Interview de Jean-Pierre Gorgé : Président du Conseil d’Administration d’Auplata

Jean-Pierre Gorgé

Président du Conseil d’Administration d’Auplata

L’or a cette particularité qu’il n’y a jamais de problème de marché

Publié le 19 Octobre 2009

L’or ne cesse de battre des records à plus de 1000 dollars l’once, depuis mi-septembre. Comment jugez-vous le cours actuel du métal jaune ?
Le fait qu’Auplata produise de l’or ou prenne des positions industrielles et patrimoniales sur des droits miniers ne nous confère pas pour autant une connaissance parfaite des fondamentaux du marché de l’or. J’ai plutôt tendance à avoir une vision qui est celle du terrain : si l’or monte nous pouvons alors vendre notre production à des cours plus élevés,  ce qui constitue une excellente chose en tant que producteur.

Ce que l’on peut toutefois dire, c’est que pour des raisons environnementales, il y a de plus en plus de pays pour lesquels l’extraction de l’or primaire devient plus difficile et contraignante qu’elle ne l’était dans le passé. C’est d’ailleurs le cas en Guyane française, où les exploitations aurifères doivent désormais être totalement vertueuses face aux règles environnementales et sociales de notre pays. Ce n’est pas encore le cas partout, mais dans la mesure où l’extraction de l’or devient de plus en plus respectueuse de certaines normes environnementales mondiales, cela pourrait contribuer à moyen-long terme à influencer à la hausse les cours de l’or.

L’or a cette particularité qu’il n’y a jamais de problème de marché. Produire de l’or c’est comme produire de l’argent : il n’y a aucun problème pour revendre sa production.

Certains investisseurs anticipent une progression jusqu’à 2000 dollars l’once d’ici 10 ans…
Nous pensons effectivement que le prix de l’or va encore augmenter dans la mesure où l’offre n’est pas éternellement extensible et qu’il y a un intérêt spéculatif en période d’incertitude économique. L’or joue toujours son rôle de valeur refuge, ce qui s’est d’ailleurs vérifié dans la crise actuelle.

Je pense fondamentalement que le plafond de 1000 dollars n’en est pas un, et qu’on peut très bien avoir, d’ici quelques mois, des cours nettement plus élevés.

Le nombre de grands gisements d’or serait en diminution, influant ainsi à la hausse le prix de l’or…
Dans le secteur minier, on exploite toujours ce qui est le plus facile à exploiter. La loi des rendements décroissants joue dans ce secteur-là comme dans bien d’autres, notamment le pétrole. Il existe évidemment des gisements inexplorés et aussi inexploités. Mais ces gisements ont de plus en plus d’inconvénients : ils sont très loin des voies de communication, ils se trouvent dans des pays avec une situation difficile ou ils sont, sur un plan géologique, moins intéressants, c’est-à-dire avec des teneurs plus faibles ou mélangé avec d’autres minerais.

Quels sont les défis à relever des producteurs d’or ?
Pour ma part, en tant que producteur d’or de taille moyenne implanté uniquement en Guyane française, le défi principal est aujourd’hui la mise en œuvre un nouveau procédé de traitement des minerais par voie chimique qui serait totalement inoffensif pour l’environnement, avec des rendements supérieurs à ceux obtenus par gravimétrie.

Notre second défi, consiste à nous doter d’un portefeuille de titres miniers importants de telle sorte que l’on puisse être une société qui a une pérennité d’existence en termes de ressources accessibles, en vue d’une exploitation par nous-mêmes ou en partenariat avec d’autres producteurs. Il est impératif, pour tout producteur digne de ce nom, de disposer de réserves d’or garantissant plusieurs années d’exploitation.

C’est d’ailleurs le sens de l’accord que nous avons signé avec un grand groupe minier international qui nous cèderait ses positions en Guyane française.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy

nicolas