Interview de Dominique Barbet : Responsable de la recherche économique de marché chez BNP Paribas

Dominique Barbet

Responsable de la recherche économique de marché chez BNP Paribas

On peut s'attendre à ce que la volatilité sur les spreads souverains reste élevée

Publié le 13 Janvier 2011

Le Portugal, l’Italie et l’Espagne ont rencontré, contre toute attente, une forte demande lors de leurs premières émissions obligataires de l’année 2011. Les taux d’emprunt sont en baisse. Est-ce le signe d’un apaisement des marchés vis-à-vis de ces pays et de la zone euro en général ?

En effet, la situation s’est un peu détendue. Il y a en ce début d’année une concordance d’éléments favorables qui peuvent expliquer le bon déroulement de ces adjudications, à commencer par les politiques d’austérité menées un peu partout en Europe mais aussi par l’amélioration des indicateurs d’activité, que ce soit en zone euro ou aux Etats-Unis. Les gens qui « jouaient » l’approfondissement de la crise voient qu’ils se sont peut-être trompés et commencent à modifier leur stratégie. Cela ne concerne pas que le marché obligataire : voyez par exemple la performance boursière des banques espagnoles (les actions américaines de Banco Santander et BBVA ont pris 12% mercredi, ndlr).

Pensez-vous que la détente va se poursuivre ?


Il est encore trop tôt pour le dire. Je ne sais pas quelle sera la situation au printemps. Etant donné les incertitudes qui planent sur la capacité des Etats à réduire leurs déficits, on peut s’attendre à ce que la volatilité reste élevée sur les spreads souverains (écart de taux d’intérêts entre différents emprunteurs nationaux, ndlr) au cours des prochains mois.

Pratiquement tous les Etats européens se sont engagés dans des plans d’austérité avec des objectifs chiffrés de réduction des déficits sur plusieurs années. Que faut-il de plus pour convaincre les marchés ?

Le problème des politiques de réduction des déficits est que leur efficacité se mesure, au mieux, tous les ans. Or, l’unité de temps des marchés est la journée. Il existe donc un décalage qui est source de volatilité. D’où l’importance de la crédibilité des politiques d’austérité actuellement menées dans les pays de la zone euro, comme l’a rappelé Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne. L’autre source d’incertitudes est la politique de la BCE elle-même. Jusqu’à présent, celle-ci n’est intervenue que lorsque la situation était très tendue et dans des proportions relativement modestes. Il sera important de suivre l’évolution de sa politique pour anticiper les réactions des marchés.

Propos recueillis par François Schott