Interview de Arnaud Vercruysse : Directeur général de Batla Minerals

Arnaud Vercruysse

Directeur général de Batla Minerals

Notre objectif est de valoriser la société par l’accroissement du CA

Publié le 10 Décembre 2008

Vous venez de publier vos résultats annuels 2007-2008 faisant notamment état d’un chiffre d’affaires en hausse de 72% par rapport à l’exercice 2006-2007, ainsi qu’un quasi doublement de votre bénéfice d’exploitation (34% de marge d’exploitation). Quels ont été les moteurs de cette croissance ?
Nous avons principalement renforcé notre activité diamantifère, qui constitue l’intégralité de notre chiffre d’affaires 2007-2008, en augmentant notre capacité de production avec notamment la mise en service, en avril 2007, d’une seconde ligne de tri de diamants sur le site d’exploitation situé au Lesotho.

Dans ce contexte de forte croissance de notre production, nous avons accru notre productivité et nos rendements grâce à une bonne maîtrise de nos charges. Il faut aussi souligner que nous avons profité de bonnes conditions sur le marché du diamant, qui était sur un trend assez élevé.

De combien de concessions de mines de diamant disposez-vous ?
A l’origine, nous avons débuté notre activité d’exploitation au Lesotho, qui est une royauté enclavée en Afrique du Sud ; par la suite, nous avons développé d’autres concessions dans le nord-ouest de l’Afrique du Sud, ainsi que dans la région de Kimberley ; nous détenons également une participation dans une concession située en République Démocratique du Congo, mais que nous sommes actuellement en train de céder afin de nous recentrer sur l’Afrique du Sud et ses pays limitrophes.

Vous avez obtenu une concession d’uranium en Afrique du Sud, quand pensez-vous pouvoir lancer son exploitation ?
Nous détenons effectivement les droits d’exploitation sur une concession d’uranium située en Afrique du Sud, via une participation de 74% dans la société Paddys Pad. Nous avons obtenu le certificat de prospection en février dernier.

Nous sommes en train de finaliser la dernière batterie de tests sur la principale concession dans le cadre du plan de faisabilité. Nous espérons obtenir les résultats de ces tests à la mi-janvier 2009, ce qui nous permettra ensuite d’établir le modèle opérationnel pour l’extraction de ce minerai. En fonction des résultats et des conditions de marché -nous attendons une remontée des cours de l’uranium- ,nous déciderons soit d’exploiter directement la mine, soit d’en confier l’exploitation à un tiers ou de vendre la concession.

Vous avez également acquis des droits sur une concession de tungstène…
Nous avons effectivement obtenus les droits sur l’une des plus grandes réserves de tungstène au monde, qui se situe dans l’ouest de l’Afrique du Sud. La durée d’exploitation de cette mine est d’environ 25 à 30 ans, avec des réserves potentielles estimées à près de 100 000 tonnes de tungstène, et 10 000 tonnes de molybdène.

Il s’agit de deux minerais rares et particulièrement recherchés pour la fabrication d’alliages spéciaux, utilisés notamment dans le domaine aéronautique, pour la fabrication de pièces d’usure dans la métallurgie, l’industrie minière et pétrolière… Ces minerais rentrent également dans la composition de certains éléments électriques et électroniques.

Dans la mesure où il s’agit d’un projet d’exploitation majeur, nous avons lancé à la fin du premier trimestre 2008, une étude d’impact environnemental de grande envergure qui devrait durer environ 18 mois. Nous devrions donc avoir les premiers résultats fin 2009.

Cette étude doit nous permettre de nous assurer que l’exploitation n’occasionnera pas de désagréments majeurs sur l’écosystème ou de pollution au niveau des nappes phréatiques. Elle est une condition indispensable pour l’obtention des droits miniers définitifs permettant l’exploitation.

L’évolution des cours du diamant en 2008 a-t-il eu un impact sur vos résultats ?
Au cours de l’exercice 2007-2008 nous avons profité de conditions plutôt favorables, avec un marché du diamant orienté à la hausse. Toutefois, les prix sont plus variables sur le marché du diamant pour lequel il n’existe pas de valeur de marché, comme c’est le cas pour l’or.

La valeur d’un diamant se détermine selon quatre critères : son poids (exprimé en carat), sa clarté (sa transparence), sa couleur et sa forme. Plus un diamant est pur -c’est-à-dire, moins il y a d’incrustations dedans- ,plus il offrira de reflets intéressants lors de la taille. En substance, plus un diamant est de taille importante et plus il est pur, plus sa valeur sera élevée.

Avec la crise financière, nous avons toutefois ressenti une baisse des cours en fin d’année, de l’ordre de 20-25% par rapport au début d’année.

Vos charges (de personnels, de matériels, etc.) ont-elles augmenté en raison de la conjoncture ?
Nous maîtrisons nos ratios et, dans le cadre de notre développement, nous essayons de rester dans les mêmes proportions de charges. Autrement dit, il n’y a pas eu d’impact significatif au niveau des charges que ce soit d’exploitation que des dépenses de personnels.

Notre objectif est de valoriser la société par l’accroissement du chiffre d’affaires, tout en maintenant à un niveau élevé notre rentabilité opérationnelle.

Envisagez-vous de réaliser de nouvelles acquisitions ou de nouveaux développements ?
Nous avons mis en exploitation un nouveau site, dans la région de kimberley en Afrique du Sud, il y a environ deux mois. Dans le détail, il s’agit d’une participation dans une concession diamantifère de 160 hectares pour laquelle nous avons implanté une première unité d’extraction au cours du premier semestre 2008-2009. Nous étions au début sur une base de traitement de matière allant  de 1 200 à 1 500 tonnes par jour, et nous sommes maintenant à presque 5 000 tonnes /jour.

En outre, nous poursuivons nos prospections sur le site minier de Gootdrink, dans la région de Northern Cape, afin d’identifier les principaux gisements diamantifères. Des tests supplémentaires sont en cours au dernier trimestre 2008 et, en fonction des résultats, nous déciderons de maintenir ou non une activité sur ce site.

Nous sommes, par ailleurs, toujours en négociations pour nous développer en prenant de nouvelles concessions.

De quelle enveloppe budgétaire disposez-vous pour ces opérations ?
Notre situation financière est saine, avec suffisamment de disponibilités pour réaliser de nouveaux développements, de manière raisonnable et cohérente.

Aurez-vous une politique de dividendes cette année ?
Ce n’est pas prévu pour l’instant. Comme le dit notre président, Patrick Morin (ex-PDG et fondateur de «Générale Routière», cédé à Eiffage en 2002), il est légitime d’honorer nos actionnaires ; nous espérons donc pouvoir verser des dividendes dans un futur proche. Pour l’heure, nous consacrons nos moyens à notre développement afin de valoriser davantage notre société.

Quelles sont vos perspectives chiffrées pour l’exercice 2008-2009 ?
Nous allons bientôt communiquer notre chiffre d’affaires du premier semestre, clos au 30 septembre 2008, mais pour le moment, nous constatons qu’à mi-exercice 2008-2009, Batla Minerals a déjà réalisé, en rand sud-africain, à peu près 75% du chiffre d’affaires dégagé sur la totalité de l’exercice précédent.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy