Interview de Pascal Bouchiat : Directeur Général Adjoint en charge des Finances de Rhodia

Pascal Bouchiat

Directeur Général Adjoint en charge des Finances de Rhodia

Pour des business comme Novecare et Silcea, nous pourrions considérer des acquisitions de taille relativement faible

Publié le 08 Novembre 2007

Un commentaire sur les résultats trimestriels que vous venez de publier ?
Ce sont de bons résultats, qui ont été salués par les marchés financiers. Nous avons enregistré une bonne dynamique sur nos marchés qui s’est traduite par une croissance de nos volumes de 9% et le maintien d’une solide augmentation des prix de 3%, avec à l’appui une progression de 20% de notre Ebitda.

A noter sur le troisième trimestre : la génération de free cash flow à 53 millions d’euros. Sur l’année 2007, nous prévoyons de générer un free cash flow supérieur à 100 millions d’euros.

En outre, nous pensons atteindre un ratio dette nette sur Ebitda récurrent inférieur à deux dès cette année, soit avec un an d’avance par rapport à nos objectifs.

Ce sont probablement les éléments les plus significatifs des ces résultats, qui ont été les mieux perçus par les marchés.

D’une manière générale, grâce à la «qualité» de notre portefeuille, et du fait du recentrage de nos activités sur des marchés en croissance, nous sommes aujourd’hui tout à fait confiants pour l’avenir, en particulier sur notre capacité à générer une croissance rentable et durable.
   
Votre bénéfice opérationnel progresse de 2,7%, alors que votre résultat net recule de 36% à 45 millions d’euros ? A quoi attribuez-vous ces évolutions ?
Au 3ème trimestre 2006, notre résultat Opérationnel et notre résultat Net ont été impactés par des éléments exceptionnels.

Une plus-value de cession de l’ordre 27 millions d’euros a positivement impacté notre résultat opérationnel, et une reconnaissance d’impôts différés aux Etats-Unis pour un montant de 34 millions d’euros, le résultat net.

Retraités de ces éléments exceptionnels, notre résultat opérationnel s’affiche en augmentation de 35% par rapport à l’année précédente. Vous notez également que nous passons de 9 à 45 millions d’euros en terme de résultat net, ce qui est une belle performance, sachant que sur le troisième trimestre 2007, nous n’avons pas d’élément exceptionnel.

Vous avez dégagé un free cash flow positif de 53 millions d’euros au troisième trimestre. Quelle sera son affectation ?
En matière d’affectation de free cash flow, il y a, généralement, trois types d’utilisation possibles :
reverser à nos actionnaires, par le biais de dividendes
le financement de nos projets de croissance
la poursuite de la réduction de notre dette

Il est sans doute un peu tôt pour se positionner et nous communiquerons probablement là-dessus lors de l’annonce des résultats de l’exercice 2007.
Pour autant, nous avons dit que pour Rhodia, l’année 2007 serait une année importante de retour à une génération de free cash flow et nous travaillons sur un certain nombre de projets de croissance. Nous prendrons la décision qui nous permettra de créer un maximum de valeur pour nos actionnaires.

L’impact des changes sur vos résultats a été négatif de 22 millions d’euros. Comment êtes-vous parvenu à le compenser et quelle sera votre politique de couverture à l’avenir ?
Sur le seul troisième trimestre, le groupe a supporté 22 millions d’euros d’effet de change liés à la faiblesse du dollar, tant vis-à-vis de l’euro que du real brésilien, puisque nous sommes très présents dans ce pays.

Nous sommes parvenus à compenser l’impact change en continuant à augmenter nos prix en monnaies locales dans la totalité des business de Rhodia. Sur le plan des volumes, tous nos business, à l’exception d’Organics qui est une activité en restructuration, ont eu une croissance positive. C’est la qualité de notre portefeuille constitué de métiers dans lesquels nous avons des positions de leadership qui nous a permis d’atteindre cette performance.

Quant à notre politique de couverture, nous avons engagé des protections par des ventes forward (ventes à terme) dollar contre euro, afin de compenser une partie de l’appréciation de l’euro et du réal par rapport au dollar.

Enfin, concernant Acetow, un business directement impacté par la baisse du dollar, nous avons annoncé la mise en œuvre d’un plan de réduction de coûts  visant à améliorer ses marges. Nous jouons donc sur plusieurs tableaux…

Dans le même registre, comment allez-vous répercuter la flambée des prix du pétrole sur vos clients ?
C'est une problématique qui est assez similaire aux changes.

Depuis déjà 2004, trimestre après trimestre Rhodia, s’est montré capable de compenser l’augmentation du coût des matières premières, en particulier celle du pétrole, par des augmentations des prix de vente. Nous continuons dans cette voie. C’est la qualité de nos business dans lesquels nous détenons des positions de leader, qui rend possible l’augmentation de nos prix de vente.

Sur les neuf premiers mois de l’année 2007, les coûts de matières premières dépassent 100 millions d’euros et nous avons réussi à passer des augmentations de prix de de l’ordre de 155 millions d’euros...

Quels sont vos objectifs pour la fin de l’exercice en cours et pour l’exercice à venir ?
Pour 2007, nous confirmons une croissance très significative de l’Ebitda récurrent du groupe.

Deux autres objectifs pour le groupe : une génération de free cash flow supérieure à 100 millions d’euros en 2007 et un ratio dette sur Ebitda inférieur à deux à fin 2007. C’est un objectif que nous nous étions fixé pour la fin 2008, mais que nous pensons être capables d’atteindre avec un an d’avance.

Pour l’exercice 2008, nous avons confirmé l’objectif d’une marge Ebitda supérieure à 15%, sans prendre en compte nos crédits d’émissions carbone (CER).

Au chapitre de la croissance externe, que pouvez-vous nous dire de l'acquisition d'une activité du groupe américain Grace pour 15 millions d'euros ?
Il s’agit d’une acquisition que nous avons finalisée au troisième trimestre de cette année. C’est une activité de production d’alumines pour catalyseurs automobiles, qui vient compléter le savoir-faire technologique de l’entreprise Silcea, très présente sur le marché de la dépollution automobile.

Ce marché est en croissance forte, notamment en raison des nouvelles règles environnementales, qui rendent de plus en plus sévères les actions de réduction pour l’industrie automobile.
 
Avez-vous d’autres dossiers à l’étude et quels sont les secteurs que vous souhaitez privilégier ?
Nous avons dit clairement que la croissance pour Rhodia proviendrait d’abord de la croissance organique. Pour des business comme Novecare et Silcea qui opèrent dans des industries encore fragmentées, nous pourrions considérer des acquisitions de taille relativement faible, de façon à renforcer nos positions dans ces deux business.

C’est le cas de l’acquisition de l'activité Alumine de Grace. Nous travaillons effectivement aujourd’hui sur d’autres possibilités, mais il est encore trop tôt pour être plus précis…

Concernant votre filiale Organics, où en êtes-vous dans la restructuration de l’activité de chimie fine. Quel impact aura la fermeture de l’unité de production de paracétamol sur le site de Roussillon en France et l’arrêt des activités du site d’Avonmouth au Royaume Uni ?
Au sein d’Organics, l’activité diphénols dispose d’un taux de rentabilité très satisfaisant, avec une marge d'Ebitda de 18,5%. C’est un business sur lequel nous avons des positions de leader mondial et pour lequel nous avons démarré une nouvelle unité de production en Chine.

Le reste des activités -Organique Fine et Isocyanates- représentent 550 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit les 2/3 de l’entreprise, avec une marge de seulement 6%. Ces activités se situent dans des marchés où il y a une surcapacité, avec des acteurs asiatiques importants. Nous avons annoncé un certains nombre de projets : la fermeture d’un site à Mulhouse en France, celle de l’usine Avonmouth au Royaume-Uni et celle de l’atelier paracétamol sur l’usine de Roussillon en France. Ceci illustre notre volonté de continuer à restructurer et sortir à terme, de ces activités de chimie organique fine dont la rentabilité est très faible.

Un commentaire sur la sanction infligée par l'Autorité des marchés financiers (AMF) en juin dernier à propos de l’information financière de Rhodia (à compter du 31 décembre 2001) ?
Tout ça c’est le passé du groupe. Nous regardons l’avenir… 

Le dernier mot pour vos actionnaires.
Nous sommes optimistes pour l’avenir. Rhodia dispose aujourd’hui de positions de leader mondial sur des marchés en croissance. Nous sommes confiants dans notre capacité à générer une croissance rentable pour la société et l’ensemble de ses actionnaires.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy