces produits. Il n’est pas exclu que lorsqu’un arbitrage s’est imposé sur l’immobilier, ces derniers aient préféré un placement en immobilier direct. Enfin, il est également possible que notre réseau ait eu à gérer pour nos clients des priorités ( la fiscalité par exemple) parmi lesquels les SCPI n’ont pas figuré en premier ligne.
Nous nous attendons à un redressement de la collecte sur ces produits au cours du reste de l’année en raison de l’intérêt qu’ils peuvent présenter et de la rémunération qu’ils peuvent offrir.

La collecte du premier trimestre a généré 14,7 millions d’euros de commissions de placement, en baisse de 2% par rapport au premier trimestre 2012...
Si les commissions sont plus basses alors que la collecte est quasi similaire à l’année dernière, cela est essentiellement dû à l’affaiblissement des commissions immobilières.
Les commissions perçues sur les ventes de lots immobiliers sont comptabilisées lors de la signature chez le notaire ; celles du premier trimestre correspondent à des réservations de l’année précédente.
Les signatures avaient été en volume plus abondantes en 2012 en raison de réservations plus conséquentes en 2011.
Les épargnants ont accéléré d’autant plus le rythme de leur réservation pour bénéficier de l’avantage fiscal prévu dans la loi Scellier et qui avait vocation à disparaitre.
Ceci étant, un rattrapage du niveau de ces commissions est également escompté au cours des prochains mois. Les commissions à percevoir sont passés de 6,4 millions d’euros fin mars 2012 à 11,0 millions d’euros fin mars 2013.

De quelle manière voyez-vous la suite des évènements au cours de l’année ?

Nous n’établissons jamais de prévisions de résultats en raison des incertitudes qui pèsent dans l’environnement dans lequel nous évoluons.

Nous pouvons distinguer des éléments négatifs et des éléments positifs s’agissant de cet environnement. Sur le plan négatif, nous avons la dégradation du contexte macroéconomique, la détérioration de la situation de certaines entreprises que ce soit en France, en Europe ou ailleurs dans le monde comme aux Etats-Unis ou en Chine, et la poursuite de la crise de la dette qui pousse à une certaine aversion pour le risque, et à un certain attentisme chez les investisseurs.
D’un autre coté, le très bas niveau des taux d’intérêt servis par les livrets, à 1,25% voire moins, conjugué à l’impératif d’épargner pour préparer sa retraite n’incitent pas les investisseurs à laisser leur argent dormir sur le long terme sans prendre de risque mesuré pour obtenir une rémunération satisfaisante.
Ce faisant nous pensons que ces derniers auront tendance à continuer à se diriger vers les fonds en unités de compte diversifiées et immobilières dans les contrats d'assurance vie. Comme précédemment indiqué, ils devraient également davantage s’orienter vers les SCPI qui rapportent plus de 5% avant impôt. Certains clients devraient aussi afficher un plus grand intérêt pour nos produits d’optimisation de la fiscalité sur le revenu.

Ce qui est certain c’est que nous ne pousserons pas davantage un produit plutôt qu’un autre. Nous continuerons à nous adresser à la clientèle patrimoniale et nous n’avons toujours pas pas vocation à nous tourner vers la clientèle disposant de grandes fortunes.

Envisagez-vous la commercialisation de nouveaux produits ?
Nous avons déjà lancé de nouveaux produits depuis le début de l’année et nous comptons bien poursuivre dans cette voie. Nous avons lancé un fonds en unités de compte positionné sur le marché actions avec une certaine sécurité. Ce fonds a pour principe d’offrir une garantie de capital associé à l’essentiel de la performance sur l’indice Cac 40.
C’est sur cette ligne de produits visant à doper la performance avec un risque limité que nous voulons nous appuyer.

Vous avez donc une vision positive sur le marché actions ?

Nous pensons que la classe d’actifs constitue un univers d’investissement à privilégier sur le moyen terme compte tenu de la configuration affichée dans les autres classes. Le choix est donc davantage un choix par défaut. Des trous d’air sont à prévoir, mais un investissement raisonné et prudent dans les actions, de préférence dans les produits structurés, est apparemment ce qu’il y a de mieux à faire présentement.

Quid de l’obligataire privé ?
Nous croyons que les fonds obligataires ont pour le moment fait leur temps. Nous avons nous-même créé de nombreux fonds obligataires ces dernières années. Aujourd’hui l’écart de taux entre les taux des obligations d’entreprises et le taux sans risque n’est plus suffisamment important pour conserver ce cap sauf revirement massif de la conjoncture.

Quel regard portez-vous sur la profession de conseiller en gestion de patrimoine aujourd’hui ?

La profession de conseiller de gestion de patrimoine est une profession respectée qui présente une utilité certaine. Cependant, du fait de la volatilité des marchés, des variations parfois violentes des revenus générés, du durcissement de la réglementation notamment sur le contrôle de la conformité des produits proposés au client ou encore sur les rétrocessions , cette profession est de plus en plus difficilement exerçable de manière isolée. Aussi des regroupements volontaires ou contraints, formels ou informels, sont à prévoir.

Quelle est votre appréciation de la concurrence ?

La concurrence la plus vive provient des établissements bancaires. Ceci étant avec la crise, les comportements des épargnants ont changé vers plus de multi bancarisation et vers l’exigence d’une prestation de conseil de qualité. C’est dans ce dernier axe que nous nous démarquons.

Qu’en est-il de la concurrence de la part d’acteurs étrangers ?
Nous voyons peu, pour ne pas dire pas, d’acteurs étrangers, qui ont fait une réelle percée en France jusqu’à présent. De nombreux entités ont tenté l’aventure mais semblent avoir échoué. En témoigne, dernièrement, la rumeur d’une revente de Barclays Patrimoine.

Un mot sur votre cours de bourse ? Celui-ci se situe autour de 16 euros, en progression de 4% depuis début janvier ?
Le cours du titre est étroitement corrélé au résultat. D’un point de vue historique, il se situe à un niveau bas, surtout si nous le comparons au pic atteint en mars 2007 légèrement au dessus de 50 euros.
Le rebond de plus de 4% depuis janvier accompagne le rallye du marché.
Nous espérons un rebond de notre cours de bourse parallèlement à la hausse de nos résultats futurs.

Nous continuons à aller de l’avant en investissant pour développer notre réseau commercial et notre gamme de produits. Nous nous refusons à réduire la voilure en dépit des temps durs que nous traversons car nous avons le souci de la croissance à venir.
Pour améliorer notre rentabilité nous avons pris la décision d’accentuer notre maitrise des coûts. Concrètement nous avons mis le pied sur le frein au niveau des frais généraux, des dépenses ordinaires.
Les dépenses de personnel-qui excluent les rémunérations variables en fonction de l’état de l’activité- ne devraient en revanche pas beaucoup fluctuer car nous ne projetons pas de faire d’économies sur le personnel. Sur les 1200 personnes qui composent notre effectif, 900 sont commerciaux et constituent donc la force vive d’UFF.

Qu’en est-il de votre dividende ?
Nous avons pour politique de reverser l’intégralité de notre résultat net en deux fois, en novembre et en mai, après l’approbation des actionnaires à l’occasion de notre Assemblée générale. Nous avons, pour ce qui est des résultats de 2012, versé 35 centimes en novembre dernier et proposé le paiement de 0,65 centimes le 23 mai. Ces deux montants additionnés donnent un dividende final de 1 euro.

Propos recueillis par Imen Hazgui