Interview de Patrick Findeling : PDG de Plastivaloire

Patrick Findeling

PDG de Plastivaloire

Nous sommes relativement libres pour cibler des croissances externes ou créer des sociétés à l’étranger pour un montant de 10, 20 ou 40 millions d’euros

Publié le 09 Janvier 2008

Vous venez de publier vos résultats annuels 2006-2007, qui font notamment état d’une progression du CA de 14,4% à 224 millions d’euros sur 12 mois. Quel commentaire vous inspirent-ils ?
Je suis globalement satisfait de ces résultats, et je suis satisfait également de l’évolution des résultats tels que je les vois pour l’exercice en cours (2007/2008).

Quels ont été les moteurs de cette croissance ? Quels sont les secteurs (équipements auto, TV-vidéo, etc.) ayant contribué à votre développement ?
En premier lieu, la croissance a été tirée par le secteur de la télévision où nous sommes devenus le leader européen incontesté. La TV-vidéo est notre premier secteur d’activité. Il représente 40% du CA.

L’électricité est également un secteur en forte croissance qui a augmenté de 63,5% à 22,4 millions d’euros.

Nous avons également pris des marchés dans l’automobile qui, l’an dernier, avait été un marché que nous avions essayé de remettre en ligne de rentabilité. La politique que l’on a mené me paraît avoir été bien fondée et nous permet aujourd’hui d’avoir des marchés dans l’automobile qui sont pérennes et rentables.

La France demeure une zone d’activité difficile pour Plastivaloire, mais vous avez indiqué avoir pratiquement retrouvé l’équilibre sur 2006-2007. Comment voyez-vous évoluer votre activité à court/moyen terme ? Faut-il craindre d’autres restructurations d’usines, comme celle de votre site d’Amiens ?
A court terme, il n’est pas prévu de réaliser d’autres restructurations. A moyen terme, je ne ferai que suivre mes clients. Autrement dit, si l’automobile ferme un maximum d’usines en France, je ne pourrai pas continuer de fabriquer des pièces en France pour les faire monter en République Tchèque !

Aujourd’hui, pour 2008, je ne vois pas de restructurations, et notre objectif pour 2009-2010-2011 est de stabiliser notre production en France, au niveau où elle se trouve actuellement.
Si nous avons des opportunités de croissance, nous le ferons avec plaisir, mais pour l’heure, je n’ai aucune certitude.

A l’étranger en revanche, votre groupe tire son épingle du jeu, affichant une progression de 59,3% sur 12 mois. Pourriez-vous retracez dans les grandes lignes votre plan de développement hors de France ? Quels sont les secteurs ayant tiré la croissance ?
Notre croissance à l’étranger a profité de la télévision, en particulier avec l’acquisition en 2006 d’une entreprise en Hongrie, qui a réalisé une croissance exceptionnelle en 2006/2007 (+146,8% à 26,9 millions d’euros).

L’Espagne a doublé son chiffre d’affaires en 2006/2007 (+118,5% à 14,2 millions d’euros), et la Roumanie a augmenté son chiffre d’affaires de +46,4% à 14,2 millions d’euros...

Cela signifie que la quasi-totalité de nos sites à l’étranger sont devenus maintenant tout à fait matures et en production optimum par rapport aux objectifs que nous nous étions fixés.
Notre stratégie est de poursuivre notre développement à l’étranger. Nous allons d’ailleurs augmenter la surface de plusieurs sites industriels.

Plastivaloire est présent en Espagne, en Tunisie, en Pologne, en Hongrie et en Roumanie. Envisagez-vous de vous implanter dans d’autres régions du monde ? Quels secteurs allez-vous privilégier ?
Pour l’instant, nous souhaitons nous focaliser sur l’Europe de l’Est, avec des pays comme la République Tchèque, la Slovaquie, l’Ukraine et la Russie…

Nous avons également des velléités de commencer à discuter en dehors de l’Europe et si nous devions nous aventurer quelque part hors de cette zone, ce serait probablement en Inde. Mais nous n’en sommes encore qu’aux balbutiements…

Ce serait pour suivre des clients dans les secteurs dans lesquels nous intervenons, c’est-à-dire dans l’automobile, la télévision et l’électricité…

D’ailleurs un certain nombre de nos clients produisent déjà en Inde. Ceci étant, nous excluons totalement l’idée d’aller en Chine : c’est un pays que nous ne souhaitons absolument pas conquérir compte tenu des difficultés que rencontrent mes collègues pour y rester.

De quelle marge financière disposez-vous pour réaliser ces opérations ?
Nous disposons, en cash, entre 10 et 20 millions d’euros, avec des possibilités d’emprunt du même ordre, ce qui signifie que nous sommes relativement libres pour cibler des croissances externes ou créer des sociétés à l’étranger, pour un montant global de 10, 20 ou 40 millions d’euros.
 
Que représentent vos principaux clients en termes de chiffre d’affaires ?
Notre principal client est Philips, qui va de la télévision à l’éclairage en passant par les décodeurs et les téléphones, et qui représente un peu moins de 30% de notre CA aujourd’hui. Ensuite, nous avons 3 ou 4 clients qui représentent entre 8 et 10% du CA, dont des clients comme Faurecia ou Valeo dans l’automobile, ou Legrand dans l’électricité.

Globalement, une dizaine de clients représentent environ 70% du CA et, à 80% au moins, nous travaillons avec des clients de renommée internationale.

Quelles sont vos objectifs pour l’exercice 2007-2008 ?
Nous visons un objectif de chiffre d’affaires de 240 millions d’euros, donc en progression de 7%, dont plus de 55% seront produits à l’étranger. Nous souhaitons également améliorer notre marge opérationnelle. Notre objectif est une marge opérationnelle supérieure à 4%.

Quel constat tirez-vous de l’évolution de vos marchés ?
Le marché de la plasturgie est en train de s’épurer : il y a 2-3 ans, il existait encore de petits injecteurs qui cassaient les marchés en faisant des prix totalement délirants.

Aujourd’hui, nombre d’entre eux ont déposé le bilan ou sont sur le point de le faire, ce qui veut dire que l’ensemble du marché actuellement me paraît s’être assaini.

L’augmentation du prix des matières premières (du pétrole notamment) peut-elle avoir un impact sur vos activités ?
Tous nos marchés sont indexés sur les matières premières, c’est-à-dire que tous les trimestres nous réactualisons à la hausse ou à la baisse le prix de nos produits compte tenu du prix de la matière première. Ce risque est donc nul.

Par ailleurs, nous ne sommes indexés qu’indirectement sur le prix du baril de pétrole, et ce n’est pas parce que son prix augmente de 30% que le plastique en fait autant.

Etes-vous satisfaits du cours de votre titre ?
Le marché est quelque chose que je ne maîtrise pas mais j’espère que le marché valorisera mieux PVL au cours des mois à venir, étant données nos bonnes perspectives de croissance et de rentabilité.

Le mot de la fin pour vos actionnaires…
Je leur fais totalement confiance et les remercie de nous avoir fait confiance depuis plusieurs années.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy