Interview de Bruno Vacossin : Gérant du fonds Export Europe, Banque Palatine AM

Bruno Vacossin

Gérant du fonds Export Europe, Banque Palatine AM

Un fonds le moins exposé possible à la crise

Publié le 19 Avril 2013

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer le fonds Export Europe, le premier fonds de droit français exclusivement consacré aux sociétés exportatrices européennes ?

Nous avons créé Export Europe en juillet 2010, alors que l’Europe était plongée dans la tourmente des crises grecque et irlandaise. Nous avons voulu construire un fonds le moins exposé possible à cette crise, avec des valeurs tournées vers l’international. Nous avons ciblé deux grands secteurs exportateurs : l’industrie et les « biens de consommation » qui englobent l’agroalimentaire, le luxe, les cosmétiques, ou encore l’automobile. A l’inverse, nous avons exclu les financières et les utilities (ndlr : producteurs d’énergie), qui sont moins tournées vers l’international et surtout qui sont soumis à de fortes contraintes réglementaires en Europe.

Ces choix se sont-ils révélés gagnants ?

Depuis la création du fonds, la performance a été de 31%, contre une hausse de 19% pour l’Eurostoxx50 (ndlr : y compris les dividendes). Nous arrivons donc à battre notre indice de référence sur la durée.

Le secteur des biens de consommation a tiré son épingle du jeu dans un contexte de croissance des marchés émergents. Des valeurs comme Nestlé, Pernod-Ricard, Rémy Cointreau, L’Oréal ont enregistré de très bonnes performances depuis la création du fonds. L’une des explications est que ces groupes offrent une grande visibilité aux investisseurs.

Le luxe a également été un très bon moteur, même si la performance du secteur a légèrement ralenti depuis six mois. Les investisseurs craignent un ralentissement de la croissance chinoise mais elle reste encore aujourd'hui à des niveaux très élevés. La France a évidemment de très belles valeurs dans ce secteur : LVMH, Christian Dior ou encore Hermès.

Les sociétés industrielles européennes réalisent de très bonnes performances à l’international. Je pense notamment à EADS et Zodiac Aerospace dans le secteur aéronautique, ou encore à BMW et Volkswagen dans l’automobile. Nous avons toutes ces valeurs en portefeuille.

Ces valeurs exportatrices ne sont-elles pas trop chères aujourd’hui?


C’est peut-être vrai pour certaines valeurs du secteur alimentation/boisson, sur lesquelles je serais tenté de prendre des bénéfices aujourd’hui. En revanche, pour les valeurs du luxe qui ont moins bien performé ces derniers mois, les points d’entrée sont à nouveau intéressants. Si les cours baissent encore, je pourrais racheter du Swatch, du LVMH ou du Richemont.

De même, les constructeurs et équipementiers aéronautiques restent une bonne idée d’investissement. Avec un carnet de commandes qui représente dix ans d’activité chez EADS et des prévisions d’augmentation du trafic aérien de 5% par an sur les prochaines années, je ne pense pas que les valorisations soient exagérées !

Le positionnement du fonds vous semble-t-il pertinent pour les prochaines années ?


Je pense que malheureusement la crise européenne va durer encore quelques années. Après avoir touché les pays périphériques, elle impacte désormais la France, l’Italie, l’Angleterre et même l’Allemagne. Notre positionnement reste donc pertinent. Le seul élément qui pourrait remettre en cause notre stratégie est un ralentissement mondial. Ce n’est pas notre scénario.

Propos recueillis par François Schott