Hassen Rachedi
Président-directeur général de HRS (Hydrogen Refueling Solutions)
Les stations de rechargement à hydrogène vont être multipliées par 90 d'ici 2040
Publié le 02 Février 2021
Pour commencer, pourriez-vous nous présenter la trajectoire professionnelle qui vous a amené à la création de votre entreprise ?
J’ai exercé pendant quinze ans le métier de tuyauteur. Puis j’ai été conducteur de travaux avant d’évoluer comme chargé d’affaires. En 2004, je suis devenu entrepreneur en créant TSM, devenu depuis HRS. Nous nous sommes d’abord lancés dans la tuyauterie industrielle pour applications critiques, dans le domaine nucléaire notamment. Puis, tout en gardant cette activité, nous sommes entrés sur le marché de l’hydrogène pour intégrer et fabriquer des stations pour le compte d’Air Liquide. Enfin, en 2019, nous sommes devenus à la fois concepteur et fabricant de stations sous notre propre marque après avoir internalisé verticalement tous les savoir-faire correspondants. Cette expérience technique approfondie de la filière et l’importance attribuée aux ressources humaines sont le socle de l’identité de notre société, qui compte à ce jour 34 salariés.
Quelle est la spécialité de HRS ?
En un mot : l’hydrogène. HRS conçoit et fabrique les stations de rechargement des véhicules à hydrogène. Dans un contexte de transition énergétique vers une mobilité décarbonée, soutenue par un grand nombre d’États, nous occupons une place centrale. Notre offre est actuellement la plus aboutie du marché, et assez mature pour viser un déploiement rapide en France et à l’international. Depuis notre origine, nous avons livré 34 stations, ce qui représente 17 % du parc européen existant. Le marché va connaître un fort déploiement au cours des prochaines années : d’ici 2040, le nombre de stations à forte capacité existantes, objectif principal de notre développement, va être multiplié par quatre-vingt-dix pour atteindre le chiffre impressionnant de 15 000 stations en Europe !Quels sont les atouts propres à l’hydrogène ?
Ils sont nombreux. D’abord, l’hydrogène représente un pouvoir énergétique très important de 140 Kj / Kg, soit trois fois plus que celui de l’essence. Ensuite, il peut être produit selon des méthodes très différentes : par l'industrie du gaz et des hydrocarbures ou par électrolyse de l’eau, alimentée à partir d’énergie fossile, d’électricité nucléaire ou d’électricité issue des énergies renouvelables. Nos stations sont d’ailleurs conçues pour rendre possible le recours à l’ensemble de ces techniques. Enfin, bien sûr, c’est une technologie « propre » qui représente le pilier d’une stratégie énergétique neutre en carbone. Elle incarne une alternative crédible aux énergies fossiles actuellement utilisées dans le domaine de la mobilité. Et sa part, actuellement de 2 % dans le mix énergétique en Europe, est amenée à atteindre 15 % en en 2050.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce que signifie « rouler à l’hydrogène » ?
Concrètement, le principe est d’acheminer l’hydrogène du réservoir vers une pile à combustible où il est mélangé à l’oxygène de l’air. Les molécules ainsi recombinées génèrent de l’électricité en rejetant seulement de la vapeur d’eau . C’est une manière de combiner les atouts d’un véhicule électrique qui ne cause aucune émission, et les performances d’un véhicule thermique favorisant l’autonomie grâce à un plein réalisé en cinq minutes. À titre indicatif, pour un véhicule de tourisme, il faut compter à peu près un kilogramme d’hydrogène pour 100 km. L’hydrogène peut se stocker sans s’altérer, pour un coût approximatif de 60 € au plein pour un véhicule de tourisme permettant de parcourir 700 km. Ce prix est amené à diminuer significativement dans les prochaines années.
En 2021, que représente votre marché en termes de recours aux véhicules à hydrogène ?
Ce marché existe déjà et est amené, comme expliqué plus tôt, à exploser dans les trente années qui viennent. Selon les secteurs, il présente une maturité différente. Le plus avancé est celui des chariots élévateurs, déjà en utilisation au service de grandes enseignes. La mobilité lourde, catégorie des bus urbains, des camions, des bennes à ordures ménagères et des engins de travaux publics, présente elle aussi une belle dynamique de de croissance, comme l’a récemment montré Daimler avec l’annonce d’une gamme de véhicules pour 2023. Du côté de la mobilité légère, de nombreux constructeurs dans le monde comme Honda, Toyota ou Renault, proposent déjà des modèles à hydrogène et vont développer leur production de manière très volontaire dans les années qui viennent : les prévisions pour 2025 sont de 400 millions de véhicules, 15 millions de bus et 5 millions de camions. En 2019, on en comptait 23 000 ! Grâce notamment au soutien actif des plans gouvernementaux, le développement de l’infrastructure va logiquement accompagner ce mouvement, et représenter, sur les dix prochaines années, un marché de huit milliards d’euros en Europe.Sur quelle proposition de valeur supérieure à vos concurrents vous positionnez-vous ?
HRS s’appuie sur une forte expertise technologique qui est enrichie par les partenariats et collaboration à forte valeur ajoutée, comme avec le CEA pour l’amélioration des techniques du froid et la recherche de performance destinée à une application aéronautique. Dans le domaine de l’hydrogène vert qui aujourd’hui mobilise les énergies, nous avons déjà engrangé des succès majeurs. C’est le cas notamment avec HYBALANCE, où nous avons fourni la seule station de ravitaillement en Europe fonctionnant 100 % en hydrogène vert, située au Danemark. Le projet HyGo, qui nous lie à l’industriel Michelin, et ZEV, le plus grand projet régional actuel en France conçu avec Engie, donnent eux aussi une idée de notre maîtrise du sujet. Un atout de HRS, c’est aussi d’être agnostique aux techniques d’électrolyse. Ce qui nous laisse libres de nouer les alliances que nous voulons, sans s’interdire pour autant la possibilité d’un accord exclusif pour une offre globale de production-distribution. Concrètement, nos stations présentent des avantages cruciaux : une fabrication rapide, une conception modulaire, fiable et sécurisée, un accompagnement complet, un débit élevé, une maintenance facilitée… et tout cela à un prix compétitif.Quelles sont vos perspectives de croissance actuelles ?
Depuis la création de l’entreprise, la quasi-totalité de nos exercices comptables ont été positifs. La rentabilité fait partie de notre ADN. En chiffre d’affaires tout d’abord, puisque de 2,5 millions d’euros en 2020 nous visons plus de 10 millions d’euros en 2021, le double en 2022, puis plus de 85 millions en 2025. Pour cela, nous nous appuyons sur un carnet de commandes déjà bien orienté avec 3 stations à livrer entre mi-2020 et mi-2022, et un objectif d’une centaine d’ici cinq ans. Chaque livraison ouvre aussi un contrat d’entretien en plus d’une marge brute par station de 40 %. Nous prévoyons aussi un développement international par l’ouverture de bureaux commerciaux et une stratégie d’alliances géographiques avec des partenaires, d’abord en Europe puis aux États-Unis. Dans cette configuration, avec quels objectifs réalisez-vous votre introduction en bourse ?
HRS entre sur le marché Euronext Growth avec pour objectif principal d’accélérer son déploiement en levant 70 millions d’euros. C’est d’abord l’occasion de nous donner les moyens de générer de la croissance organique et de disposer de stocks suffisamment dimensionnés pour répondre rapidement à la demande. Notre stratégie repose aussi sur le doublement de la capacité industrielle actuelle, et sur la création d’un nouveau centre d’essais opérationnel en juin 2022 pour un investissement de 15 millions d’euros. Nous prévoyons également d’embaucher en renforçant nos équipes commerciales et technologiques, et enfin de financer de la croissance externe destinée à renforcer nos parts de marché et consolider notre savoir-faire technologique. Tous ces éléments sont à replacer dans le contexte d’une ambition de développement rapide à l’international, favorisée par l’entrée sur le marché boursier. La Bourse va enfin renforcer une politique RSE engagée, en permettant notamment de destiner 2 % des actions mises en vente aux salariés de l’entreprise.
Pour conclure, existe-t-il une raison de douter du développement à venir de l’hydrogène ?
Aucune. Notre projet est certes ambitieux, mais la très forte croissance de la filière hydrogène est inexorable dans le contexte actuel de transition énergétique volontariste vers une mobilité neutre en carbone. Dans cet environnement porteur, la maturité de notre offre et la maîtrise de nos compétences actuelles nous poussent naturellement à jouer un rôle de tout premier plan dans le développement mondial du transport basé sur l’hydrogène.
J’ai exercé pendant quinze ans le métier de tuyauteur. Puis j’ai été conducteur de travaux avant d’évoluer comme chargé d’affaires. En 2004, je suis devenu entrepreneur en créant TSM, devenu depuis HRS. Nous nous sommes d’abord lancés dans la tuyauterie industrielle pour applications critiques, dans le domaine nucléaire notamment. Puis, tout en gardant cette activité, nous sommes entrés sur le marché de l’hydrogène pour intégrer et fabriquer des stations pour le compte d’Air Liquide. Enfin, en 2019, nous sommes devenus à la fois concepteur et fabricant de stations sous notre propre marque après avoir internalisé verticalement tous les savoir-faire correspondants. Cette expérience technique approfondie de la filière et l’importance attribuée aux ressources humaines sont le socle de l’identité de notre société, qui compte à ce jour 34 salariés.
Quelle est la spécialité de HRS ?
En un mot : l’hydrogène. HRS conçoit et fabrique les stations de rechargement des véhicules à hydrogène. Dans un contexte de transition énergétique vers une mobilité décarbonée, soutenue par un grand nombre d’États, nous occupons une place centrale. Notre offre est actuellement la plus aboutie du marché, et assez mature pour viser un déploiement rapide en France et à l’international. Depuis notre origine, nous avons livré 34 stations, ce qui représente 17 % du parc européen existant. Le marché va connaître un fort déploiement au cours des prochaines années : d’ici 2040, le nombre de stations à forte capacité existantes, objectif principal de notre développement, va être multiplié par quatre-vingt-dix pour atteindre le chiffre impressionnant de 15 000 stations en Europe !Quels sont les atouts propres à l’hydrogène ?
Ils sont nombreux. D’abord, l’hydrogène représente un pouvoir énergétique très important de 140 Kj / Kg, soit trois fois plus que celui de l’essence. Ensuite, il peut être produit selon des méthodes très différentes : par l'industrie du gaz et des hydrocarbures ou par électrolyse de l’eau, alimentée à partir d’énergie fossile, d’électricité nucléaire ou d’électricité issue des énergies renouvelables. Nos stations sont d’ailleurs conçues pour rendre possible le recours à l’ensemble de ces techniques. Enfin, bien sûr, c’est une technologie « propre » qui représente le pilier d’une stratégie énergétique neutre en carbone. Elle incarne une alternative crédible aux énergies fossiles actuellement utilisées dans le domaine de la mobilité. Et sa part, actuellement de 2 % dans le mix énergétique en Europe, est amenée à atteindre 15 % en en 2050.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce que signifie « rouler à l’hydrogène » ?
Concrètement, le principe est d’acheminer l’hydrogène du réservoir vers une pile à combustible où il est mélangé à l’oxygène de l’air. Les molécules ainsi recombinées génèrent de l’électricité en rejetant seulement de la vapeur d’eau . C’est une manière de combiner les atouts d’un véhicule électrique qui ne cause aucune émission, et les performances d’un véhicule thermique favorisant l’autonomie grâce à un plein réalisé en cinq minutes. À titre indicatif, pour un véhicule de tourisme, il faut compter à peu près un kilogramme d’hydrogène pour 100 km. L’hydrogène peut se stocker sans s’altérer, pour un coût approximatif de 60 € au plein pour un véhicule de tourisme permettant de parcourir 700 km. Ce prix est amené à diminuer significativement dans les prochaines années.
En 2021, que représente votre marché en termes de recours aux véhicules à hydrogène ?
Ce marché existe déjà et est amené, comme expliqué plus tôt, à exploser dans les trente années qui viennent. Selon les secteurs, il présente une maturité différente. Le plus avancé est celui des chariots élévateurs, déjà en utilisation au service de grandes enseignes. La mobilité lourde, catégorie des bus urbains, des camions, des bennes à ordures ménagères et des engins de travaux publics, présente elle aussi une belle dynamique de de croissance, comme l’a récemment montré Daimler avec l’annonce d’une gamme de véhicules pour 2023. Du côté de la mobilité légère, de nombreux constructeurs dans le monde comme Honda, Toyota ou Renault, proposent déjà des modèles à hydrogène et vont développer leur production de manière très volontaire dans les années qui viennent : les prévisions pour 2025 sont de 400 millions de véhicules, 15 millions de bus et 5 millions de camions. En 2019, on en comptait 23 000 ! Grâce notamment au soutien actif des plans gouvernementaux, le développement de l’infrastructure va logiquement accompagner ce mouvement, et représenter, sur les dix prochaines années, un marché de huit milliards d’euros en Europe.Sur quelle proposition de valeur supérieure à vos concurrents vous positionnez-vous ?
HRS s’appuie sur une forte expertise technologique qui est enrichie par les partenariats et collaboration à forte valeur ajoutée, comme avec le CEA pour l’amélioration des techniques du froid et la recherche de performance destinée à une application aéronautique. Dans le domaine de l’hydrogène vert qui aujourd’hui mobilise les énergies, nous avons déjà engrangé des succès majeurs. C’est le cas notamment avec HYBALANCE, où nous avons fourni la seule station de ravitaillement en Europe fonctionnant 100 % en hydrogène vert, située au Danemark. Le projet HyGo, qui nous lie à l’industriel Michelin, et ZEV, le plus grand projet régional actuel en France conçu avec Engie, donnent eux aussi une idée de notre maîtrise du sujet. Un atout de HRS, c’est aussi d’être agnostique aux techniques d’électrolyse. Ce qui nous laisse libres de nouer les alliances que nous voulons, sans s’interdire pour autant la possibilité d’un accord exclusif pour une offre globale de production-distribution. Concrètement, nos stations présentent des avantages cruciaux : une fabrication rapide, une conception modulaire, fiable et sécurisée, un accompagnement complet, un débit élevé, une maintenance facilitée… et tout cela à un prix compétitif.Quelles sont vos perspectives de croissance actuelles ?
Depuis la création de l’entreprise, la quasi-totalité de nos exercices comptables ont été positifs. La rentabilité fait partie de notre ADN. En chiffre d’affaires tout d’abord, puisque de 2,5 millions d’euros en 2020 nous visons plus de 10 millions d’euros en 2021, le double en 2022, puis plus de 85 millions en 2025. Pour cela, nous nous appuyons sur un carnet de commandes déjà bien orienté avec 3 stations à livrer entre mi-2020 et mi-2022, et un objectif d’une centaine d’ici cinq ans. Chaque livraison ouvre aussi un contrat d’entretien en plus d’une marge brute par station de 40 %. Nous prévoyons aussi un développement international par l’ouverture de bureaux commerciaux et une stratégie d’alliances géographiques avec des partenaires, d’abord en Europe puis aux États-Unis. Dans cette configuration, avec quels objectifs réalisez-vous votre introduction en bourse ?
HRS entre sur le marché Euronext Growth avec pour objectif principal d’accélérer son déploiement en levant 70 millions d’euros. C’est d’abord l’occasion de nous donner les moyens de générer de la croissance organique et de disposer de stocks suffisamment dimensionnés pour répondre rapidement à la demande. Notre stratégie repose aussi sur le doublement de la capacité industrielle actuelle, et sur la création d’un nouveau centre d’essais opérationnel en juin 2022 pour un investissement de 15 millions d’euros. Nous prévoyons également d’embaucher en renforçant nos équipes commerciales et technologiques, et enfin de financer de la croissance externe destinée à renforcer nos parts de marché et consolider notre savoir-faire technologique. Tous ces éléments sont à replacer dans le contexte d’une ambition de développement rapide à l’international, favorisée par l’entrée sur le marché boursier. La Bourse va enfin renforcer une politique RSE engagée, en permettant notamment de destiner 2 % des actions mises en vente aux salariés de l’entreprise.
Pour conclure, existe-t-il une raison de douter du développement à venir de l’hydrogène ?
Aucune. Notre projet est certes ambitieux, mais la très forte croissance de la filière hydrogène est inexorable dans le contexte actuel de transition énergétique volontariste vers une mobilité neutre en carbone. Dans cet environnement porteur, la maturité de notre offre et la maîtrise de nos compétences actuelles nous poussent naturellement à jouer un rôle de tout premier plan dans le développement mondial du transport basé sur l’hydrogène.
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