Interview de Gérard Mestrallet : Président, directeur général du groupe Suez

Gérard Mestrallet

Président, directeur général du groupe Suez

Il n’y a pas de projet industriel viable sur le long terme s’il n’est pas accompagné d’un projet social

Publié le 28 Février 2008

Le groupe Suez affiche d’excellents résultats pour cette année 2007. Le chiffre d’affaires atteint 47 milliards d’euros, en hausse de 7%, le résultat brut d’exploitation est en hausse de 12%, le résultat opérationnel courant en hausse de 15% et le résultat net est à son plus haut niveau historique, de plus de 8% ? Comment expliquez-vous ces résultats record ?
Ces résultats proviennent de toutes les divisions du groupe : Suez énergie en Europe, Suez à l’international, Suez services à l’énergie, et Suez Environnement.
Le groupe a la chance d’être positionné stratégiquement dans des activités et des secteurs, tous en progression en raison d’une forte demande qui émane tant des pays développés que des pays en développement.
En outre, nous avons des activités équilibrées. Ainsi, même en période difficile, même lorsqu’il y a un ralentissement dans une branche, le groupe parvient à tirer son épingle du jeu et à dégager de bons résultats.

Par ailleurs, nous avons consacré une branche complète d’activité à l’efficacité énergétique. Nous sommes n°1 en Europe. Avec un baril à 100%, la demande de services permettant à nos clients d’économiser ou d’utiliser plus intelligemment l’énergie, est très forte.
Les exigences de développement durable, la protection des ressources naturelles, la lutte contre le réchauffement climatique, l’accès à l’eau, tels sont les préoccupations partagées dans le monde et auquel notre groupe peut contribuer à apporter des solutions.

Dans ce contexte de conjoncture économique relativement difficile, quelles sont les perspectives du groupe pour cette année ?
Nous avons annoncé pour cette année une croissance de notre résultat brut d’exploitation à périmètre constant de 10%. Ce qui est une croissance soutenue, dans un environnement économique marqué par un ralentissement de la croissance des pays développés compensé par une croissance toujours soutenue dans les pays émergents.
Dans la même période, nous envisageons d’augmenter notre rythme d’investissement. Nous avons dépensé, à ce titre en 2007, 6 milliards d’euros. Nous souhaitons investir davantage car les besoins se font ressentir dans toutes les activités du groupe : génération électrique, gaz, services et environnement.
Nous sommes ainsi très confiants sur notre capacité en 2008 à maintenir un rythme de croissance de nos performances plus important.

Le calendrier de la fusion GDF Suez va-t-il être respecté ? La finalisation de l’opération est en principe prévue pour la fin du premier semestre de cette année. Quels pourraient être les facteurs qui retarderaient encore ce calendrier ? Quelles seraient les conséquences d’un non respect de cette échéance ?
Nous avions annoncé en septembre dernier, lorsque l’affaire de la fusion avait été relancée et que l’Etat avait accepté cette fusion, un calendrier se terminant à la fin du premier semestre de l’année. Nous n’avons pas changé de calendrier. Nous sommes déterminés à réaliser cette fusion. Nous mettrons tout en œuvre pour que ce soit le cas. Je n’envisage pas d’autre hypothèse.

Quid de la mise en vente de la société Distrigaz ? Sur quels critères allez-vous vous baser pour choisir les candidats ? Qu’attendez-vous de cette opération en termes de valorisation ?
Nous avons deux critères principaux s’agissant de la sélection des candidats. Tout d’abord le prix le plus élevé qui nous sera offert. Au-delà de cette considération financière, parce que nous avons pu dégager suffisamment de cash les années passées, nous souhaitons remplacer dans le périmètre d’activité du groupe Distrigaz par une autre activité industrielle. Nous demandons aux différents groupes intéressés, de nous faire une proposition de transfert d’actifs énergétiques européens soit dans l’électricité, soit dans le gaz. Nous souhaitons donc une contrepartie en actifs industriels de la meilleure qualité, stratégiquement intéressants pour le groupe GDF Suez.

Vous avez décidé de renoncer à l’acquisition de la société Biffa. Pour quelle raison ?
Nous avions eu l’occasion de regarder de près le cas, car nous étions intéressés par l’acquisition de la société. C’était une opportunité de développement dans le domaine des  déchets en grande Bretagne où Suez Environnement se situe en troisième position.
Une offre a été acceptée par le conseil d’administration de Biffa, celle de Montégu.  Nous avons décidé de ne pas faire de surenchère à cette offre.

Comment s’annonce la mise en introduction de Suez Environnement ?
C’est un processus qui se déroule normalement. Nous sommes prêts pour cette introduction qui devrait intervenir concomitamment à la fusion.
L’assemblée générale de Suez qui va approuver le traité de fusion va simultanément décider de distribuer à nos 420 000 actionnaires 65% du capital de Suez Environnement. De facto Suez Environnement sera alors cotée en bourse.
Toutes les procédures juridiques sous le contrôle de l’AMF seront bien entendu réalisées.

Le 4 avril, sera organisée une journée d’information pour les investisseurs et les médias dans le but d’une familiarisation avec tous les métiers et les équipes de Suez Environnement.
Ultérieurement dans la documentation boursière qui sera élaborée, figureront l’ensemble des informations nécessaires avant la cotation.

Un dernier mot pour vos actionnaires ?
Nos actionnaires apprécieront tout d’abord le fait que nous distribuons 1,8 milliard d’euros de dividende. Celui-ci de 36 euros sera en augmentation de plus de 13%.
Sur trois ans, ce dividende aura augmenté de plus de 70%.

Si nous combinons cette distribution de dividendes avec les rachats d’actions que nous avons réalisé pendant l’année, c’est au total une augmentation de la rémunération des actionnaires, de 70%.

A coté de cela, le groupe Suez est non seulement un groupe qui dégage des bénéfices, qui investit, qui crée de l’emploi, qui embauche mais également qui partage avec ses salariés les fruits de la croissance.

Le conseil d’administration a décidé de distribuer au titre de 2007 et de 2008, 170 millions d'euros sous forme d'actions gratuites à l'ensemble de nos salariés.
Cela part de l’idée que les performances du groupe sont dues aux efforts de chacun. C’est un élément d’identification de tous les salariés où qu’ils puissent se trouver dans le monde. Cela resserre le lien avec le groupe.
C’est ainsi à la fois un moyen de les récompenser pour les performances du groupe, et de les intéresser aux mécanismes de création de valeur pour l’ensemble des actionnaires. C’est un élément de solidité interne du groupe.

Il n’y a pas de projet industriel viable sur le long terme s’il n’est pas accompagné d’un projet social.
Cette opération est une des briques qui composent chez nous la dynamique sociale, indissociable de la dynamique économique, industrielle et financière.

Propos recueillis par Imen Hazgui

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