Interview de Jean-Claude Cornier : PDG de Thermocompact

Jean-Claude Cornier

PDG de Thermocompact

L’objectif au Vietnam est de réaliser 25% du CA en Asie d’ici 2010

Publié le 18 Septembre 2008

Vous avez publié au S1 un chiffre d’affaires en progression de 11,4%, à 32 millions d’euros, néanmoins votre résultat net a pour sa part chuté à 695 000 euros contre plus d’1,1 million d’euros à la même période en 2007 (et près d’1,5 million d’euros au S1 2006) et le résultat opérationnel courant a lui accusé un repli de 16,4% à 1,59 million d'euros... Quel commentaire vous inspirent ces résultats, et comment expliquez-vous les baisses de résultats net et opérationnel ?
Nous voyons au premier semestre 2008 par rapport au premier semestre 2007, que le chiffre d’affaires a augmenté de 11%, l’Ebitda, sur la même période a progressé, de 4,3%, nous voyons donc que nos charges de personnel et externes sont maitrisées car elles augmentent au même rythme que le chiffre d’affaires.

Je  parlerais plus de l’Ebitda et non du résultat opérationnel courant, car celui-ci n’est pas représentatif. Nous avons été obligés de provisionner des différences de change qui ne sont pas effectives aujourd’hui, nos comptes sont en partie en dollar.  Partant du fait qu’à la période où nous avons clôturé nos comptes le dollar était très bas, aujourd’hui au regard du dollar qui a repris de la valeur face à l’euro, si nous clôturions nos comptes, il n’y aurait pas du tout cette différence de change à provisionner.

Cette provision est importante, étant de l’ordre de 500 000 euros ce semestre.

Comment ont évolué vos différents pôles d’activité sur le semestre ? Etes-vous toujours portés par l’activité d’électroérosion et son pôle «d’usinage par micro-étincelage» (qui représentait 48% de votre CA en 2007) ?
Oui, c’est toujours le pôle le plus important pour le groupe, la fabrication des fils et torons a représenté 84% du chiffre d’affaires sur le semestre, quant au revêtement de surface, l’activité historique de la société a représenté 16%.

Je précise que les deux activités sont en croissance, le pôle revêtement technologique progresse de 8,5%, tandis que les fils et torons techniques progressent de 12% 

Aujourd’hui, nous avons redécoupé notre activité, pour la simple et bonne raison que nous avons profité des nouvelles normes que recommande l’AMF, afin de donner moins de précisions à nos concurrents qui, en consultant nos comptes, décelaient des éléments stratégiques.

Nous avons donc regroupé l’ensemble de la sous-traitance, ce qui correspond aux 16% du chiffre d’affaires.

Pourriez-vous brièvement présenter vos résultats dans les différentes zones géographiques où votre groupe est présent ?
En termes de progression par zone géographique du chiffre d’affaires, la France progresse de 19% à presque 13 millions d’euros, tandis que pour les chiffres à l’export, l’Union Européenne progresse de 6%, les Etats-Unis progressent de 8%, l’Asie progresse de 11% et le reste du monde progresse de 3%.

Quels sont les «nouveaux relais de croissance à forte valeur ajoutée» évoqués dans un de vos récents communiqués ?
Nous avons monté une filiale au Vietnam pour tout le marché asiatique, en 2007. Cette filiale, qui est opérationnelle depuis le premier janvier 2008, est donc devenue un fort relais de croissance pour le groupe.

Depuis le Vietnam nous répondons en effet à l’ensemble de la demande asiatique, soit par exemple en Chine, en Corée, au Japon, à Taiwan, en Thaïlande, et un peu en Inde...

Concernant votre activité au Vietnam, comment progresse le développement de l’usine HWA ? Envisagez-vous d’autres constructions d’usines en Asie ?
Rien n’est prévu pour l’instant d’autant que nous allons lancer un deuxième cycle d’investissement dans notre usine du Vietnam pour augmenter sa capacité de production. Aujourd’hui, nos moyens commencent à être saturés, avec des délais d’environ deux mois, ce qui n’est pas tenable pour des produits consommables.

L’objectif de ce réinvestissement au Vietnam est donc de réaliser avec cette usine 25% du chiffre d’affaires du groupe et ce, d’ici à l’horizon 2010.

J’ajouterais qu’en dehors de l’Asie, notre activité Europe a également de belles perspectives liées au marché aérospatial via les nouveaux satellites qui doivent être mis en orbite, mais également dans l’aéronautique avec notamment Airbus pour lequel nous équipons entre autres, l’A380.

Cette activité avec Airbus nous a permis notamment de développer une nouvelle technologie de fils que nous avons brevetée. Grâce à cette technologie, nous avons permis d’alléger de 600 kilos le poids des câbles dans l’A380, soit de 10%.

Justement, vous avez un pôle de recherche et développement, que représente-t-il en termes de chiffre d’affaires ?
Notre pôle de recherche et développement représente environ entre 2,5 et 3% de notre chiffre d’affaires, ce qui ne représente que la partie salaire.

Nous avons beaucoup entendu parler de retards de livraison des A380, ceci lié à un problème de câbles, quel est votre commentaire ?
Effectivement il y a eu des retards, mais pour des raisons de problèmes de connectique et non de câbles. Il faut comprendre que les connectiques sur les avions sont à base d’aluminium et c’est toujours très délicat. 

Le pôle «Revêtement de surface», qui avait notamment bénéficié du marché de l’automobile en 2007, est-il quelque peu affaibli en raison des difficultés actuelles  rencontrées par les constructeurs automobiles ?
Aujourd’hui nous ne sommes pas du tout impactés, ceci du fait que sur les marché sur lesquels nous sommes positionnés, par exemple l’aérospatial avec Airbus, il y a encore une production soutenue, notamment dans toute la série des A300 (A320, A380…).

Dans le secteur automobile où notre activité se situe sur les mises à feu d’airbags, le constat est similaire. Etant donné que dans les véhicules il y a de plus en plus d’airbags, ceci maintient inévitablement notre activité dans ce secteur également.

A l’heure actuelle il n’y a donc pas d’impact, dans la mesure où nous sommes sur des secteurs très spécialisés. Les homologations prenant dans ces secteurs plusieurs années, ceci garantit notre activité pour l’instant.

Au cours du second trimestre, les matières premières ont connu une inflation très forte, quel en a été l’impact sur les résultats du groupe ? L’évolution du dollar et la flambée des cours de pétrole ont-ils également eu une influence néfaste sur vos résultats ?
Au sujet de l’influence des cours de matières premières l’impact est nul également. Depuis presque un an, nous répercutons complètement sur le prix de nos produits les surcoûts liés aux cours. Je rappelle que c’était déjà le cas pour les métaux précieux, qui sont facturés en fonction du cours du jour.

Pour les matières premières comme le cuivre ou le nickel, nous appliquons un tarif selon la moyenne de cours du mois précédent. Ainsi nos produits qui utilisent ce type de matériaux voient leurs prix réactualisés tous les premiers de chaque mois.

A propos du dollar, c’est un petit peu différent, car effectivement il y a un impact. Nous arrivons à répercuter intégralement l’impact du dollar lors de l’achat des matières premières, cependant nous sommes impactés au niveau de la valeur ajoutée dans la zone dollar.

Toutefois, nous essayons de laisser le maximum de dollars dans notre filiale américaine, en attendant le moment opportun pour rapatrier les fonds.

Votre groupe bénéficie déjà des retombées positives du Grenelle de l'environnement, visant à développer les économies d'énergie et à limiter les émissions de CO2. Quelles perspectives cela vous ouvre-t-il ? Qu’en est-il à l’étranger ?
Non, je ne considèrerais pas que le Grenelle de l’environnement nous apporte de meilleures retombées économiques et ce, même si dans ce domaine, nous sommes soumis à des contraintes environnementales fortes.

Précisons que nous avons la certification ISO 14-2000, et que nous sommes un établissement classé, c'est-à-dire soumis à autorisations.

Quel sont vos guidances pour fin 2008 ? Où en êtes-vous de votre plan Thermo 2010 dont l’objectif est pour le groupe un chiffre d’affaires à 75 millions d’euros et un résultat opérationnel de 10% d’ici à 2010 ?
Nous tablons sur une croissance d’environ 10% à la fin 2010, soit dans la lignée de la croissance que nous avons eue ce semestre. Egalement nous attendons un résultat opérationnel en croissance et ce par rapport à celui de 2007. En résumé, nous confirmons notre plan thermo 2010.

Comment percevez-vous l’évolution de votre titre en bourse (qui a perdu près de 25% depuis le 1er janvier 2008) ?
Je considère que le cours de bourse actuel n’est pas du tout représentatif de la valeur réelle de la société. L’année précédente à la même époque, nous avions une valorisation autour des 20-23 euros (soit plus de 30 millions d’euros) ce qui, selon moi, était beaucoup plus proche de la valeur réelle de la société...

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy