Interview de Tim Albrecht : Gérant du fonds DWS Invest German Equities

Tim Albrecht

Gérant du fonds DWS Invest German Equities

Les valeurs industrielles représentent environ 70% de notre portefeuille

Publié le 04 Novembre 2013

On entend souvent dire que l'industrie est le moteur principal de l'économie allemande. Est-ce le cas ? 

L’industrie manufacturière est le principal moteur des exportations allemandes, or celles-ci représentent 50% de notre PIB. Il y a en Allemagne des leaders mondiaux dans le domaine de l’automobile bien sûr, mais aussi de la construction mécanique et la chimie pour ne citer que ces secteurs. Beaucoup de ces leaders sont des PME ou des entreprises de taille intermédiaire. L’industrie représente environ 70% de notre portefeuille, y compris l’automobile et la chimie. Donc oui, c'est un secteur très important de l'économie allemande.

Quels sont les secteurs les plus dynamiques à l'heure actuelle ? 


En 2013, seul le secteur automobile a fait l’objet de révisions à la hausse des prévisions d’analystes. Les autres secteurs ont été impactés par la faible demande en Europe et le ralentissement de certains marchés émergents. Je pense que l’environnement, d’un point de vue général, devrait être plus porteur en 2014.
Les choses devraient s’améliorer en particulier pour l’industrie automobile avec la stabilisation du marché européen et une demande toujours forte aux Etats-Unis et en Asie, particulièrement pour les véhicules premium. Les perspectives sont également favorables dans le secteur des machines-outils, d’après les derniers chiffres de la VDMA, la fédération du secteur. En revanche, la visibilité dans l’industrie chimique est moins bonne, avec une baisse de la demande pour certains produits. Quant aux producteurs d’énergie, ils sont fortement impactés par la sortie du nucléaire. Compte tenu de l’incertitude sur l’avenir de la politique énergétique, nous ne sommes pas optimistes pour ce secteur.

La hausse des coûts de l'énergie est-elle un problème pour la compétitivité de l'appareil industriel allemand ? 

La hausse des prix de l’énergie affecte toutes les entreprises mais aussi les citoyens allemands. Je pense qu’elle peut avoir un impact sur les activités les plus gourmandes en énergie comme la sidérurgie ou la production d’aluminium. Pour les autres secteurs, comme l’automobile, cela a moins d’impact. L’énergie n’est qu’un facteur de production parmi d’autres et elle est actuellement compensée par la baisse d'autres matières premières.

Même si elle a bien résisté jusqu'ici, l'industrie allemande n'est-elle pas menacée à terme par la concurrence des pays émergents? 

Cela fait dix ans que nous entendons parler du danger que représenteraient les émergents pour l’industrie allemande, or je ne vois pas le danger se rapprocher. Certes il y a bien une concurrence sur certains secteurs à faible valeur ajoutée, pour la production en série de composants simples. Mais pour les produits technologiques et complexes, comme la construction automobile, l’avance de l’Allemagne reste entière. Les fabricants allemands investissent d’ailleurs beaucoup en recherche-développement pour conserver cette avance.

Les valeurs industrielles allemandes offrent-elles encore un potentiel de hausse selon vous ? 

Les valeurs industrielles allemandes n’ont que peu souffert de la crise et sont aujourd’hui bien valorisées. Les investisseurs qui souhaitent se positionner sur ce secteur doivent avoir une opinion positive sur l’évolution de l’économie mondiale en 2014, notamment sur l’évolution de l’économie européenne. S’il n’y avait pas d’amélioration de la conjoncture, le secteur pourrait paraître trop cher. Je pense en particulier au segment small&mid cap qui affiche une prime de 20 à 30% par rapport aux grosses capitalisations. Malgré tout nous préférons encore investir dans ces small&mid cap présentes sur des marchés de niche plutôt que dans les grands conglomérats industriels.

Propos recueillis par François Schott