Interview de Henri Thomasson : Directeur financier des laboratoires bioMérieux

Henri Thomasson

Directeur financier des laboratoires bioMérieux

Nous visons une marge opérationnelle proche de 17% cette année (bioMérieux)

Publié le 18 Septembre 2009

Votre groupe vient de publier ses résultats semestriels qui font notamment état d'une hausse du résultat opérationnel courant de 16% à 97 millions d'euros. Le résultat net de l'ensemble consolidé a progressé de 12,2% à 63 millions d'euros et le chiffre d'affaires de 10,3% à devises constantes à 590 millions d'euros. Un commentaire sur ces résultats ?
bioMérieux a effectivement réalisé un bon premier semestre, avec des résultats en croissance légèrement supérieurs aux objectifs que nous nous étions fixés en début d’exercice. Ces résultats démontrent une fois encore la solidité et la résistance de notre modèle économique, malgré un environnement économique international difficile.

Quels ont été les principaux moteurs de croissance sur ce semestre ?
Nos ventes ont progressé de 32m€ à devises et périmètre constants, soit une croissance organique de 6%. Notre modèle économique repose effectivement sur la récurrence des ventes de réactifs et de services (qui représentent plus de 90% de notre chiffre d’affaires), sur la diversification géographique et technologique de notre activité et sur l’innovation.

En Amérique du Nord, l’amélioration constatée au 1er trimestre s’est confirmée au 2ème trimestre, portant la croissance de cette région à 5,7%. Les zones Asie-Pacifique et Amérique latine ont continué de progresser à 2 chiffres (de respectivement 13%  et 18% environ). L’Europe fait face à un contexte plus difficile, notamment en Europe du Sud, où les laboratoires tendent à se concentrer, et dans les applications industrielles. Cette zone a néanmoins progressé de presque 4%.

Dans les applications cliniques, les ventes ont été tirées par les réactifs en microbiologie, par les tests à forte valeur médicale en immunoessais et par la biologie moléculaire. La croissance des ventes dans les applications industrielles a été ralentie par de faibles ventes d’instruments.

Enfin, les activités nouvelles ont apporté 22m€ de chiffre d’affaires supplémentaire, soit un complément de croissance « externe » de 4,3%. Il s’agit principalement du chiffre d’affaires d’ABB et de PML, sociétés récemment acquises et, jusqu’en avril, des produits de Quidel, dont nous avons repris la distribution en dehors des Etats-Unis, du Japon et des pays nordiques.

Au total, la croissance atteint donc 10,3% à devises constantes.

Où en êtes-vous de vos plans de restructurations de plusieurs sites ? Quel bénéfice, en termes de chiffres et d’activité, en attendez-vous ?
Nous avons annoncé 3 plans de restructuration avec comme objectif l’optimisation de nos sites industriels.
Dans notre domaine, très réglementé, les processus de production doivent être audités et certifiés, et nous apportons une attention particulière à ces étapes préalables au démarrage effectif de la production :
• Le plan de restructuration le plus important concerne la fermeture de notre site de Boxtel aux Pays-Bas annoncée en décembre 2007. Les activités seront rapatriées en France sur les sites de Grenoble et de Marcy l’Etoile, et en Chine, à Shanghai. A Grenoble, où seront transférées les activités de biologie moléculaire, nous avons construit une nouvelle usine qui est en cours de validation. Nos équipes travaillent dur en vue d’un démarrage opérationnel début 2010.
• Les 2 autres plans, de moindre ampleur, concernent des sites acquis plus récemment :
Nous allons transférer la production de la gamme Etest®, actuellement faite en Suède, sur notre site de La Balme à l’Est de Lyon. De même, nous allons fermer un site au Canada en vue de concentrer la production de milieux prêts en Amérique du Nord sur 2 usines déjà existantes aux Etats-Unis.

Pourriez-vous revenir sur l'accord de collaboration avec ExonHit ?
Nous avons signé avec ExonHit 3 programmes de collaboration qui portent sur la recherche de biomarqueurs sanguins dans la détection des cancers du sein, du côlon et de la prostate.
• Les collaborations sur les cancers du côlon et de la prostate continuent et les résultats de ces programmes sont attendus pour le 1er trimestre 2010.
• La collaboration sur le cancer du sein a été arrêtée, le niveau des performances obtenues n'étant pas en ligne avec les attentes de bioMérieux.

Concernant les perspectives de bioMérieux, la direction a relevé l’objectif de marge opérationnelle courante pour 2009 à près de 17%, hors frais liés à la restructuration des sites, et confirmé les objectifs de croissance du CA de 5 à 7% (à devises et périmètre constants), soit une progression globale de ses ventes de 7 à 9% à devises constantes… Comment comptez-vous parvenir à ces résultats ?
Concernant notre objectif de croissance, nous comptons notamment sur le dynamisme des réactifs lancés récemment comme, par exemple, VIDAS® B.R.A.H.M.S PCT et VIDAS® EBV, sur la vigueur de la demande en Asie-Pacifique et en Amérique latine et sur une certaine reprise en Amérique du Nord. La récurrence de nos ventes de réactifs et de services, grâce à notre base d’instruments installés chez nos clients, est bien sûr de nature à conforter notre ambition.

Nous avons effectivement relevé notre objectif de marge opérationnelle courante : nous visons maintenant une marge proche de 17% avant restructuration des sites. Nous nous appuierons sur le bon niveau de notre activité, et les économies d’échelle qui en découlent, les gains de productivité que nous nous efforçons de réaliser mois après mois, et la maîtrise de nos frais opérationnels.

Quelle sera votre politique de dividende cette année ?
La Société ne peut bien entendu pas garantir le montant des dividendes qu’elle versera. La politique de distribution est établie chaque année en fonction de l’analyse des bénéfices de la Société, de sa situation financière et de tout autre facteur jugé pertinent par le Conseil d’administration. D'une manière générale, et à titre indicatif, la Société escompte verser, chaque année, un dividende en progression régulière, représentant un minimum de 25% du résultat.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy