Interview de Jean-Baptiste Bosson : PDG de PSB Industries

Jean-Baptiste Bosson

PDG de PSB Industries

Il n’y a pas de raisons internes ou extérieures au groupe pour affirmer que la croissance devrait être plus faible en 2008 qu'en 2007

Publié le 12 Mars 2008

Est-ce que les résultats publiés aujourd’hui sont conformes à vos attentes ? La croissance du chiffre d’affaires est supérieure aux 5% prévus tandis que le résultat opérationnel est très légèrement en dessous de 10% du chiffre d'affaires ?
Tout à fait. Le chiffre d’affaires est en hausse de 6,2% en 2007 et le résultat opérationnel représente 9,7% du chiffre d'affaires contre 9,8% l’année dernière et se rapproche de l'objectif de 10%.

Nous sommes donc très proches de notre objectif dans un environnement qui est quand même difficile avec des matières premières à un niveau très élevé, un dollar qui nous pénalise et des investissements de 20 millions d’euros sur deux ans dans le métier de la chimie.

Malgré cet environnement nous affichons des résultats dont nous sommes très contents.

Comment expliquez-vous ces «bons» résultats ?
Essentiellement par des gains de productivité.

Quels ont été les moteurs de la croissance en 2007 ?
Le moteur principal de la croissance a été la cosmétique-parfumerie qui a crû d’à peu près 7%, c’est-à-dire que nous avons crû un tout petit peu plus vite que le marché mondial qui croît à peu près de 5%.

Dans le métier de l’emballage sur mesure nous avons obtenu une croissance de plus de 10% après deux années de moindre croissance. Nous nous sommes rapprochés de nos clients pour rechercher avec eux des solutions à la hausse des matières premières. Cela a été très efficace.

Dans la chimie par contre nous sommes «flat» sur l’exercice parce que nous manquions de capacités de production et parce que le dollar a pesé sur notre chiffre d’affaires.

En 2007, PSB Industries a été confronté à deux éléments défavorables. Le premier a été la hausse de l’énergie et des matières premières, dont votre groupe est fortement consommateur (plastique, pétrole…)…
La hausse des matières premières est un phénomène continu mais elle a surtout eu lieu en 2006. Nous pensions même au début de l’année 2007 que les matières premières auraient tendance à baisser, ce qui ne s’est pas passé.

Au contraire, les prix ont continué à monter en 2007 et un petit peu en 2008, mais le rythme de croissance n’est plus le même. Nous avons donc pu maintenir en 2006 et 2007 des niveaux de rentabilité très bons malgré cette hausse des matières premières, mais c’est une bagarre permanente.

Quelle est votre recette pour atténuer cette facture énergétique ?
Il peut y avoir des indexations sur les prix en collaboration avec les clients sur certains produits de base comme le propylène et puis il y a une recherche permanente au sein de PSB Industries de gains de productivité par des mécanismes d’automatisation et d’amélioration continue. C’est à la fois un processus simple et un processus-clé dans nos usines, issu en grande partie de l’industrie automobile.

Par ailleurs, nous travaillons beaucoup avec nos clients sur la recherche de solutions moins coûteuses sur le poids ou le type de matériaux utilisés. Notre recette n’est pas unique, c’est un ensemble de solutions dont les deux plus importantes sont les gains de productivité et le travail avec les clients.

Un effet positif de cette flambée de matières premières n’est-il pas d’encourager la recherche et l’innovation ?
Oui effectivement, mais il n’y a qu’un seul métier dans lequel nous faisons de la recherche et c’est le métier de la chimie car c’est le seul métier dans lequel nous sommes créateurs de matériaux. Dans ce pôle nous avons investi de 3 à 4% du chiffre d’affaires avec un laboratoire de recherche et des chercheurs, ce qui fait de nous un véritable acteur de la recherche. Dans les autres métiers nous faisons du co-développement avec nos clients.

Deuxième élément défavorable en 2007 et sur les premiers mois de l’année 2008 : les taux de change avec la flambée de l’euro par rapport au dollar ? Quel a été l'impact sur l’activité et la marge du groupe ?
Les taux de change ont eu un double impact sur l’activité et la marge du groupe. Nous estimons l’impact sur l’activité à un peu plus de 500 000 euros, ce qui signifie que nous aurions dépassé les 10% de résultat opérationnel sans cela.

Nous avons su maintenir nos niveaux de résultats malgré une baisse du dollar de plus de 50% en quelques années. Aujourd’hui nous pensons que les risques sont plutôt derrière nous.

Vos clients sont de gros clients mondiaux, ne risquent-ils pas d’être touchés par le ralentissement ? Et ne risquez-vous pas in fine d’être touchés ?
Non, car notre marché final est pour l’essentiel celui de la consommation courante (cosmétiques et parfumerie notamment), c’est-à-dire des produits de grande consommation. Or, nos grands clients comme L’Oréal, LVMH, Clarins, Chanel, Dior annoncent tous des hausses de croissance de l’ordre de 5% du marché mondial et de leur propre activité.

Dans l’assemblage sur mesure et dans l’agroalimentaire ce sont également des métiers de grande consommation et donc je ne crois pas qu’il y ait un risque lié à l’économie américaine.

Du point de vue financier, le ralentissement a certes eu un impact sur la valeur du titre qui a baissé comme toutes les autres valeurs, mais sur le plan de notre activité et de nos résultats les chiffres que nous publions aujourd’hui montrent que nous n’avons pas été impactés.

Autrement dit, le fait d’avoir de gros clients dans le secteur de la consommation courante vous rassure ?
Nos dix plus gros clients représentent 60-70% de notre chiffre d’affaires. C’est ce qui nous rassure. Il faudrait des évènements mondiaux dramatiques pour que vous n’achetiez plus de rouge à lèvres ou de mascara donc je crois que le fait que nous soyons sur des produits de consommation courante est un frein à des difficultés en période de récession.

Dans la chimie sur mesure et pour ce qui est du métier «éclairage» il s’agit des ampoules de rue. On ne va pas ne pas remplacer les ampoules dans les rues parce qu’il y a une récession.

Pour 2008, vous avez donc prévu un chiffre d’affaires de 5% comme en 2007.
Nous nous sommes fixés comme objectif un chiffre d’affaires en hausse de 5% pour 2008. Mais ce n’est qu’un objectif, 10% n’est pas un objectif que nous osons afficher dans ce contexte et cela ne correspond pas à la croissance de nos marchés.

Nous annonçons 5% mais nous espérons bien dépasser ce chiffre. Par ailleurs, la croissance ne sera peut-être pas également répartie sur l’année avec une croissance inversée par rapport à 2007.

Il se pourrait que nous ayons des taux de croissance plus faibles au premier trimestre, d’un peu moins de 5%, et une croissance qui se conforterait ensuite alors qu’en 2007 nous avons eu une très forte croissance au premier trimestre et une fin d’année marquée par un certain fléchissement.

Autrement dit, votre visibilité est globalement bonne pour 2008 ?
Aujourd’hui sur la cosmétique parfumerie la visibilité est forte et bonne. Dans l’éclairage nous venons d’investir sur des marchés en pleine croissance donc il n’y a pas de raisons internes ou extérieures au groupe pour affirmer que nous devrions avoir une croissance plus faible en 2008 qu'en 2007.

Qu’en sera-t-il du rythme des investissements en 2008 ?
Nous aurons moins d’investissements car nous avons investi 20 millions d’euros en deux ans dans la chimie soit 10 millions d’euros en moyenne par an et nous allons passer à 2 millions en 2008.

Notre niveau d’investissement va donc baisser fortement en 2008 et en 2009 dans la chimie. Au total, le montant des investissements en 2008 devrait passer de 24 millions en 2007 à 16 millions en 2008 du fait des investissements dans l’emballage.

Nous allons simplement revenir à un niveau plus normal dans la chimie après un quasi doublement de la taille des investissements. Nous n’avons plus besoin d’investir dans ce métier sur un horizon d’au moins deux ans.

La contrainte est double : économique avec le ralentissement mondial même si celui-ci devrait vous épargner et écologique avec une pression de plus en plus forte. Est-ce que cette logique existe au sein de PSB Industries ?
Dans l’emballage tout à fait. Nous investissons dans le recyclage, dans la fabrication de films dans l’alimentaire avec des matériaux plus écologiques et dans la réduction de l’épaisseur et du poids des matériaux. C’est un souci permanent pour nous et une politique extrêmement active en particulier dans le métier de l’emballage sur mesure que nous menons depuis bientôt deux ans.

Chaque nouveau produit est étudié sous l’angle de la réduction des coûts d’emballage dans notre intérêt et dans celui de nos clients. Si on diminue le poids de l’emballage, le client paie moins d’éco-taxes, le coût de l’emballage baisse et nous pouvons maintenir nos marges.

Pour 2008 vous êtes confiants. Vous prévoyez moins d’investissements mais qu’en est-il des acquisitions ?
Pour 2008 nous avons notre propre dynamique et il faudrait un événement extérieur imprévisible pour que ceci soit remis en cause. Nous sommes sur une lancée, confortée par des investissements et par des stratégies internes donc nous nous attendons à une bonne année 2008.

Par ailleurs, nous pourrions envisager d’avoir une production américaine dans certains métiers. Pour l’instant nous avons une production mexicaine mais pas américaine. Nous ne ferions pas une acquisition d’une taille très importante car ce n’est pas notre style, mais stratégiquement il est possible que de posséder un site de production dans une zone de dollar devienne très intéressant pour nous et pour nos clients. Il s’agit avant tout de développer de nouveaux marchés.

Le mot de la fin pour vos actionnaires
Je suis désolé que le titre ait chuté puisque nous avons eu un point haut à plus de 40 euros l’année dernière et que nous sommes à 29 euros aujourd’hui. C’est tout à fait comparable aux indices, il n’y a pas eu d’évènement interne à la société qui explique cette baisse et nous ferons tout ce que nous pouvons pour que nos résultats soient très bons en 2008.

Propos recueillis par Laure Gaillard