Interview de Marc Vergnet et Hervé Peyronnet : PDG et directeur financier de Vergnet

Marc Vergnet et Hervé Peyronnet

PDG et directeur financier de Vergnet

Le retard sur l'éolienne de 1MW ramène notre guidance de CA dans une fourchette de 40 à 42m€

Publié le 22 Avril 2008

Le chiffre d’affaires s’inscrit en recul (33,4 millions d’euros contre 37,7 millions en 2006), impacté par l’activité éolienne. C’était quelque chose d’attendu, dans ces proportions j’entends?
C’est conforme à ce que nous avions annoncé, nous sommes même un peu au-dessus de la fourchette, puisque nous avions prévu entre 30 et 32 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Et c’est donc l’Eolien qui explique les pertes dans le résultat d’exploitation et le résultat courant et qui impacte négativement le résultat net...
Tout à fait. Cela dit, nous avons eu une activité un peu meilleure que ce que nous avions annoncé. Le résultat d’exploitation ressort au-dessus de la fourchette prévue, puisque nous avions un haut de fourchette à -0,8 et le REX ressort à -0,4.

Un mot sur l’activité Eau qui progresse de 17%...
Nous avons eu des ventes record de pompes. La rentabilité a crû plus vite que le chiffre d’affaires puisqu’elle a augmenté de 34%.

Le pôle Eau est porté par le dynamisme des marchés hydrauliques et par le Millénaire pour le développement (programmes dédiés à l’hydraulique rural, ndlr).

Sur le Millénaire pour le développement, nos objectifs sont de diviser par deux le nombre de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable.

Et la part de Vergnet Hydro est appelée à grandir dans la répartition du chiffre d’affaires ?
Vergnet Hydro est appelé à un développement fort et continu. En attendant, c’est un secteur porté par une formidable mobilisation de la communauté internationale qui augmente dans des proportions très significatives les budgets à destination des infrastructures hydrauliques. 

En 2008, nous prévoyons une croissance du chiffre d’affaires égale à celle que nous avons eu, voire un peu supérieure, ainsi qu’une bonne rentabilité comme cela a toujours été le cas.

Un mot maintenant sur l’activité Export. Qu’en est-il des appels d’offres à Djibouti, en Algérie et au Maroc ? Ont-ils été relancés ? Vergnet est-il sur les rangs ?
L’appel d’offres à Djibouti a été relancé, les offres ont été transmises. Nous serions à l’heure actuelle en très bonne position. Nous sommes maintenant dans la phase de non objection de la Banque mondiale qui finance le projet. Inch’Allah comme on dit.

Sur l’Algérie, Tindouf, non seulement l’appel d’offres est relancé, mais au lieu des 6 MW qui été prévus, nous sommes passés à 10 MW. Ce qui fait que nous ne répondons plus avec des machines de moyenne puissance mais avec des machines de 1 MW. La remis des plis est prévue pour mi-mai.

Pour le Maroc, là aussi bonne nouvelle puisque le projet qui été aussi de 6 MW passe à 10 MW. Par contre, l’Onep (Office national d’eau potable) traîne un peu à lancer l’appel d’offres.

Le retard dans le programme d’éoliennes de 1 MW n’augure-t-il pas de nouveaux retards ?
Il faut bien comprendre que ce retard de quatre mois intervient dans la phase finale du développement de cette machine qui a duré quatre ans et il porte sur une manœuvre de levage de la nacelle amont qui vient accoster la nacelle aval dans des conditions extrêmes.

Ces machines sont faites pour des régions où il y a des cyclones et il faut donc que nous puissions lever des machines même avec 100/120 km de vent.

C’est à ce niveau que j’ai pris sur moi pour sécuriser le levage et l’abaissement des machines que nous envoyons aux quatre coins du monde.

Je ne vous jurerais pas qu’il ne peut pas y avoir d’autres retards, mais si j’y avais sérieusement pensé j’aurais prévenu que le retard aurait été de six mois et non pas de quatre. Je pense que le délai de quatre mois est vraiment très raisonnable.

Compte tenu de ce retard, quelles sont les guidances 2008 de Vergnet ?
La livraison des GEV HP, prévue pour le second semestre, interviendra au dernier trimestre de l’exercice. Sur les 30 prévus à la livraison, nous serons en mesure d’en livrer 10 du fait du délai d’approvisionnement des châssis. En conséquence, nous prévoyons de livrer 18 MW, ce qui ramène notre guidance dans une fourchette de 40 à 42 millions d’euros de chiffres d’affaires. Mécaniquement, notre résultat d’exploitation devrait se situer entre -3,5 et -4,5 millions d’euros du fait des investissements réalisés.

Les groupes énergétiques se lance de plus en plus dans le renouvelable. Ne craignez-vous pas la concurrence ?
Les opérateurs sont des producteurs, ils achètent des machines à des fabricants. Le fait qu’il y ait de plus en plus d’opérateurs ne peut que servir mon marché.

Sur mon marché qui est celui du Farwind, il n’y a que nous, il n’y a pas un seul fabricant capable de faire une machine pour des régions cycloniques et pour des régions où il n’y a pas d’infrastructures lourdes, comme des grandes grues de 2 000 tonnes.

Je suis ces opérateurs de très près et j’essaye de les séduire sur mon marché. De plus en plus d’opérateurs s’intéressent au marché Farwind qui a deux ans d’existence. Avec la montée du prix du baril, il se fait connaître à une vitesse grand V.

Les opérateurs ne peuvent-ils pas passer à la fabrication ?
Un opérateur ne peut pas se lancer dans la fabrication sauf à racheter un fabricant. Il n’a pas les compétences pour créer une filière nouvelle, même si les Chinois le font. Si toutefois un opérateur choisissait de développer une filière industrielle, il le ferait, à mon avis, d’abord sur le marché très porteur et très organisé maintenant du Northwind.

Propos recueillis par Marjorie Encelot