Interview de Frédéric Michelland : Directeur financier de Nexans

Frédéric Michelland

Directeur financier de Nexans

Nous continuons d'étudier des dossiers d’acquisitions dans l’objectif de renforcer nos positions existantes dans les câbles spéciaux

Publié le 25 Avril 2008

Nexans a publié un chiffre d'affaires en hausse de 2,3% au premier trimestre, avec une croissance organique de 16,4% de sa branche infrastructures d'énergie. Quels ont été les moteurs de cette croissance ?
Le groupe dans son ensemble a effectivement enregistré une croissance organique de 2,3%. Si l’on met de côté les activités fils conducteurs que nous continuons de réduire de manière progressive pour toute la partie ventes externes, nous avons enregistré une croissance organique de nos activités câbles de 6,4%. Le segment dans lequel la croissance a été la plus rapide au cours du dernier trimestre, concerne les infrastructures d’énergie, où une très forte croissance avait déjà été enregistrée au 4ème trimestre 2007.

Dans le segment des infrastructures d’énergie, ce sont les câbles haute tension qui ont le plus progresse à la fois en haute-tension sous-marine et terrestre.

Cette accélération de la croissance organique de nos activités haute tension traduit simplement le fait que depuis plusieurs mois déjà, nous accumulons de nouvelles commandes et qui plus est à des niveaux de marge de plus en plus élevés.

Notre carnet de commandes est désormais supérieur à deux années d’activité. Il est en effet très encourageant  d'observer à la fois une forte augmentation de notre croissance et dans le même temps, une augmentation encore plus rapide de notre carnet de commandes.
 
Votre principale activité, l’activité «câbles», a dégagé un chiffre d'affaires en hausse de 6,4%. Quelle a été l’évolution de ce marché et quelle tendance se dessine pour le reste de l’exercice 2008?
Pour l’ensemble  de l’année 2008, nous n’avons pas fixé d’objectifs de chiffre d’affaires ou de croissance organique. Nous avons par contre indiqué nos perspectives pour le premier semestre, en expliquant que d’ici au 30 juin 2008, nous anticipions le maintien d’une  croissance organique autour de 6%. Nous confirmons par ailleurs ce chiffre de 6% comme objectif moyen pour la période 2008-2009.

Quand on analyse  les différents segments,  la  croissance devrait rester forte dans les infrastructures d’énergie -nécessairement à deux chiffres dans les prochains mois étant donné la visibilité dont nous disposons grâce à notre carnet de commandes- ; dans l’industrie -câbles industriels- nous anticipons le maintien d’une croissance solide (pour mémoire, le taux de croissance organique de nos segments industriels prioritaires a été sur le premier trimestre proche de 7%), dans le bâtiment, au 1er trimestre 2008, on note une légère décroissance organique, tendance qui devrait se poursuivre sur le reste de l’année.

Il est intéressant de constater que nous avons dans les câbles bâtiment des volumes qui restent assez soutenus en Europe, ce qui permet d’absorber une partie des baisses de prix enregistrées aux Etats-Unis.
 
Justement, la hausse des coûts de matières premières et énergétiques (cuivre, pétrole, plastics), et l’évolution de la parité euro/dollar, ont-elles impacté vos résultats ?
Concernant la parité euro/dollar, vous avez pu constater au 1er trimestre que l’effet de change a été extrêmement limité. Nous avons une sensibilité au dollar essentiellement liée à l’impact de la conversion en euros du résultat de nos sociétés américaines. Indépendamment de cela, notre sensibilité est extrêmement faible. Dans le cadre de la présentation de nos comptes annuels 2007, nous avions indiqué qu’une dépréciation de 10% du dollar par rapport à l’euro aurait un impact sur notre résultat de l’ordre  d’un million d’euros, ce qui est assez faible.

Pour le pétrole, du fait de la forte hausse de son prix (augmentation moyenne de 40% sur l’année 2007), nous avons une politique de répercussion de ces hausses dans nos prix, notamment sur tous les gros contrats. Nous avions commencé à le faire en 2007, et nous continuons à en 2008.

Enfin, pour ce qui est du cuivre, il est vrai que nous avons assisté à une augmentation très  forte de son prix au cours des derniers mois –mais surtout du cuivre exprimé en dollars-, puisque les prix du cuivre exprimés en euros  ont quant à eux très légèrement augmenté depuis le début de l’année-. Nous disposons également d'un système de répercussion direct dans le prix de nos câbles de l’augmentation du prix du cuivre, et pour l’exposition résiduelle éventuelle, nous menons une politique de couverture systématique.

Notre sensibilité au cuivre aujourd’hui est donc quasi nulle, et la marge opérationnelle, qui est notre indicateur clé de performance, n’est pas affecté par l’évolution du prix du cuivre.

Quel bilan tirez-vous de l’opération Madeco ?
Nous avons procédé à la signature de l’opération en février dernier. La prochaine étape d’importance est  le closing. Cette opération se déroulera probablement à la fin du 3ème trimestre.

Nous sommes parfaitement en ligne avec le calendrier fixé plus tôt : l’assemblée générale de Nexans a déjà eu lieu et la résolution relative à l’opération  Madeco a été approuvée par les actionnaires, de même que la nomination au conseil d’administration de Nexans d’un représentant du groupe Madeco. Maintenant, c’est à l’assemblée générale de Madeco qui se tiendra  le 25 avril de se prononcer sur l’opération.

Au terme de ces deux assemblées générales, nous lancerons les chantiers d’intégration, notamment financier, de manière à être dans les meilleures conditions pour réaliser le  closing à la fin du 3ème trimestre 2008.

Envisagez-vous de réaliser de la croissance externe, des dossiers sont-ils à l’étude ?
Nous étudions toujours beaucoup de dossiers de croissance externe, mais il y en a très peu qui aboutissent, c’est  la loi du genre… Ceci étant, nous continuons d'étudier des dossiers d’acquisitions de taille petite ou moyenne, essentiellement dans l’objectif aujourd’hui de renforcer nos positions existantes dans les câbles spéciaux…

Et vous continuez de vous désengager de l’activité Télécom…
Nous avons effectivement indiqué lors de la présentation de nos résultats 2007, notre souhait de nous désengager des activités infrastructures télécoms Cuivre  en Europe, et donc  de notre principal site européen, Santander en Espagne.

Cette opération de cession est bien engagée, Nous devrions la finaliser très prochainement… D’ici la fin du 1er semestre.

Vous avez également indiqué avoir cessé la production de câbles télécoms au Vietnam, non sans impact sur ce segment d’activité…
Nous étions en partenariat avec un investisseur  vietnamien et nous avons décidé de stopper la production de la joint-venture. Nous sommes éventuellement susceptibles de relancer cette activité si les conditions sont effectivement réunies.

Cet arrêt a eu un impact sur notre croissance organique dans les infrastructures télécoms au 1er trimestre. Sans cet élément, nous aurions été en croissance sur ce segment par rapport au 1er trimestre 2007.

Pourriez-vous revenir sur la création de la joint-venture avec l’indien Polycab ?
A ce stade, la joint-venture a pour objectif de développer une activité de production de câbles spéciaux, dans laquelle Nexans serait majoritaire. En même temps, cela permettra à notre groupe de s’appuyer sur le réseau de distribution de Polycab en Inde pour la vente de produits Nexans qui continueront à être fabriqués par notre groupe.

A terme, nous pourrions envisager une extension du périmètre de cette société commune aux  câbles d’infrastructures d’énergie haute-tension…

Nous sommes actuellement en phase de création de cette JV avec notre partenaire indien. Cette entreprise commune devrait être opérationnelle courant  2009.

Le cours de votre titre vous inspire-t-il un commentaire ?
Nous sommes actuellement autour de 83 euros, en progression de près de 3% par rapport à hier (21 avril), dans un marché qui est à peu près inchangé. Le marché a perçu positivement à la fois l’annonce de notre taux de croissance mais surtout, la confiance qu’a renouvelée le management dans sa capacité à améliorer la rentabilité opérationnelle de Nexans.

Nous avons par ailleurs enregistré un très fort rebond du titre au cours de la dernière semaine puisque nous sommes passés de 70 euros par action à 80 euros par action. Notre cours de bourse semble se redresser : nous surperformons le SBF120 et nos comparables, c'est donc encourageant pour l'avenir.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy