Interview de Jean-Claude Suquet : Directeur Administratif et Financier de Carbone Lorraine

Jean-Claude Suquet

Directeur Administratif et Financier de Carbone Lorraine

Notre développement reposera à la fois sur la croissance interne du fait de notre positionnement sur de nouveaux marchés, et sur des acquisitions.

Publié le 01 Février 2008

Vous venez de publier le chiffre d’affaires annuel de votre groupe sur l’exercice 2007. Quel commentaire vous inspire-t-il ?
L’année 2007 a été une très bonne année pour la croissance du groupe. Notre chiffre d’affaires s’élève à 694 millions d’euros et progresse de 12% à changes constants. La croissance a été forte sur toutes les activités et dans toutes les zones géographiques.

Quels ont été les moteurs de votre croissance sur cet exercice ?
Le repositionnement du groupe mis en œuvre ces dernières années nous permet de profiter pleinement des sources de croissance fortes engendrées par les mutations du monde économique. Notre présence renforcée en Asie nous a ainsi permis de réaliser en 2007 17,5% de notre chiffre d’affaires total dans cette zone, soit le double de ce que nous y réalisions il y a 5 ans.

Nos ventes en Asie ont progressé de 27% cette année. Par ailleurs, nous bénéficions de vecteurs de croissance forts grâce aux énergies renouvelables, avec une offre très riche techniquement pour l’éolien et le solaire, des produits nouveaux en fort développement tels que les refroidisseurs pour semi-conducteurs et une forte demande de nos équipements anticorrosion plus performants que la concurrence.

Carbone Lorraine vient de finaliser l'émission d'un emprunt obligataire de 40 millions d'euros. Dans quel(s) but(s) avez-vous réalisé cette opération ? En êtes-vous satisfait ?
Cet emprunt avait la particularité d’inclure une partie financement et une partie bons de souscription. Le but essentiel était de donner à nos managers l’opportunité d’acheter des bons de souscription à des conditions de marché sur la durée du plan de croissance que nous venions d’annoncer.

La réponse des managers a été très positive, puisqu’ils ont investi 1,4 millions d’euros sur les perspectives de notre groupe avec leurs ressources propres. En contrepartie, la société a bénéficié d’un emprunt de 40 millions d’euros sur 7 ans à des conditions particulièrement avantageuses.

Le groupe s'est fixé comme objectifs pour 2011 : un chiffre d'affaires de 1 milliard d'euros et une progression de 50% de la rentabilité des capitaux employés. Comment comptez-vous y parvenir ?
Nous y parviendrons grâce aux vecteurs de croissance interne mentionnés plus haut et à une politique d’acquisitions ciblées qui accélèrera encore cette croissance. Le graphite est un matériau aux propriétés diversifiés dont l’utilisation est indispensable dans de nombreuses applications de pointe en fort développement dans le solaire, l’électronique, la chimie fine… Et bien entendu nous continuons à déployer un programme de productivité dans toutes nos activités.

Au début du mois de novembre, Carbone Lorraine a indiqué être en discussions avancées avec Faiveley, en vue d'une cession de ses activités freinage ferroviaire et moto. Pourriez-vous nous préciser ce que vous attendez de cette opération, et si cette dernière est en voie d’achèvement, dans la mesure où vous aviez précisé à l’époque que la cession devait se conclure avant 2008 ?
Notre activité freinage est un succès aussi bien en termes de croissance que de résultats. Nous sommes leader des garnitures de freins pour trains à grande vitesse et les passionnés de motos connaissent la qualité technique de nos freins, plusieurs fois champions du monde.

Ceci dit, la croissance de cette activité pourrait être encore plus rapide si elle intégrait un équipementier ferroviaire. Notre projet de cession repose avant tout sur la volonté de donner à nos équipes ce potentiel de croissance encore plus important en les intégrant chez Faiveley. Les discussions sont un peu plus longues que prévues. Néanmoins, pendant ce temps l’activité continue à réaliser des performances très satisfaisantes.

Début décembre, Carbone Lorraine a annoncé l'acquisition des activités de fusibles moyenne tension de General Electric par Ferraz Shawmut LLC, sa division de protection électrique Amérique du Nord. Quel premier bilan tirez-vous de cette acquisition (en termes de synergies, financiers…) ?
Il est un peu tôt pour tirer des conclusions puisque l’acquisition n’a que quelques semaines,  mais ce type d’acquisition s’inscrit parfaitement dans notre politique d’acquisitions ciblées : accélération de la croissance en se positionnant sur un marché adjacent à nos marchés actuels, et forte rentabilité.

Quel sera votre plan de développement sur l’exercice prochain ? Envisagez-vous de faire de la croissance externe ? De quelle marge financière disposeriez-vous dans ce cas ? Avez-vous des dossiers actuellement à l’étude ? Quelles en sont les caractéristiques principales (en termes de taille, de coût, d’activité…)
Notre développement reposera à la fois sur la croissance interne du fait de notre positionnement sur de nouveaux marchés très porteurs, et sur des acquisitions. Les cibles actuelles sont de taille moyenne et peuvent aisément être financées par les lignes de crédit dont nous disposons. Et si des opportunités plus importantes se présentent nous pensons être à même de trouver des financements complémentaires.

Quelles sont vos perspectives pour l’année en cours ?
Nous donnerons des indications de tendance comme tous les ans lors de la présentation de nos résultats en mars prochain. Je souligne cependant dès maintenant que la croissance des ventes a été très forte au quatrième trimestre et que le mois de janvier a été très bon en facturations et entrées de commandes.

Le tout début d’année se présente donc bien. Au-delà, notre positionnement sur de nouveaux marchés, notre présence en Asie, et le démarrage réussi de nos nouveaux produits devraient permettre à nos ventes de continuer à progresser en 2008 même si l’environnement économique est moins porteur que l’an passé.

Un commentaire sur le cours de votre titre ?
Il est très frustrant quand on est convaincu comme je le suis de nos perspectives.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy