Interview de Pierre Graff : PDG d’Aéroports de Paris

Pierre Graff

PDG d’Aéroports de Paris

Nous maintenons nos objectifs, avec une hypothèse de trafic entre -4,5 et -6,5% (ADP)

Publié le 14 Septembre 2009

Vous avez été reconduit dans vos fonctions pour 5 années supplémentaires début juillet. Comment appréhendez-vous ce nouveau mandat ? Quelles sont vos ambitions dans le développement d’Aéroports de Paris ?
Je me réjouis de cette reconduction. Mon précédent mandat a été riche et marqué notamment par la mise sur le marché de l'entreprise et une alliance avec le groupe aéroportuaire néerlandais Schiphol. Mes ambitions sont toujours grandes pour le développement d'Aéroports de Paris et je poursuis toujours le même objectif : faire d'Aéroports de Paris le groupe aéroportuaire de référence en Europe. Je peux d'ores et déjà vous dire que nos efforts vont porter, entre autre, sur l'innovation et sur la qualité de nos installations et de nos services afin de satisfaire toujours mieux nos clients compagnies et passagers.

Quel premier commentaire vous inspire les résultats semestriels 2009 que vous venez de publier ?
Les résultats sont de qualité ! Dans un contexte de crise mondiale et de baisse du trafic (-6,4% par rapport au 1er semestre 2008), le groupe résiste bien. Les principaux indicateurs progressent : chiffre d'affaires (+5,9%), EBITDA (+4,5%) et résultat net (+1,3%).

Pourriez-vous revenir en détail sur les résultats de vos différentes activités (activités aéronautiques, commerce et services, immobilier et activités annexes, branche Escale) ?
Sur notre cœur de métier, le chiffre d'affaires a été soutenu par les ouvertures de nouvelles infrastructures en 2008 (nouvelle jetée d'embarquement du terminal 2E et terminal régional 2G) et 2009 (fin de la rénovation de CDG1) et la création de nouveaux services.

L'activité commerce se porte bien. Le chiffre d'affaire par passager a progressé de près de 10% en raison de l'extension des surfaces commerciales notamment dans les nouvelles infrastructures et de la poursuite de la croissance de notre offre avec de nouvelles marques, le développement de la gastronomie… L'immobilier a progressé de 5,5% grâce notamment aux commercialisations réalisées en 2008.

L'activité de l'escale est en baisse, compte tenue de la crise économique mais les pertes sont maitrisées conformément à notre plan de marche.

Enfin, les activités de nos autres filiales poursuivent leur fort développement (+25,1%), surtout celles d'ingénierie. Dans cette période de baisse du trafic, la diversité de nos activités nous permet de bien résister.

Quelles mesures avez-vous prises cette année pour améliorer ou maintenir vos résultats ?
Comme je vous l'indiquais l'amélioration de nos résultats résulte de la mise en service de nouvelles installations et de nouveaux services et du dynamisme de nos activités commerciales et immobilières.

Nous avons également mis en œuvre un plan d'économies qui portera sur 42 millions d'euros pour l'année 2009 : 17 millions d'euros au titre d'économies structurelles et 25 millions d'euros au titre d'économies conjoncturelles (gel des embauches et économie sur les charges externes). A mi-parcours, ce plan a généré une économie de 21 millions d'euros sur le premier semestre.

A quoi attribuez-vous l’essentiel de la baisse du trafic passager notamment en juillet (-3,1% par rapport à juillet 2008) ? Comment voyez-vous le trafic passager évoluer dans le reste de l’année ? Comment comptez-vous répondre à cette baisse ?
Juillet n'est pas si mauvais que ça ! Je reviens sur le trafic du premier semestre. Il baisse de 6,4% avec un mix trafic favorable puisque l'international résiste mieux -notamment l'Afrique et le Moyen Orient- que l'Europe et la France. Sur les sept premiers mois de l'année à savoir à fin juillet, le trafic est en baisse de 5,9%. Pour la fin de l'année, nos hypothèses de trafic sont comprises entre -4,5% et -6,5%.

Envisagez-vous de nouer des alliances ou réaliser des acquisitions à l'étranger ? Où en êtes-vous de l’accord avec GE Capital Real Estate France ? Qu’est-ce que cet accord doit vous rapporter ?
Pour ce qui concerne d'éventuelles acquisitions à l'étranger, nous étudierons au cas par cas les opportunités qui pourraient se présenter.

L'accord avec GE Capital Real Estate France concerne notre activité immobilière. Il porte sur 50 000 m² de bureaux situé sur la plate-forme aéroportuaire de Paris Charles de Gaulle. C'est un patrimoine de qualité constitué de huit immeubles qui appartiennent à notre partenaire et qui sont désormais cédés à une joint-venture commune dont Aéroports de Paris détiendra 60% et qui en assurera la gestion.

Cet accord de partenariat reste à ce stade soumis à l'obtention d'autorisations réglementaires. Cet accord nous permettra notamment d'avoir une meilleure connaissance du marché.

Il vise aussi à étudier la faisabilité d'un nouvel ensemble de bureaux en fonction de l'évolution du marché.

ADP avait annoncé en octobre dernier une alliance sur le long terme avec Schiphol Group, chacun prenant une participation de 8% dans l’autre. Où en êtes-vous de ce projet, et pouvez-vous citer des exemples des bénéfices que cette coopération apportera ?
Notre Alliance avec Schiphol group, HubLink est un partenariat industriel s'accompagnant d'une participation croisée. A ce jour, nous avons déjà listé et lancé 40 initiatives communes pour renforcer notre compétitivité et améliorer notre performance commune. A titre d'exemple, certaines initiatives sont destinées à améliorer la fluidité des passagers dans les deux aéroports avec une offre harmonisée (les mêmes informations aux passagers, les mêmes processus d'embarquement…).

Dans les commerces et services, nous nous appuyons sur nos expertises respectives et collaborons dans les domaines de l'agencement des zones commerciales et l'optimisation des surfaces.  Enfin autre exemple concernant les achats, nous travaillons à un processus d'achat commun pour les passerelles d'embarquement.

Vous avez annoncé pouvoir afficher un chiffre d'affaires annuel en légère croissance conformément à vos objectifs pour l'année 2009. Cela reste-t-il  d’actualité ? Quelles sont vos perspectives pour le reste de l’exercice ?
Oui cela reste d'actualité. Nous maintenons nos objectifs : sur la base d'une hypothèse de trafic de passagers comprise entre -4,5% et -6,5%, nous confirmons notre prévision de chiffre d'affaires en légère croissance pour l'exercice 2009 par rapport à 2008. L'EBITDA 2009 devrait être du même ordre de grandeur qu'en 2008.

Quelle sera votre politique de dividendes cette année ?
Notre politique en cette matière reste identique : nous distribuons 50% de nos dividendes.

Le mot de la fin pour vos actionnaires ?
Ces résultats du premier semestre 2009 démontrent la solidité de notre modèle économique. Notre faculté à mettre en œuvre notre plan d'économie et la stratégie que nous poursuivons portent leurs fruits. La diversité de nos activités a permis au groupe de dégager des résultats positifs et de bien résister à l'environnement économique difficile.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy