Paul Boudre
PDG de Soitec
La Chine n'est pas la dernière chance pour notre technologie, c'est une opportunité supplémentaire
Publié le 05 Avril 2016
L'assemblée générale de Soitec doit approuver le 11 avril une série d'augmentations de capital et l'entrée de deux nouveaux actionnaires stratégiques (CEA Investissements et le groupe chinois NSIG). A quoi vont servir les fonds levés (entre 130 et 180 millions d'euros) ?
Les augmentations de capital que nous projetons vont nous permettre à la fois de renforcer la situation financière de Soitec et de financer des investissements de capacité dont nous avons besoin pour passer à un stade de production industrielle de nos substrats basés sur la technologie FD-SOI. L’enveloppe prévue pour les investissements de capacité représente un montant de l’ordre de 40 millions d’euros qui seront investis pour notre site de Bernin près de Grenoble. Le reste des fonds levés est destiné au remboursement de nos emprunts à échéance mai 2016, pour environ 50 millions d’euros, et au renforcement du bilan de la société au travers, notamment, d’éventuels rachats d’OCEANE 2018, pour un montant compris entre 40 millions et 90 millions d’euros.
Je vous rappelle que le montant total des levées de fonds, qui pourront être réalisées une fois approuvées par l'assemblée générale des actionnaires du 11 avril, est compris entre 130 millions et 180 millions d'euros. Il est prévu de procéder d’abord à trois augmentations de capital réservées représentant un montant total de 76,5 millions d’euros puis ensuite à une augmentation de capital avec droits préférentiels de souscription d’un montant minimum de 53,5 millions d’euros, pouvant être porté à un maximum de 103,5 millions d’euros.
L'exercice 2014/2015 s'est soldé par une nouvelle perte de Soitec, la septième consécutive. Comment comptez-vous convaincre les investisseurs individuels de vous suivre dans ce nouveau départ ?
Nous sommes clairement engagés dans une nouvelle dynamique depuis début 2015. Je vous rappelle nos trois grandes priorités : nous recentrer sur notre cœur de métier, les produits destinés à l’électronique grand public, mettre cette activité en position de générer de la croissance profitable et renforcer la situation financière de la société. Après un peu plus d’un an, nous pouvons déjà faire un premier bilan. Le désengagement des activités qui ne font pas partie de notre cœur de métier et généraient des pertes d’exploitation est largement avancé et devrait être finalisé prochainement. Dans le domaine de l’électronique, nous avons renoué avec la profitabilité opérationnelle depuis trois semestres. Et, enfin, concernant notre situation financière, nous venons d’en parler, le projet d’augmentations de capital nous permettra de franchir une étape décisive. Ce sont donc de nouvelles perspectives qui vont s’ouvrir à Soitec avec un bilan plus solide et la capacité de réaliser des investissements de croissance, au moment où le développement de l’écosystème de la technologie FD-SOI débouche sur des avancées concrètes.
Quelles sont vos perspectives opérationnelles et financières pour les douze prochains mois ?
Soitec dispose de perspectives encourageantes. Pour l’exercice 2015-2016, clos le 31 mars, nous prévoyons un chiffre d’affaires de l’activité Électronique légèrement supérieur à 230 millions d’euros et un taux de marge d’EBITDA de l’ordre de 15%. Pour l’exercice 2016-2017, la croissance de la demande sur les produits pour les applications de radiofréquence et d’électronique de puissance devrait être robuste et compenser les effets liés à l’arrivée en fin de cycle de vie des produits PD-SOI. Si tel était le cas, notre objectif pour l’activité Électronique serait d’atteindre à taux de change constants une croissance à un chiffre du chiffre d’affaires et un taux de marge d’EBITDA du même ordre que celui de l’exercice 2015-2016. A plus long terme, nous comptons profiter des perspectives prometteuses liées à l’adoption à grande échelle du FD-SOI par l’industrie des semi-conducteurs. Pour plus de précisions sur ces sujets, j’invite les lecteurs à se référer aux éléments que nous avons mis à disposition sur notre site Internet.
La Chine est-elle la dernière chance de percée de la technologie FD SOI, délaissée par les grands fabricants américains de semi-conducteurs ? Avez-vous d'autres partenariats en vue dans ce pays?
A l'heure actuelle, Samsung et GlobalFoundries, deux des quatre plus grandes fonderies mondiales, s’apprêtent à produire à grande échelle du FD-SOI et à lancer leurs premiers produits. Et, des dizaines de clients « fabless », concepteurs de puces électroniques qui en sous-traitent la fabrication aux fonderies, sont en train de lancer des prototypes recourant à la technologie FD-SOI. Sony a déjà annoncé le lancement dans les prochains mois de la production d’une nouvelle puce GPS qui, basée sur cette technologie, présentera l’énorme avantage de consommer dix fois moins d’énergie. Donc, non, la Chine n’est pas la dernière chance, c’est une opportunité supplémentaire. La Chine est le premier acheteur mondial de composants semi-conducteurs et ce marché offre de larges perspectives, notamment liées à la téléphonie mobile, les objets connectés et l’automobile. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que ce pays devrait représenter la moitié du marché des semi-conducteurs à l’horizon 2020. Pour Soitec, le projet d’entrée dans notre capital de NSIG, un holding d’investissement chinois spécialisé dans ce secteur, est un signal fort de l’appétit de l’écosystème chinois pour la technologie FD-SOI. Nous avons la technologie. Avec les fonds levés, nous aurons la capacité d’accompagner le développement industriel de nos clients et NSIG devrait faciliter notre accès aux acteurs de ce marché en Chine.
Pour ce qui concerne nos partenariats en Chine, nous avons déjà depuis 2014 un partenaire industriel dans le domaine des applications de radio-fréquence. Il s’agit de Shanghai Simgui Technology dont l’usine devrait commencer à monter en puissance au cours des prochains trimestres pour la production de plaques de RF 200 mm, le carnet de commandes de notre site de Bernin étant rempli jusqu’à la fin de l’année civile 2016.
Compte tenu de l'existence d'une technologie concurrente déjà bien installée (FinFET) à combien estimez-vous votre marché et pour quelles applications?
Les deux technologies répondent à des besoins du marché différents et complémentaires. Le rapport coût/performance du FD-SOI est particulièrement bien adapté aux applications qui requièrent à la fois haute performance et basse consommation à un coût compétitif alors que le prix élevé du FinFET ne le positionne que sur des marchés de produits finaux très haut de gamme. La technologie FD-SOI présente également l’avantage de pouvoir associer aux fonctions digitales des fonctions analogiques et de radiofréquence. Cette combinaison offre des opportunités intéressantes. Les débouchés du FD-SOI sont en effet très attractifs puisqu’il s’agit d’applications grand public dans
le domaine de la mobilité - téléphonie et automobile - et des objets connectés. Dans ce contexte porteur, nous nous fixons pour objectif de bénéficier de commandes pour la production industrielle de plaques de 300 mm FD-SOI, étant précisé que notre usine de Bernin II, qui est aujourd’hui sous-utilisée, pourrait, avec les investissements de l’ordre de 40 millions d’euros cités précédemment, en produire plus de 500 000 par an.
Regrettez-vous aujourd'hui votre diversification dans le solaire ?
Dans le solaire, Soitec a développé et implémenté une technologie, avec des centrales solaires à très forte capacité mises en exploitation et des contrats d’approvisionnement d’électricité qui fonctionnent. Mais, c’est le passé. Nous avons décidé il y a plus d’un an de sortir de cette activité et ceci est quasiment fait. Aujourd’hui, nous regardons devant nous et l’avenir de Soitec, c’est l’Électronique, domaine dans lequel nous avons créé avec le RF-SOI une plateforme technologique devenue le standard technique et économique pour nos clients et leurs propres clients en radio fréquence et domaine dans lequel nous avons également de nouvelles perspectives liées au FD-SOI pour lequel notre ambition est de répliquer le succès du RF-SOI.
Les augmentations de capital que nous projetons vont nous permettre à la fois de renforcer la situation financière de Soitec et de financer des investissements de capacité dont nous avons besoin pour passer à un stade de production industrielle de nos substrats basés sur la technologie FD-SOI. L’enveloppe prévue pour les investissements de capacité représente un montant de l’ordre de 40 millions d’euros qui seront investis pour notre site de Bernin près de Grenoble. Le reste des fonds levés est destiné au remboursement de nos emprunts à échéance mai 2016, pour environ 50 millions d’euros, et au renforcement du bilan de la société au travers, notamment, d’éventuels rachats d’OCEANE 2018, pour un montant compris entre 40 millions et 90 millions d’euros.
Je vous rappelle que le montant total des levées de fonds, qui pourront être réalisées une fois approuvées par l'assemblée générale des actionnaires du 11 avril, est compris entre 130 millions et 180 millions d'euros. Il est prévu de procéder d’abord à trois augmentations de capital réservées représentant un montant total de 76,5 millions d’euros puis ensuite à une augmentation de capital avec droits préférentiels de souscription d’un montant minimum de 53,5 millions d’euros, pouvant être porté à un maximum de 103,5 millions d’euros.
L'exercice 2014/2015 s'est soldé par une nouvelle perte de Soitec, la septième consécutive. Comment comptez-vous convaincre les investisseurs individuels de vous suivre dans ce nouveau départ ?
Nous sommes clairement engagés dans une nouvelle dynamique depuis début 2015. Je vous rappelle nos trois grandes priorités : nous recentrer sur notre cœur de métier, les produits destinés à l’électronique grand public, mettre cette activité en position de générer de la croissance profitable et renforcer la situation financière de la société. Après un peu plus d’un an, nous pouvons déjà faire un premier bilan. Le désengagement des activités qui ne font pas partie de notre cœur de métier et généraient des pertes d’exploitation est largement avancé et devrait être finalisé prochainement. Dans le domaine de l’électronique, nous avons renoué avec la profitabilité opérationnelle depuis trois semestres. Et, enfin, concernant notre situation financière, nous venons d’en parler, le projet d’augmentations de capital nous permettra de franchir une étape décisive. Ce sont donc de nouvelles perspectives qui vont s’ouvrir à Soitec avec un bilan plus solide et la capacité de réaliser des investissements de croissance, au moment où le développement de l’écosystème de la technologie FD-SOI débouche sur des avancées concrètes.
Quelles sont vos perspectives opérationnelles et financières pour les douze prochains mois ?
Soitec dispose de perspectives encourageantes. Pour l’exercice 2015-2016, clos le 31 mars, nous prévoyons un chiffre d’affaires de l’activité Électronique légèrement supérieur à 230 millions d’euros et un taux de marge d’EBITDA de l’ordre de 15%. Pour l’exercice 2016-2017, la croissance de la demande sur les produits pour les applications de radiofréquence et d’électronique de puissance devrait être robuste et compenser les effets liés à l’arrivée en fin de cycle de vie des produits PD-SOI. Si tel était le cas, notre objectif pour l’activité Électronique serait d’atteindre à taux de change constants une croissance à un chiffre du chiffre d’affaires et un taux de marge d’EBITDA du même ordre que celui de l’exercice 2015-2016. A plus long terme, nous comptons profiter des perspectives prometteuses liées à l’adoption à grande échelle du FD-SOI par l’industrie des semi-conducteurs. Pour plus de précisions sur ces sujets, j’invite les lecteurs à se référer aux éléments que nous avons mis à disposition sur notre site Internet.
La Chine est-elle la dernière chance de percée de la technologie FD SOI, délaissée par les grands fabricants américains de semi-conducteurs ? Avez-vous d'autres partenariats en vue dans ce pays?
A l'heure actuelle, Samsung et GlobalFoundries, deux des quatre plus grandes fonderies mondiales, s’apprêtent à produire à grande échelle du FD-SOI et à lancer leurs premiers produits. Et, des dizaines de clients « fabless », concepteurs de puces électroniques qui en sous-traitent la fabrication aux fonderies, sont en train de lancer des prototypes recourant à la technologie FD-SOI. Sony a déjà annoncé le lancement dans les prochains mois de la production d’une nouvelle puce GPS qui, basée sur cette technologie, présentera l’énorme avantage de consommer dix fois moins d’énergie. Donc, non, la Chine n’est pas la dernière chance, c’est une opportunité supplémentaire. La Chine est le premier acheteur mondial de composants semi-conducteurs et ce marché offre de larges perspectives, notamment liées à la téléphonie mobile, les objets connectés et l’automobile. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que ce pays devrait représenter la moitié du marché des semi-conducteurs à l’horizon 2020. Pour Soitec, le projet d’entrée dans notre capital de NSIG, un holding d’investissement chinois spécialisé dans ce secteur, est un signal fort de l’appétit de l’écosystème chinois pour la technologie FD-SOI. Nous avons la technologie. Avec les fonds levés, nous aurons la capacité d’accompagner le développement industriel de nos clients et NSIG devrait faciliter notre accès aux acteurs de ce marché en Chine.
Pour ce qui concerne nos partenariats en Chine, nous avons déjà depuis 2014 un partenaire industriel dans le domaine des applications de radio-fréquence. Il s’agit de Shanghai Simgui Technology dont l’usine devrait commencer à monter en puissance au cours des prochains trimestres pour la production de plaques de RF 200 mm, le carnet de commandes de notre site de Bernin étant rempli jusqu’à la fin de l’année civile 2016.
Compte tenu de l'existence d'une technologie concurrente déjà bien installée (FinFET) à combien estimez-vous votre marché et pour quelles applications?
Les deux technologies répondent à des besoins du marché différents et complémentaires. Le rapport coût/performance du FD-SOI est particulièrement bien adapté aux applications qui requièrent à la fois haute performance et basse consommation à un coût compétitif alors que le prix élevé du FinFET ne le positionne que sur des marchés de produits finaux très haut de gamme. La technologie FD-SOI présente également l’avantage de pouvoir associer aux fonctions digitales des fonctions analogiques et de radiofréquence. Cette combinaison offre des opportunités intéressantes. Les débouchés du FD-SOI sont en effet très attractifs puisqu’il s’agit d’applications grand public dans
le domaine de la mobilité - téléphonie et automobile - et des objets connectés. Dans ce contexte porteur, nous nous fixons pour objectif de bénéficier de commandes pour la production industrielle de plaques de 300 mm FD-SOI, étant précisé que notre usine de Bernin II, qui est aujourd’hui sous-utilisée, pourrait, avec les investissements de l’ordre de 40 millions d’euros cités précédemment, en produire plus de 500 000 par an.
Regrettez-vous aujourd'hui votre diversification dans le solaire ?
Dans le solaire, Soitec a développé et implémenté une technologie, avec des centrales solaires à très forte capacité mises en exploitation et des contrats d’approvisionnement d’électricité qui fonctionnent. Mais, c’est le passé. Nous avons décidé il y a plus d’un an de sortir de cette activité et ceci est quasiment fait. Aujourd’hui, nous regardons devant nous et l’avenir de Soitec, c’est l’Électronique, domaine dans lequel nous avons créé avec le RF-SOI une plateforme technologique devenue le standard technique et économique pour nos clients et leurs propres clients en radio fréquence et domaine dans lequel nous avons également de nouvelles perspectives liées au FD-SOI pour lequel notre ambition est de répliquer le succès du RF-SOI.
Propos recueillis par François Schott