Interview de Fabienne Lecorvaisier : Directeur Finances et Contrôle de gestion d'Air Liquide

Fabienne Lecorvaisier

Directeur Finances et Contrôle de gestion d'Air Liquide

Notre croissance est avant tout organique, mais nous restons attentifs à toutes les opportunités d’acquisitions

Publié le 17 Février 2010

Votre groupe a publié ses résultats annuels, faisant notamment état d’un CA en repli de 6,2%, mais d’une progression du résultat net de 0,8%. Quel commentaire vous inspire ces résultats ? Quels ont été les moteurs de croissance sur l’exercice 2009 ?
Dans un contexte économique mondial particulièrement dégradé, la baisse très limitée de nos ventes à -6,2% en base comparable pour le groupe et surtout à -4,8% seulement pour les activités Gaz et Services, témoigne de la résistance de notre modèle économique :

- Nos activités Santé ont continué à croître de manière dynamique à plus de 7% sur l’année, dans le domaine notamment des soins à domiciles où nous avons gagné de nouveaux contrats en Europe et dans l’hygiène, grâce à la progression des solutions hydro alcooliques dans le contexte de la grippe A ;
- L’activité Grande Industrie est restée stable, soutenue par la structure de nos contrats qui prévoient des volumes d’enlèvement minimaux garantis.
- L’activité Industriel Marchand, qui couvre les ventes de gaz en vrac et en bouteilles, a retrouvé une croissance soutenue dans les économies émergentes sur la seconde partie de l’année, mais connaît une reprise qui n’est que progressive dans les économies matures ;
- Enfin l’Electronique, qui a connu une baisse extrêmement significative en début d’année, voit la demande de gaz se redresser de manière séquentielle, mais demeure sur des niveaux très bas de ventes d’Equipements et d’Installation… Ceci confirme la reprise des cycles de consommation, alors que le cycle d’investissements n’a pas encore redémarré.

Au total, dans un contexte où beaucoup de nos clients connaissaient des baisses de volume de 20 à 30%, il nous semble que nos métiers ont bien résisté.

Votre marge opérationnelle a atteint un niveau exceptionnel, de 16,3%. Pourriez-vous revenir sur les éléments ayant permis une telle progression ?
Dès le début de la crise, fin 2008, nous avons choisi de recentrer notre gestion sur la gestion de la trésorerie et le contrôle des coûts.

Nos projets d’efficacité, initiés dans le cadre de notre programme d’entreprise ALMA, ont été accélérés et ont permis de dégager 335 millions d’euros en 2009.

Il s’agit là d’économies structurelles liées à la globalisation de nos achats avec le déploiement d’une organisation dédiée, ainsi qu’à de très nombreux projets de productivité industrielle, de réduction de la consommation énergétique et d’optimisation de la chaîne logistique.

Le succès de ces projets, associé à des réductions de coûts plus conjoncturelles, nous ont permis d’amener la marge à un niveau record pour Air Liquide.

Quelles sont vos perspectives pour 2010 ?
A court terme, la reprise de l’activité se confirme, avec cependant des profils contrastés : un retour à des taux de croissance «pré-crise» dans les économies émergentes mais une reprise beaucoup plus lente dans les économies matures. Nous restons donc prudents. Nous visons en 2010 une nouvelle croissance du résultat net, dans la continuité de nos performances historiques. L’activité sera soutenue notamment par un nombre très important de démarrages de nouvelles unités, puisque 20 sont prévus en 2010 contre 15 en 2009.

Benoît Potier a indiqué vouloir poursuivre les investissements en 2010, de quels investissements s’agit-il ? Pour quel montant ?
Nos investissements industriels se sont élevés à 1,4 milliard d’euros en 2007, 1,9 milliard d’euros en 2008 et ont atteint, grâce à une plus forte sélectivité, 1,4 milliard d’euros en 2009.

Forts de l’amélioration de nos capacités financières en 2009, et notamment d’une réduction de la dette nette de 600 millions d’euros, nous abordons 2010 avec une capacité d’investissement renforcée. Par ailleurs, notre portefeuille d’opportunités s’est également accru, ce qui devrait nous permettre de revenir progressivement vers des investissements de l’ordre de 14 à 15% de nos ventes.

En termes de croissance externe, quel profil de cible privilégierez-vous ? Comptez-vous d’ailleurs assurer votre expansion dans les pays émergents via des acquisitions ?
Notre croissance est avant tout organique et liée au développement de nouveaux projets. Nous restons cependant extrêmement attentifs à toutes les opportunités d’acquisitions, que ce soit dans les économies matures ou émergentes. A titre d’exemple, nous réalisons très régulièrement de petites acquisitions dans le domaine de la santé pour développer nos parts de marchés régionales.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy

nicolas