Interview de L.-S. Real del Sarte : Ambassadeur de Xing à Paris

L.-S. Real del Sarte

Ambassadeur de Xing à Paris

Le réseau social, guide de l’utilisateur

Publié le 21 Avril 2009

Phénomène récent dont la fulgurante ascension a surpris en 2008, le networking (outil de mise en relation, appelé aussi «réseautage») représente un temps de connexion de plus en plus long.

Il existe aujourd’hui plus de mille sites de réseaux en ligne. La popularité de ces sites ne cesse de s’accroître, en atteste qu’en 2006, MySpace a été plus visité que Google. Le Web 2.0 offre aujourd’hui aux utilisateurs de réseaux en ligne un échange et une interactivité, faisant ainsi exploser l’audimat de ces sites. Hier, simples observateurs sur le Web, nous en sommes désormais devenus des acteurs.

Les deux tiers de la population Internet rendent aujourd’hui visite à un réseau, blogs inclus (début 2008, nous comptions plus de 100 millions de blogs et 1,2 million de posts par jour). Ces visites représentent plus de 10% du temps passés sur la toile.

Le comportement des gens en est affecté en profondeur. Le temps de connexion sur les réseaux sociaux (Facebook, MySpace, Copainsdavant pour les ludiques par exemple, et Linked In, Xing, Viadéo pour le business) ne cesse d’augmenter. Pour exemple, le temps passé sur Internet a augmenté de 20% entre janvier 2008 et janvier 2009 lorsque celui passé sur les réseaux a augmenté, lui, de 65% sur la même période. Facebook a largement contribué à ce bond puisque le temps passé sur ce site a augmenté de presque 600% en un an.

Plus précisément, il y a tout juste un an, le temps passé sur les réseaux sociaux était d’une minute sur quinze passées en ligne contre une pour onze aujourd’hui. En Angleterre, ce temps était d’une sur six minutes, contre treize un an plus tôt. Au Brésil, où la population est férue de network, le temps passé sur les réseaux sociaux est d’une minute sur quatre.

Parallèlement à la croissance du temps passé sur les réseaux sociaux, l’audience s’est également élargie. Le nombre d’utilisateurs de networking par tranches d’âge s’affiche, chez les plus de 65 ans, en hausse de 7%, il s’inscrit en hausse de plus de 4% chez les 50/64 ans, et en progression de 2% chez les 35/49 ans. Cette tendance va encore se renforcer dans les années à venir. L’avènement du mobile nouvelle génération, permettant d’accueillir facilement la consultation Internet, offre un futur radieux aux réseaux en ligne et un potentiel de développement redoutable.

A l’origine, les réseaux sociaux permettent d’agrandir ou de rendre plus efficient son propre réseau. Ces applications Internet aident à se créer un cercle d’amis, à se retrouver, à rencontrer des personnes qui partagent les mêmes centres d’intérêt, à gagner des partenaires commerciaux, à trouver un emploi… Les réseaux sociaux jouent d’ailleurs un rôle fondamental dans l’embauche, dans le succès des sociétés et dans le rendement professionnel.

La recherche d’emploi favorise l’ascension du network. Dans ce domaine, les sites d’annonces ne satisfont pas toutes les demandes et ne représentent qu’une partie limitée du flux des offres. Le networking est surtout privilégié par les cadres de hauts niveaux, qui utilisent les réseaux sociaux pour parer à toute éventualité professionnelle.

A cet égard, les sites rivalisent d’ingéniosité pour offrir un espace dédié aux cabinets de recrutement. Début 2009, j’ai été invité par Viadéo pour assister à une présentation stratégique. Le site a mis au point un système pratique et techniquement avancé qui permet aux recruteurs de chercher des cibles potentielles grâce à des mots clés. J’ai vu le nombre des candidats potentiels diminuer à mesure que des termes spécifiques étaient ajoutés à la recherche. Diplômes, ville, poste(s) tenu(s), langues, compétences, maîtrise des outils informatiques, etc., tous ces critères permettent d’affiner une recherche.

Réseaux sociaux, mode d’emploi

En offrant la possibilité de prendre contact avec des inconnus sans passer par une quelconque hiérarchie, le Web gomme les inégalités sociales, ce qui constitue l’un de ses principaux avantages. Celui qui sait bien s’en servir n’a pas besoin d’entrer au Jockey club ou au Rotary pour atteindre des décideurs…

Pas question néanmoins de bombarder les chefs d’entreprise de demandes d’emploi : le réseautage virtuel a ses règles strictes, et il est très mal vu de proposer ses services de façon abrupte. Mieux vaut tisser des liens informels à partir de centres d’intérêts communs, l’idéal étant d’avoir soi-même quelque chose à offrir afin de pouvoir «renvoyer l’ascenseur».

Pour être plus productif sur un site communautaire, il faut évoquer votre métier avec professionnalisme, sans avoir peur d’utiliser des sigles incompréhensibles aux néophytes. L’humour est autorisé s’il apporte une pierre à l’édifice. Se moquer de soi-même est toujours un exercice périlleux, mais permet de montrer le recul lié à une expérience certaine. Soyez donc humain dans votre description. Mieux vaut éviter d’utiliser des termes spécifiques que vous ne maîtrisez pas. L’esprit de synthèse doit planer sur le profil. Une description trop longue ou rébarbative et le lecteur vous zappera comme une chaîne TV passant ses publicités. Mieux vaut laisser quelques éléments en réserve dans l’optique d’un contact téléphonique ou d'un entretien. Tout dévoiler peut vous exposer et rendre inopérante l’envie de vous contacter.

Votre photo doit être agréable, sérieuse, sans effet de style, non déshabillée. Il est possible de placer le logo de la société pour laquelle vous travaillez, surtout si cette dernière fait autorité, mais dans le cadre d’un grand groupe de 150 000 salariés, la multiplicité de ces logos vous banalisera. Le but reste tout de même de sortir du lot et d’être repéré.

Il convient par ailleurs de noyer ses contacts avec des contacts neutres ou divergents de votre principale activité. Il se peut en effet que certaines personnes sollicitent la connexion de tous les contacts d’un concurrent, cette «filouterie» se révélant être pour l’initiateur une véritable mine d’or en termes d’informations sur le plan prospectif. Il sera plus difficile à une tierce personne d’identifier votre clientèle parmi 10 000 contacts plutôt que parmi 50. Certains Américains, champions du network, atteignent plusieurs dizaines de milliers de contacts. Mais attention, cette accessibilité a ses limites. Sur le très select aSmallworld.com par exemple, vous risquez d’être purement et simplement éjecté si vous essuyez sept refus de demandes de mise en relation (trois refus et quatre «ignoré» pour être plus précis)…

Pour des raisons pratiques, il convient également de prendre une adresse email différente à chaque nouvelle inscription à une communauté, en utilisant par exemple Gmail, Yahoo ou Link By Mail. En effet, outre les risques de «spamming», votre adresse email principale risquerait vite la saturation pour peu que vous soyez actifs sur les hubs (plateformes d’échanges à thèmes) et forums ou bien membre de nombreux groupes d’intérêt. Cela dit, ce genre de risques est maintenant limité depuis que de nombreux sites ont restreint le nombre de groupes auxquels vous pouvez vous inscrire. Maintenant, Xing limite l’appartenance à 100 groupes et Linked In, à 50. Seul Viadéo n’impose pas de limite.

Par ailleurs, j’ai envie de vous avertir et de vous dire «faites attention aux dégâts provoqués par une intimité légèrement dévoilée sur des sites comme MySpace». Pour nourrir leurs dossiers, les chasseurs de tête ont pris l’habitude de «googler» un candidat pour jauger de sa visibilité et de sa crédibilité.

Le network en ligne est une vitrine dont la recherche par mots-clés bénéficiera le plus à celui qui a bien détaillé son profil. Cela dit, il reste toujours possible de réussir sans l’aide d’Internet. La qualité d’une personne trouvera toujours un écho favorable dans le bouche à oreille et l’excellent travail sera toujours récompensé. Les réseaux en ligne servent d’accélérateur, et je vous le confirme, ce marketing viral peut bien être contagieux.

Gérer son image sur le Web est devenu stratégique pour une entreprise

Outre les particuliers, les entreprises doivent elles aussi prendre conscience de l’indéniable influence du Web sur leur image. La réputation d’une entreprise est censée représenter 70% de sa valeur, et Internet forment un nouveau couple indissociable, dont la gestion soulève beaucoup d’interrogations.

Qualité du produit d’une société « X », services dispensés par un groupe « Y », gestion du personnel chez « Z », etc., sont autant d’informations «corporate» qui peuvent se retrouver relayées sur des forums ou des blogs. Ces outils sont devenus de véritables caisses de résonance à exploiter par les entreprises. D’ailleurs, les stratégies de communication intègrent depuis peu ce nouveau support.

Parmi les responsables de communication, 92% d’entre eux estiment qu’Internet contribue très largement à la réputation de l’entreprise, 40% n’ont pas de vision claire quant à ce qui se dit sur la toile à propos de leur entreprise et 81% révèlent ne pas connaître les leaders d’opinion qui façonnent les perceptions de leurs consommateurs sur le Web.

Il est désormais nécessaire pour une entreprise d’investir dans des solutions de recherche et d’analyse permettant un suivi régulier et efficace des blogs, forums et sites Internet de la presse traditionnelle.

Parallèlement, gérer son image sur le Web est également devenu stratégique pour un politique. Devant l’influence grandissante du Web, on observe que les politiques se mettent de plus en plus à utiliser les réseaux en ligne. Nul n’ignore en effet le rôle majeur qu’a constitué la maîtrise de l’outil Internet dans l’accession de Barack Obama à la Maison Blanche.

A terme, l’utilisation de l’Internet permettra des votes en ligne, des suggestions directes et changera le mode de fonctionnement de notre démocratie en réduisant certainement le fossé qui sépare le «Château» de son électorat.