Interview de Patrick Schein : Directeur Commercial et Financier d'Auplata

Patrick Schein

Directeur Commercial et Financier d'Auplata

Dès que l'économie mondiale aura surmonté cette tourmente [...], je ne crois pas que l'or se maintiendra à des cours aussi élevés

Publié le 30 Janvier 2008

Le 21 janvier dernier, les bourses mondiales assistaient, impuissantes, à la chute des cours des matières premières. Deux raisons l’expliquaient alors, l’anticipation du ralentissement de l’économie américaine et le plongeon des principales valeurs boursières, bancaires en tête. L’ampleur du phénomène fut telle que ce mouvement baissier entraîna dans son sillage l’ensemble des valeurs, y compris les valeurs refuges tel que l’or dont le cours a perdu 2,11% ce jour-là.

Afin de mieux comprendre ce qui a pu se produire dans le secteur pourtant solide de l’or, ainsi que les perspectives de ce marché particulier, Easybourse a interrogé un des spécialistes français de l’exploitation aurifère, Patrick Schein, directeur commercial et financier du 1er producteur d'or de Guyane Française, Auplata…


Depuis la crise des subprimes, l'or a servi de couverture efficace contre la baisse du dollar. Or sur la dernière semaine, le cours de l’once a chuté de 2%, après des gains proches des 5% depuis le début de l’année. S’agit-il d’une simple pause dans son mouvement haussier, ou faut-il craindre que le métal jaune ne soit plus une valeur refuge ?
Il faut relativiser cette pause. Depuis son point haut annuel, en juin 2007, l’indice CAC 40 a baissé de près de 30% et, dans le même temps, le prix du lingot d’or est passé de 15 500 euros à plus de 20 000 euros actuellement, soit une hausse de 30%.

L'or devrait bénéficier du manque de visibilité sur les marchés financiers mais aussi des déséquilibres économiques globaux, du retour de l'inflation alimentée par la hausse des matières premières ainsi que de la paralysie du marché immobilier. Si vous ajoutez à cela les tensions internationales, vous avez tous les ingrédients qui font de l'or une valeur refuge.

De plus, le métal jaune est une des rares matières premières n'ayant pas connu une hausse vertigineuse au cours des dernières années. Au début des années 80, le lingot valait 18 300 euros soit plus de 32 000 euros d’aujourd'hui si on tient compte de l'inflation.
 
En tant que spécialiste de l'exploitation aurifère, quelles sont vos perspectives à court/moyen terme sur le marché de l’or ?
Pour les raisons évoquées je pense qu'il restera à des niveaux élevés et la moyenne pour 2008 a de fortes chances de se situer au dessus de la barre des 20 000 euros, contre 16 300 euros en 2007.

En revanche, dès que l'économie mondiale aura surmonté cette tourmente et que la confiance reviendra, je ne crois pas que l'or se maintiendra à des cours aussi élevés, sans toutefois revenir aux prix planchers de ces dix dernières années.

Les exploitants aurifères ont peu d'influence sur le cours de l'or, ils le subissent pour deux raisons. La première est que les stocks d'or des banques centrales mondiales représentent plus de douze années de production minière et ce chiffre ne prend pas en compte l'or détenu par les particuliers.

La seconde est que l'offre minière est peu élastique : entre le moment où un gisement est découvert et le moment où il entre en production il s’écoule près de dix années, et ce délai tant à s'allonger avec les contraintes politique et environnementales. Notre objectif est en fait d'optimiser en permanence notre coût de production tout en respectant notre environnement.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy