Interview de René Pallincourt : Président de la Fédération nationale de l'immobilier (FNAIM)

René Pallincourt

Président de la Fédération nationale de l'immobilier (FNAIM)

Il y a eu un coup d'arrêt à la baisse des prix de l'immobilier

Publié le 22 Avril 2010

Après la baisse du nombre de transactions et des prix de l’immobilier observée en 2009, où va le marché aujourd’hui ? 
Il y a eu un coup d’arrêt à la baisse des prix de l'immobilier ancien et même une remontée des prix dans les grandes agglomérations. On observe également une augmentation du nombre de transactions, alors que celles-ci avaient chuté au début de l’année dernière. Pour 2010, nous tablons sur 600 000 transactions, contre 575 000 en 2009. Certes, ce ne sont pas les 800 000 transactions de 2007 mais il s’agissait là d’une année exceptionnelle, et je ne pense pas que l’on retrouvera ce chiffre de sitôt.
Ce qu’on peut dire, c’est que les fondamentaux du marché sont tous bien orientés : les prix ont baissé, les taux également, et les durées de remboursement des crédits se sont allongées. Autant d’éléments qui ont permis une « resolvabilisation » de la clientèle.

Les prix n’ont pas beaucoup baissé – 5% en moyenne - compte tenu de la chute du nombre de transactions…
Oui, dans l’absolu, c’est surprenant. Cela dit, lorsqu’on analyse le marché français, on se rend compte que seulement 58% de nos concitoyens sont propriétaires de leur logement. C’est un taux faible en comparaison européenne : la France se classe en avant-dernière position dans l’Union européenne, juste devant l’Allemagne. Le marché français se caractérise donc par une forte demande, c’est un marché de besoin.
A partir de là, je pense que la correction qui s’est opérée en 2008-2009 retrace la réalité du marché. La demande est forte, sinon les prix s’effondreraient.

Donc, pour vous, il n’y a pas de bulle immobilière en France ?
Le fait est qu’il n’y a pas eu en France de crise de l’immobilier. Le marché a subi les conséquences de la crise financière, en particulier la pénurie de crédits aux ménages, mais, je le répète, la demande est là. En revanche, il y a un problème d’accession à la propriété en France, qui est davantage lié à la persistance du chômage qu’à la montée des prix de l’immobilier.  Aujourd’hui, le frein à la réalisation d’un projet immobilier n’est pas le prix, mais la difficulté à se constituer un apport personnel.

Vous avez demandé un doublement du prêt à taux zéro dans l’ancien, comme cela existe pour les logements neufs. Avez-vous des chances d’être entendu ?
Je ne pense pas, étant donné que le prêt à taux zéro ne sera plus doublé dans le neuf à compter du mois de juin. En outre, Benoist Apparu (ndlr : le secrétaire d’Etat au logement) a annoncé une remise à plat des aides à l’accession pour l’automne. Nous serons très attentifs aux mesures décidées à ce moment là. D’après ce que j’ai lu, le gouvernement souhaite supprimer la déduction des intérêts d’emprunt sous forme de crédit d’impôt et la remplacer par un prêt orienté vers les primo-accédants, sans intérêt et qui constituerait pour partie l’apport personnel de l’emprunteur. C’est exactement la définition du prêt à taux zéro ! Nous y sommes par conséquent très favorables.

Propos recueillis par François Schott

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