Interview de Jean-François  Fourt : Président d'Auplata

Jean-François Fourt

Président d'Auplata

Notre future usine nous permettra de produire de façon beaucoup plus rentable

Publié le 14 Juin 2016

Auplata vient de lancer une augmentation de capital de 10,5 millions d'euros avec maintien du droit préférentiel de souscription. A quoi va servir cette levée de fonds ?
Cette augmentation de capital est destinée à financer la construction de notre première usine de traitement par cyanuration du minerai d'or sur le site de Dieu Merci, en Guyane. Nous avons obtenu l'autorisation ICPE fin 2015 et avons déjà lancé les travaux de préparation géologique et de "basic engineering" afin de pouvoir démarrer les travaux proprement dits lors de la saison sèche, à l'automne prochain. La mise en service est prévue au 2ème trimestre 2017.
Grâce à cette usine nous allons pouvoir valoriser nos réserves qui jusqu'à présent n'étaient pas exploitables, en particulier 1,5 million de tonnes de résidus de l'exploitation antérieure par gravimétrie qui renferment une grande quantité d'or. Nous avons pour objectif de produire 600 kg d'or par an à partir de cette usine, qui pourra également traiter du minerai issu d'autres producteurs locaux.

Vous chiffrez vos investissements totaux sur ce site à 15 millions d'euros. Que recouvrent-ils ?

Outre les coûts de construction de l’usine, estimés à 10 millions d'euros, ce budget intègre des coûts de prospection des terrains situés à proximité de l’usine afin de trouver de nouvelles réserves à exploiter lorsque nous aurons traité les rejets existants (jusqu’à 3 M€), ainsi que les coûts de fonctionnement de l’usine pour environ 2 M€. Je précise que les coûts de logistique seront très faibles, l'usine étant accessible par la route contrairement à d'autres sites dans la région.

Pourquoi misez-vous tant sur cette usine ?

Cette usine est une étape essentielle de la transformation stratégique d'Auplata, en tant que premier producteur d'or français. La technique de cyanuration nous permettra de produire de façon beaucoup plus rentable qu'auparavant, tout en respectant nos engagements en matière d'environnement. Notre objectif est de déployer d'autres usines de cyanuration dans les endroits où nous avons des bassins de rejet importants, comme à Yaou (Guyane), où nous espérons démarrer une unité en 2018. Nous ne voulons pas produire de grandes quantités mais de façon très rentable. L'autre volet de notre stratégie est de valoriser notre portefeuille de permis auprès des majors de l'industrie minière. Nous avons déjà signé plusieurs partenariats en Guyane avec Newmont Mining, Nordgold et plus récemment Newcrest Mining en Côte d’Ivoire. Ces grands groupes sont attirés par notre expertise dans le domaine administratif – les demandes d'autorisations- et désormais par notre maîtrise des techniques de cyanuration puisque nous sommes les premiers à avoir obtenu une telle autorisation en Guyane.

Ces partenaires industriels vont-ils souscrire à l'augmentation de capital ?

Ces majors n'ont pas vocation à investir au capital d'Auplata, en revanche elles financent les programmes d’exploration et investissent via des coentreprises avec Auplata. A titre d’exemple, Newmont Mining a déjà investi 3 M$ en moins de 2 ans, et a fait part de son intention d’initier la 2nde phase qui prévoit un engagement de dépenses d’exploration de 9 M$. C'est beaucoup plus important pour nous qu'ils soient à nos côtés sur le terrain qu’au sein de notre capital. S'agissant de l'augmentation de capital en cours, nous avons déjà reçu des engagements de souscription de la part d'investisseurs représentant 8,5 millions d'euros, soit 80% du montant de l'opération.

Quelles sont vos prévisions de chiffre d'affaires pour l'année en cours ?

Nous n'avons pas donné de prévision chiffrée. 2016 est une année de transition pour Auplata. Grâce à la construction de notre usine de Dieu Merci, nous sommes sur le chemin d'une croissance rentable et maîtrisons désormais totalement nos coûts.

Propos recueillis par François Schott