Interview de Philippe Cimadomo : PDG de Metrologic Group

Philippe Cimadomo

PDG de Metrologic Group

Nous avons été impactés par l’attentisme des grands comptes

Publié le 17 Juillet 2008

Au titre de votre premier semestre de l’exercice 2007/2008, vous avez publié un résultat opérationnel courant en recul de 12,2 % à 6,4 millions d'euros, ainsi qu’un CA en repli de 3,9 % à 11,8 millions d'euros… Quel commentaire vous inspire ces résultats ?
Notre résultat net est parfaitement en ligne avec les objectifs annoncés en janvier dernier. Notre marge nette ressort à 37 % et à 45 % à dollar constant. Malgré ce très bon niveau de marge je suis déçu du chiffre d’affaires qui, au 1er semestre, est en recul de 3,9 % à taux de dollar courant et de 1 % à taux de change constant.

Nous avons été impactés par l’attentisme des grands comptes, qui sont nos clients traditionnels. Aujourd’hui, ils n’ont pas les budgets pour passer les commandes nécessaires. Mais ils ont énormément de travail et ils veulent nos produits. Nous attendons juste que les budgets se débloquent.

Et l’impact de la parité euro/dollar…
La baisse du dollar a aussi impacté nos résultats. Elle a également engendré des pertes de change sur nos comptes en dollar, qui s’élèvent à 1,4 millions d’euros.

Pourriez-vous revenir sur vos récentes acquisitions d’Advanced Theodolite Technology (ATT Metrology) aux Etats-Unis, et Metrolec & CMA en France (montant des opérations, synergies attendues, coûts d’intégrations…) ?
La société américaine, ATT Metrology, nous a coûté environ 4,5 millions de dollars, avec un dollar de près de 1,55 euro. Nous avons également acheté l’entreprise française, Metrolec & CMA, pour 1,25 millions d’euros.

ATT Metrology, qui est consolidée à partir du 1er avril, devrait réaliser un chiffre d’affaires de 9 millions de dollars sur l’exercice. Metrolec & CMA, dont les comptes sont consolidés à compter du 1er juin, devrait générer un chiffre d’affaires de près de 4,8 millions d’euros en 2008.

Les deux sociétés devraient dégager des marges nettes de l’ordre de 12-15%.

Les coûts d’intégration seront relativement faibles : ATT Metrology étant une société de services, sans aucun produit à croiser, les coûts d’intégration seront quasiment nuls. En ce qui concerne Metrolec & CMA, nous avons acquis non pas une entreprise, mais une activité : nous avons racheté les actifs et nous avons créé une société le 1er juin. Les équipes sont déjà formées et l’administratif est géré au siège, à Grenoble. Les coûts d’intégration devraient se situer autour de 100 000 euros, ce qui est raisonnable.

Enfin, en termes de synergies, ces acquisitions vont nous permettre de nous renforcer dans les services grâce notamment à l’arrivée de commerciaux. Elles vont également accélérer notre développement dans la formation et l’installation. Nous récupérons des personnes qui sont immédiatement opérationnelles et qui vont nous permettre d’avoir des cycles d’installation et de formation beaucoup plus courts après une vente. Même chose aux Etats-Unis, à ceci près que nous avons en plus acquis une équipe de spécialistes de la mesure optique, qui va nous aider à développer les produits optiques qui représentent un fort potentiel de développement.

Et ces sociétés vont vous apporter de nouveaux clients…
Effectivement. Aux Etats-Unis, il y a des grands comptes que nous connaissons mal et auprès desquels ATT Metrology va nous introduire.
 
Quelle sera votre stratégie d’acquisition désormais ? Allez-vous encore chercher des cibles dans les secteurs de la technologie et des services ?
Un de nos axes de recherche est une société dans la technologie, dotée d’une équipe de recherche, spécialisée dans les logiciels où il reste beaucoup à faire.
Une autre cible sont les sociétés de revente ou de distribution et enfin les sociétés de services.

Vous disposez d’une trésorerie importante, comment comptez-vous l’employer ?
Nous allons utiliser notre trésorerie pour effectuer de nouvelles acquisitions et pour poursuivre notre développement commercial et marketing.

Envisagez-vous de renforcer votre présence en Inde et en Chine ?
Nous sommes déjà présents en Inde et nous cherchons à mieux pénétrer ce marché. A ce titre, nous venons de confier la responsabilité de cette zone à l’un de nos vendeurs internationaux alors que jusque-là ce sont les revendeurs qui géraient cette zone.

Nous allons cibler les grands comptes qui s’y développent actuellement. Nous allons déployer tous les efforts commerciaux nécessaires. De plus, nous bénéficions en Inde d’une concurrence dans les logiciels de mesure très faible.

Quant à la Chine, nous sommes un peu déçus. Le chiffre d’affaires que nous réalisons là-bas ne provient pas des Chinois mais des Européens, des Américains ou des Japonais. Les Chinois n’achètent pas encore nos produits. Ils produisent beaucoup de machines mais utilisent très peu les mesures de contrôle, ce qui devrait changer...

Quelles sont vos perspectives pour l’exercice ? Confirmez-vous vos objectifs de 26 millions d’euros de chiffre d’affaires, en progression de 10 % par rapport à l’exercice précédent ?
Nous confirmons notre objectif de 26 millions d’euros de chiffre d’affaires et notre objectif de marge nette de 37 %, identique à celle de l’exercice précédent.

Vous avez racheté 60 000 titres de Metrologic, et vous êtes autorisé à en prendre jusqu’à 10 %...
Ces rachats de titres ont été réalisés dans le cadre d’un projet d’acquisition qui n’a finalement pas eu lieu. Nous les remettrons certainement sur le marché.

Le mot de la fin pour vos actionnaires.
Nous avons pour ambition de doubler notre chiffre d’affaires à l’horizon 2012 à près de 45 millions d’euros, tout en maintenant un niveau de rentabilité élevé. Nous comptons bien y parvenir et nous sommes décidés à y employer les moyens nécessaires.

Propos recueillis Nicolas Sandanassamy