Interview de Philippe Perret : directeur financier de Theolia

Philippe Perret

directeur financier de Theolia

Nous sommes effectivement une cible potentielle

Publié le 23 Août 2006

Vous avez enregistré une nette amélioration de vos résultats pour l’exercice 2004/2005. Quels ont été les moteurs de votre croissance ?
Le déclic s’est produit en juin 2004 quand Jean-Marie Santander a pris le contrôle de la société. Les 3 clés de notre succès ont coïncidé sur l’exercice 2004-2005:
- nous avons considérablement renforcé nos fonds propres puisque nous avons levé 88,6 millions d’euros sur cette période,
- nous avons obtenu un bon support de nos partenaires Royal Bank of Scotland et Calyon. Ils ont pris en charge 80 à 85% du financement des centrales éoliennes ce qui nous a permis de décoller,
-notre portefeuille de projets a été très important, notamment grâce à l’acquisition de Ventura en mai 2005.

Quelles sont vos prévisions pour l’exercice 2006-2007 en termes de revenus et de marge opérationnelle ?
Nous étions en exercice décalé jusqu’au 30 juin 2005, et nous avons décidé en septembre 2005 d’effectuer un exercice exceptionnel de 18 mois jusqu’au 31 décembre 2006 pour nous recaler sur 12 mois. Pour les résultats du 31.12.06, nous prévoyons un chiffre d’affaires de 38 millions d’euros avec un résultat net négatif de -4 millions et un résultat opérationnel de –5 millions. Concernant l’exercice 2007, nous prévoyons un chiffre d’affaires de 106 millions d’euros avec un résultat opérationnel de 16,7 millions et un résultat net de 6,1 millions.

Qu’attendiez-vous de l'admission de Theolia sur le marché Eurolist d'Euronext Paris compartiment B fin juillet ?
Cela va nous aider pour renforcer nos fonds propres en facilitant l’accès aux marchés de capitaux. Nous gagnons aussi en crédibilité face aux organismes de crédit, les banques seront plus enclines à nous financer. Eurolist va enfin nous offrir des possibilités de croissance externe en nous permettant de payer des acquisitions en actions.

Pourquoi avez-vous choisi de vous positionner sur le secteur des énergies renouvelables ?
Une directive européenne fixe à 22,1% l’objectif de consommation totale d'électricité générée par des sources renouvelables pour l’UE en 2010.  Actuellement, la France génère moins de 15% de son électricité à partir de sources d’énergies renouvelables. Environ 70% de cette « production verte » additionnelle devrait être fournie par l’énergie éolienne. Cela signifie que le secteur des énergies renouvelables en France va connaître une rapide expansion et que Théolia est parfaitement placé pour en bénéficier. Nous sommes très en retard sur nos voisins européens. Quelque 13 000 megawatt ont déjà été installés l’Allemagne alors que la France prévoit 10 000 megawatt à l’horizon 2010.

Par ailleurs, EDF a l’obligation de nous acheter toute la production des éoliennes pendant 15 ans à un tarif fixé à 8,2 cents le kilowatter. Nous n’avons donc pas besoin de trouver de clients.

Votre société est soumise aux conditions climatiques, comme une baisse durable des conditions de vent sur les sites de production, comment comptez-vous y faire face ?
C’est vrai qu’il y a une part aléatoire dans notre métier. La seule façon de lutter consiste à diversifier les pays où nous sommes implantés. Si les conditions climatiques sont mauvaises quelque part, nous pouvons nous rattraper ailleurs. De la même façon, nous diversifions l’implantation géographique de nos éoliennes au sein des pays. Plus cette diversification est importante, plus l’aléatoire est réduit à 0%.

D’autre part, on assiste à une dégradation du climat dans le monde. Il y a en moyenne 15% de vent en plus aujourd’hui qu’il y a 10 ans, et nous en profitons.

Pourquoi avez-vous acheté un projet de centrale éolienne de Fonds de Fresnes dans la Somme en juillet dernier ?
Ce projet appartient au portefeuille de Ventura. Il correspond parfaitement à notre stratégie d’acquisitions. Nous nous sommes engagés auprès de nos investisseurs à avoir 100 MW au 31 décembre 2006, 250 fin 2007 et 400 fin 2008.

Vous avez noué une alliance avec Orco sur le marché d’Europe de l’Est en créant une filiale commune, T-O Green Europe, qu’en attendez-vous ?
Orco est un spécialiste de l’immobilier installé à Prague. Nous pourrons bénéficier de son important réseau et de ses relais politiques, notamment pour les permis de construire.  Nous allons également produire l’énergie utilisée par la production d’Orco en Europe de l’Est. Par exemple, s’il veut construire un hôtel sur une île, notre éolienne lui fournira le courant en lui évitant d’utiliser des câbles pour relier le continent. Cette association va permettre à chacun de gagner beaucoup de temps et d’argent.

Comptez-vous poursuivre votre expansion européenne ? Si oui dans quels pays prévoyez-vous de vous renforcer par acquisition?
Nous étions uniquement implantés en France en 2005, l’année 2006 a donc été très prolifique en matière d’expansion. Nous avons ouvert 4 filiales à l’étranger, en Allemagne, au Benelux, en Espagne et au Canada. Il s’agit pour l’instant de consolider ces marchés, mais nous restons attentifs à l’Italie et à la Grèce qui ont des bons potentiels.

Votre secteur attise les convoitises. Theolia est opéable du fait de l’absence de noyau dur. Quel accueil réserveriez-vous à une offre émanant d’un industriel ou d’un fonds ?
Nous sommes effectivement une cible éventuelle, cela fait partie des risques. Notre plus gros actionnaire possède 18% du capital, sans conditions de conservation minimale : nous serions donc vulnérables en cas d’OPA. Pour l’instant, notre meilleure défense consiste à grossir nous-mêmes et à avoir un cours de bourse qui reflète la société.

Le mot de la fin pour vos actionnaires.
Nous avons actuellement 7 100 actionnaires, dont 7 000 particuliers et 100 personnes morales (banques, assurances). En février 2006, notre dernière augmentation de capital a été sursouscrite 3 fois, ce qui montre leur confiance. Nous nous réjouissons d’être passés sur Eurolist B, c’est une nouvelle histoire qui commence avec des projets de croissance externe.

laetitia