Kim Catechis
Investment Strategist, Franklin Templeton Institute
Sur le plan des stratégies d'investissement, il y a matière à être prudent avec cette victoire de Donald Trump
Publié le 08 Novembre 2024
Habituellement, nous ne concevons pas notre vue sur les marchés et ne construisons pas notre stratégie d’investissement en fonction des issues d’une élection présidentielle. Nous prenons acte des résultats, présageons des retombées potentielles sur la politique économique qui sera menée par les nouvelles institutions en place, définissons les éventuels ajustements à adopter et poursuivons « business as usual ».
Habituellement, nous ne concevons pas notre vue sur les marchés en fonction des issues d’une élection présidentielle... Cette fois-ci, la donne est différente
Il s’avère que notre scénario central s’est concrétisé. Donald Trump a remporté la victoire avec une notable majorité.
Il apparait qu’au-delà de l’élection, Trump a gagné le Sénat...
Effectivement, la majorité au Sénat semble avoir été remportée par les Républicains.
Cette concentration du pouvoir, si elle est avérée, n’est pas le meilleur scénario
Nous sommes d’avis que cette concentration du pouvoir, si elle est avérée, n’est pas le meilleur scénario pour les marchés financiers.
Celui d’une cohabitation avec l’opposition nous aurait paru plus opportun en ce qu’il aurait compliqué la tâche de Monsieur Trump de mener à bien son programme dans sa totalité.
Les droits de douane constituent un élément sur lequel le Président a la mainmise par le biais de décrets. De quelle manière considérez-vous l’optique d’une hausse substantielle des tarifs douaniers ?
C’est un paramètre très influent qui est dans tous les esprits. Pour rappel, Donald Trump souhaite augmenter ces droits de douane de 60% sur les importations chinoises et de 10% sur les importations européennes.
Si l’on se fie à l’historique de l’ancienne présidence de Donald Trump au cours de laquelle celui-ci avait annoncé des mesures similaires mais ne les avaient pas appliquées stricto sensu, nous pouvons pragmatiquement augurer que ces augmentations seront moins élevées que prévu.
Cependant, dans tous les cas elles représenteront un problème pour l’économie américaine en ce qu’elle sera importatrice d’un surcroit d’inflation.
La Fed sera assurément encline à ralentir le pas dans la baisse de ses taux directeurs
Moins soucieuse de l’évolution du taux de chômage, la Fed aura à cœur de se concentrer sur la maitrise de l’inflation.
Quelle pourrait être l’influence de Donald Trump au sujet de la Fed ?
Même s’il n’existe pas un mécanisme qui le permette en tant que tel, nous ne sommes pas à l’abri d’une tentative de Monsieur Trump d’influencer la Fed de manière à ce que celle-ci accélère l’abaissement de ses taux directeurs. Donald Trump pourrait pousser au changement du gouverneur de la banque centrale américaine, qui est présentement Jerome Powell, plus tôt que prévu.
Quel regard portez-vous sur la croissance du déficit en perspective ?
Il est assez curieux de constater qu’aucun des candidats n’a évoqué la question du déficit lors de la campagne préélectorale.
Il est certain que le déficit va se creuser
Trump a indiqué vouloir diminuer le taux d’imposition statutaire pour les entreprises à 15%. Qu’en pensez-vous ?
Nous anticipons qu’un tel mouvement impliquera un surcroit de bénéfices pour les entreprises du S&P 500 de 4% à 5%. Toutefois, cela sera plausiblement un effet de court terme, d’environ un an.
Un autre sujet concerne la fermeture des frontières à l’immigration ?
Le dossier migratoire est absolument essentiel. Des mesures drastiques pourraient être prévues dans ce domaine assez rapidement.
Cette fermeture pourrait ne pas être indolore pour certains secteurs comme l’hôtellerie, la restauration, la vente de détail, ou la construction qui emploient beaucoup de main d’œuvre étrangère.
A l’inverse la victoire de Trump pourrait profiter à d’autres pans de l’économie ?
L’élection de Trump devrait au moins bénéficier aux secteurs du pétrole et du gaz (notamment gaz de schiste), des banques et compagnies d’assurances, et de la défense qui devrait accueillir un environnement réglementaire plus favorable aux entreprises.
L’élection de Trump devrait au moins bénéficier aux secteurs du pétrole et du gaz, des banques et compagnies d’assurances, de la défense, et des laboratoires pharmaceutiques
Sur le plan des stratégies d’investissement, il y a matière à être prudent avec cette victoire de Donald Trump… Ce qui a fonctionné la dernière fois ne va sans doute pas fonctionner cette fois-ci…
Il est très tentant pour les investisseurs qui ont déployé une stratégie d’investissement porteuse sous la précédente présidence de Trump de vouloir poursuivre dans la même trajectoire.
Je pense que ce serait une erreur. L’économie américaine se situe à un autre stade du cycle économique que celle qui prévalait entre 2016 et 2020. Il y a huit ans, la hausse du PIB était de 2,5%, contre 1,7% dernièrement, ce qui reste honorable.
L’économie américaine se situe à un autre stade du cycle économique que celle qui prévalait entre 2016 et 2020
A l’international, les relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine ont indéniablement vocation à s’envenimer…
Assurément, progressivement, de plus en plus de secteurs chinois vont rencontrer des difficultés à exporter aux Etats-Unis. On ne parle par uniquement des véhicules électriques.
L’économie chinoise pourrait en souffrir. La Chine d’aujourd’hui n’est pas celle d’il y a dix ans. Le taux de progression du PIB est passé de 10% par an à moins de 5% par an.
L’élection de Donald Trump est-elle un sujet de préoccupation pour l’Europe ?
Sur le plan économique, pour les entreprises européennes qui exportent aux Etats-Unis, l’élection de Donald Trump est un sujet de complication. Il va potentiellement amener à une baisse des bénéfices de ces entreprises.
Chaque pays européen aura ses points de vulnérabilité. Pour un pays comme l’Espagne ou l’Italie, les produits les plus touchés seront agricoles. Pour la France, les véhicules et produits industriels seront particulièrement concernés.
Nous escomptons une réponse de la part de l’Union européenne aux éventuelles hausses des tarifs douaniers prévues par Donald Trump. Le Parlement européen devrait notamment prendre des décisions à ce sujet.
L’Europe a le poids suffisant pour naviguer dans cette situation plus complexe
Sur le plan géopolitique, nous pensons que Trump va s’efforcer de trouver un accord avec Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
Cet état de fait n’est pas vu d’un bon œil par les Européens. Aussi, nous sommes d’avis que l’Europe sera poussée à catalyser l’urgence de consolider sa base de défense militaire. Il est déjà prévu que 500 milliards d’euros par an seront investis pendant les 20 prochaines années.
Sur ce plan géopolitique, la question de l’OTAN est importante...
Pour Donald Trump de nombreux pays membres de l’organisation ne dépensent pas suffisamment pour leur propre défense et laisse cela entre les mains des Américains.
Un argument arboré est qu’il est plus important pour les Etats-Unis de faire face à la Chine que de faire face à la Russie.
De quelle manière avez-vous ajusté jusque là votre exposition au actifs financiers américains ?
Nous demeurons pleinement investis sur le marché des actions. Historiquement, les statistiques démontrent que depuis 1932, quelle que soit la configuration politique en vigueur, le S&P 500, a gagné une performance annuelle moyenne entre 4% et 16%. Nous n’avons relevé aucune performance négative.
Nous avons la possibilité d’être flexible et d’investir dans toutes les tailles de capitalisation s’agissant du fonds Franklin Templeton U.S. opportunities Fund
S’il nous parait essentiel de rester positionné sur les méga capitalisations du secteur technologique, les fameuses « sept magnifiques » qui ont été la source de quasiment toute la performance en 2023 et d’une large partie de la performance en 2024 ; nous sommes toutefois d’avis que cette forte concentration sur le marché ne sera pas durable. Dit autrement, nous pourrions assister à une diffusion plus prononcée de la performance notamment aux moyennes capitalisations qui se situent à des niveaux de valorisation très attractifs.
Cela étant, nous avons entamé un redéploiement des bénéfices engrangés au sein des 7 magnifiques dès cet été. Un titre comme Nvidia est passé de 11% à 8% du portefeuille d’investissement.
Avec une politique axée sur le middle America, nous pensons que les small caps devraient également être en capacité de tirer leur épingle du jeu particulièrement dans des segments de l’industrie qui répondent à la demande locale.
Le propos est différent s’agissant des obligations américaines…
Effectivement, l’expectative du creusement du déficit nous pousse à réduire l’exposition à la dette souveraine américaine.
Nous réduisons l’exposition à la dette souveraine américaine
*Compartiment de Franklin Templeton Global Funds plc (« FTGF »). FTGF est une société d’investissement à capital variable organisée en organisme de placement collectif en valeurs mobilières (« OPCVM »). FTGF est agréée en Irlande par la Banque Centrale d’Irlande.
Franklin U.S. Opportunities Fund, répond aux exigences de l’article 8 du Règlement européen sur la publication d’informations en matière de finance durable (SFDR). La politique d’investissement du fonds intègre des engagements contraignants à promouvoir des caractéristiques environnementales et/ou sociales, et toute entreprise dans laquelle il investit est supposée suivre des pratiques de bonne gouvernance.
Des informations supplémentaires sur les aspects de développement durable du Fonds sont disponibles à l’adresse franklintempleton.fr/sfdr. Veuillez prendre connaissance des objectifs et caractéristiques du fonds avant d’investir.
Consultez la fiche valeur du fonds Franklin US Opportunities (LU0260869739) en cliquant ici
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Imen Hazgui