Interview de Michel Datchary : directeur général de Pages Jaunes

Michel Datchary

directeur général de Pages Jaunes

Nous pouvons tout à fait opérer le même mouvement [d’acquisition] en 2008, bien qu’il n’y ait rien de particulier en vue

Publié le 20 Février 2008

Tout le monde connaît Pages Jaunes mais tout le monde ne connaît pas le groupe Pages Jaunes. Est-ce que vous pourriez nous expliquer en une phrase en quoi consiste votre activité et quelles sont les principales étapes de votre développement ?
Le groupe Pages Jaunes est un groupe qui repose essentiellement sur deux activités, une activité annuaire traditionnelle avec ses annuaires imprimés et une autre activité plus récente qui est une activité de services Internet qui permettent la recherche de professionnels, de particuliers, d’itinéraires etc.

Ce sont les deux piliers de l’activité du groupe. La première, le print, représente à peu près les deux tiers du chiffre d’affaires. L’Internet représente actuellement à peu près un tiers du chiffre d’affaires.

Vous proposez en fait l’équivalent de la version papier sur Internet ainsi que d’autres services ?
Tout à fait. En fait sur Internet, vous avez le même service qui celui qui est rendu sur papier dans la recherche d’un professionnel, d’une adresse ou d’un numéro de téléphone, mais aussi d’autres services qui permettent aux professionnels d’ajouter une information beaucoup plus riche sur ce qu’ils font, de fournir d’autres éléments liés à la vie locale parce que la recherche sur PagesJaunes est une recherche quotidienne et pratique.

Vous avez publié aujourd’hui vos résultats annuels 2007. Correspondent-ils aux dernières prévisions que vous avez pu faire en termes de croissance du chiffre d’affaires et de marge brute opérationnelle ?
Nous avons effectivement annoncé des fourchettes l’an dernier que nous avons précisé au mois de juillet.

En ce qui concerne le chiffre d’affaires, nous avons une croissance de 5,9%, alors que nous avions annoncé une croissance proche de 6%, ce qui correspond à nos objectifs.

Concernant la marge brute opérationnelle, nous avions évoqué le haut de la fourchette qui se situe à 4% et en fait nous sommes supérieurs à 5%, donc nous affichons une amélioration sensible de la marge brute opérationnelle.

Comment l’expliquez-vous ?
L’amélioration s’explique par le fait qu’au cours de cette année nous avons eu un vrai retournement sur le service de renseignements téléphoniques 118 008 qui avait plutôt été un investissement au cours de l’année 2006 et qui a atteint en 2007 son point d’équilibre. Le reste s’explique essentiellement par la croissance du chiffre d’affaires Internet, une activité qui est très fortement contributrice à la marge.

La croissance du chiffre d’affaires sur Internet s’est-elle révélée supérieure à vos attentes ?
Nous n’avions pas donné de guidance particulière sur Internet. En tout cas cette croissance nous amène pour le groupe à dépasser le chiffre d’affaires de 400 millions d’euros qui proviennent pour l’essentiel des revenus publicitaires. Et donc à représenter en France le premier chiffre d’affaires publicitaire sur Internet.

Quels ont été les moteurs de la croissance en 2007 ? En quoi les différentes activités du groupe ont-elles contribué au chiffre d’affaires global ? Quelles activités ont brillé et lesquelles vous ont déçu ?
Sur l’année 2007, l’activité qui représente les deux tiers du chiffre d’affaires, c’est-à-dire l’activité imprimée a connu une stabilité en termes de chiffre d’affaires. Cette stabilité avait été anticipée, elle était attendue. Il faut tout de même noter que sur cette activité nous notons un élément très favorable qui est que nous augmentons considérablement nos clients annonceurs, ce qui veut dire que l’attractivité du support pour les annonceurs reste forte et que nous sommes toujours en croissance du nombre d’annonceurs.

En ce qui concerne Internet, nous avons évidemment une croissance forte de l’audience avec records de visites en décembre puis en janvier avec 75 millions de visiteurs dans le mois. Nous affichons donc une forte croissance de l’audience, ce qui est un objectif important pour PagesJaunes et le revenu moyen par annonceur progresse sensiblement aussi. Nous avons aujourd’hui à peu près 471 000 annonceurs en ligne.

Sur QDQ Media en Espagne, nous avons amélioré le revenu moyen par client, un de nos objectifs, mais nous avons conquis moins de clients que prévu. Cependant la croissance globale paraît supérieure à celle de notre grand concurrent espagnol et nous pensons donc avoir grignoté quelques parts de marchés malgré le fait que nous ayons eu un peu moins d’annonceurs.

Sur annoncesjaunes.fr, deux éléments contrastés : tout d’abord c’est la plus jeune de nos activités puisque nous avons moins d’un an de visibilité. Mais nous avons un bon démarrage en audience, puisque nous avons dépassé les 830 000 visiteurs en décembre 2007. C’est par ailleurs un site qui plaît en termes d’ergonomie et de cartographie.

Mais pour l’instant, nous sommes très jeunes par rapport aux concurrents qui sont présents depuis des années sur le marché. Nous sommes en phase de montée et nous essayons de donner de la visibilité à cette activité. Nous avons 400 000 annonces disponibles pour les consommateurs, ce qui n’est pas négligeable, ainsi qu’une bonne progression de l’audience.

Pour ce qui est de Mappy, il est le premier site de cartographie en France aussi bien sur Internet que sur les mobiles, même si l’audience sur les mobiles est encore balbutiante.

Est-ce que vous avez été heureusement surpris par l’activité des renseignements téléphoniques ?
Par rapport à l’année 2006, qui avait été un petit peu pénible pour nous car elle avait été une année de fort investissement, 118 008 a performé en 2007. Il a gardé une audience comparable malgré un effritement du marché général et surtout nous avons considérablement progressé en nombres de clients. L’année 2007 est une année à l’équilibre et pour 2008, on espère une contribution significative.

Est-ce que vous pourriez nous parler du partenariat avec M6 ?
M6 est entré au capital de PagesJaunes Petites Annonces l’année dernière. Notre objectif commun avec M6 est de développer une activité dans les Petites Annonces. Nous avons choisi deux secteurs d’activité : l’immobilier et l’automobile. Nous travaillons beaucoup ensemble sur des projets de promotion du site et beaucoup sur des sujets de contenu.

Pour 2008, avez-vous des acquisitions en vue en France ou à l’international ? Ou préférez vous cette année encore vous consacrer aux investissements publicitaires ?
Nous avons fait deux mouvements en 2007. Le premier a été de céder Kompass, parce que nous avions le sentiment que cette activité BtoB qui se portait convenablement ne créerait pas de valeur supplémentaire à long terme. Du coup, nous avons trouvé un acquéreur et lui avons cédé cette activité.

A contrario nous avons acquis un pur player Internet qui est la société Horyzon, une régie publicitaire qui grâce à l’ajout dans son portefeuille de sites en régie de Mappy et de pagesjaunes.fr, a maintenant un taux de reach de 73% ce qui est considérable pour un annonceur national.

Nous pouvons tout à fait opérer le même mouvement en 2008, bien qu’il n’y ait rien de particulier en vue.

L’investissement publicitaire va-t-il ralentir en 2008 ?
Pas beaucoup. Il a été très important en 2006 au moment du lancement de 118 008. Nous sommes revenus à des niveaux plus comparables en 2007, des niveaux qui seront à peu près les mêmes en 2008, sachant que nous considérons que l’outil publicitaire est extrêmement important pour nous car il favorise la notoriété de la marque et l’usage de nos produits.

Comment vous situez-vous sur le marché publicitaire ?
En termes de visiteur uniques, nous progressons toujours un peu plus que le marché. C’est un marché qui bouge beaucoup parce que l’arrivée vraiment massive de l’utilisation de la vidéo durant l’année 2007 génère beaucoup de visites supplémentaires.

A ce sujet, nous allons lancer au premier semestre 2008 une offre vidéo pour nos annonceurs sur le site pagesjaunes.fr pour valoriser leur activité, leurs produits et leurs services.

Envisagez-vous cette année encore de distribuer l’intégralité du résultat net sous forme de dividende ?
Tout à fait. La situation de trésorerie nous permet cette distribution de dividende. De plus si nous avions un jour à faire une acquisition, nous avons négocié la dette et un crédit revolving de 400 millions d’euros, donc il nous faudrait évidemment tirer dessus mais nous avons tout à fait cette flexibilité. Nous ne sommes pas contraints par la situation de la dette aujourd’hui.

Le mot de la fin pour vos actionnaires ?
Nos actionnaires ont aujourd’hui un dividende de 0,96 euro, ce qui veut dire que par rapport à la valeur de l’action en moyenne au cours de l’année 2007 cela représente un taux de rendement de 6,5% et sûrement beaucoup plus si l’on regarde le rendement par rapport au début de l’année 2008. Ce n’est pas mal.

Laure Gaillard