Interview de Jean-François Lours : Vice-président d'Assystem

Jean-François Lours

Vice-président d'Assystem

En termes de priorités, nous avons plus d’un tiers de notre activité qui se situe à l’étranger, et nous souhaiterions renforcer notre position à l’international

Publié le 19 Novembre 2007

Quel commentaire vous inspire les résultats du troisième trimestre d’Assystem ?
Les résultats du troisième trimestre et des neuf premiers mois de l’année traduisent des situations contrastées entre les différentes Business Unit.

D’une part nous assistons, comme attendu, à une baisse de l’activité au sein de la division Automobile, mais en observant une légère inflexion positive au cours du troisième trimestre par rapport aux trimestres précédents.

D’autre part, la division Technologies connaît également une décroissance en raison de l’arrêt d’activités structurellement déficitaires. Nous avions d’ailleurs indiqué au mois d’août à l’occasion de la présentation de nos résultats semestriels que nous envisagions de nous désengager de ces activités.
Concernant l’Aéronautique, nous sommes dans l’attente de charges de travail importantes pour les prochains trimestres en raison du futur Airbus. Dans ce contexte, nous constatons un tassement de notre activité par rapport au troisième  trimestre 2006, de l’ordre de 6%.

L’activité Facilities qui connaissait historiquement une très bonne croissance organique, mais dont le rythme avait décru au cours du premier trimestre, retrouve des niveaux de croissance organique satisfaisants puisque proches de 10%. 
Enfin, la division Nucléaire continue de progresser de manière organique à un rythme très satisfaisant, supérieur à 10%.

Par ailleurs, notre endettement net, qui s’était réduit au cours du premier semestre, continue de diminuer. Cette tendance se poursuivra d’ici la fin de l’année, et constitue naturellement une très bonne nouvelle.

En définitive, la somme de ces éléments nous amène à confirmer l’objectif de résultat opérationnel, communiqué à l’occasion de nos résultats semestriels, et compris entre 32 et 36 millions d’euros.

A quoi attribuez-vous la baisse de 1,3% (1,1% à périmètre constant) du CA au troisième trimestre ?
Principalement aux activités en décroissance, notamment l’automobile en France, où le rythme de décroissance est de l’ordre de 13% par rapport à 2006.
La diminution de nos effectifs, motivée par le faible plan de charge dans l’Automobile en début d’année, explique cette baisse.
Dans ce contexte, la croissance organique de 28% réalisée à l’international dans l’automobile, principalement liée à des développements en Italie et en Allemagne, constitue une excellente nouvelle, même si cette activité demeure inférieure à celle réalisée en France.

Néanmoins, une décroissance globale de la division Automobile de 7,4% pèse nécessairement sur le niveau de croissance organique du groupe.

Enfin cette baisse du CA au cours du troisième trimestre s’explique également par le tassement de l’activité dans l’Aéronautique.
Dans la mesure où cette division représente environ 30% de notre CA, un tassement de 6,1%, lié à la conjoncture actuelle, a également un impact très significatif sur la croissance organique globale du groupe.

Quelles sont vos perspectives et qu’attendez-vous du marché automobile ?
D’une manière générale, notre priorité est de continuer à améliorer notre marge opérationnelle.

Nous considérons que la marge opérationnelle normative du groupe se situe entre 7 et 8%.
Notre marge opérationnelle étant inférieure à ces niveaux en 2006 et 2007, son amélioration constitue notre priorité.
L’amélioration plus rapide que prévue au cours du troisième trimestre de la marge opérationnelle de l’automobile va dans ce sens.
Le secteur automobile reste en tout état de cause, notamment en France, un secteur difficile, soumis à un grand nombre de pressions tarifaires. Notre positionnement dans les métiers de bureau d’études nous expose particulièrement à ces pressions.

En termes de perspectives d’activité, nous sommes actuellement en plein processus budgétaire. Il est par conséquent trop tôt pour dire comment se profile l’année 2008.
Cela étant, l’amélioration du résultat opérationnel est l’objectif principal donné aux managers opérationnels pour la préparation de leur budget pour 2008.


La vente de deux EPR devrait être officialisée à l'occasion de la visite de Nicolas Sarkozy en Chine, le 25 novembre. Allez-vous profiter de ce projet ?
Il est un peu tôt pour dire si la vente de deux EPR constitue une opportunité de travail pour Assystem. Nous pouvons l’espérer.

Assystem ayant ouvert il y a deux ans une filiale en Chine, le Groupe a sur place des collaborateurs français et chinois, qui travaillent dans le secteur automobile d’une part, dans celui de l’énergie d’autre part.
Le groupe ayant commencé à travailler pour des clients chinois de la filière nucléaire, il est certain que le secteur de l’énergie en général, et le secteur du nucléaire en particulier, sont considérés comme des leviers de croissance pour les années à venir.

Assystem a des liens historiquement très forts avec le secteur nucléaire. Nous pensons donc pouvoir bénéficier de nombreuses opportunités sur le secteur de l’énergie et du nucléaire.

D’après les résultats que vous avez publiés, on constate une croissance de votre CA en France, faible mais constante, de +1,8% sur neuf mois. Où en êtes-vous de l’amélioration de votre efficacité opérationnelle sur votre marché domestique ?
Nous avons eu une année 2006 fortement perturbée en France du fait de modifications de notre organisation au moment même où était mis en place un nouvel outil de gestion.

Nous nous sommes retrouvés en début d’année avec deux divisions, Automobile et Technologies, qui connaissaient en France de grandes difficultés.
Concernant l’automobile, de nombreuses mesures ont été conduites au cours du premier semestre, et nous considérons aujourd’hui que la perte d’efficacité opérationnelle que nous avions enregistrée en France est dans une très large mesure corrigée.

Concernant la division Technologies, nous enregistrons depuis la fin de l’année 2006 et la nomination d’une nouvelle équipe de management, des améliorations très significatives qui devront naturellement se poursuivre au cours du prochain exercice.

En d’autres termes, nous n’aurons pas encore atteint fin 2007, le niveau optimal de performance opérationnelle sur cette division.

Avez-vous enfin «digéré» la fusion avec Brime intervenue en 2003 et quel constat en tirez-vous en termes de synergies ?
De manière factuelle, le fusion entre Assystem et Brime était motivée par la très bonne complémentarité des compétences de chacun.
Les équipes de Brime ont apporté leurs compétences dans les métiers de la technologie, de l’électronique et de l’informatique embarquée.
Cela représente aujourd’hui environ 20% du CA du groupe et un segment de marché sur lequel Assystem n’était pas présent. 

Envisagez-vous de réaliser des acquisitions prochainement ?
Nous étudions en permanence plusieurs dossiers d’acquisitions.
De nombreux dossiers font l’objet d’une étude que l’on interrompt, soit à un stade très préliminaire, soit à un stade très avancé, si l’on estime qu’ils  ne respectent pas tous les critères définis.

Nous avons toujours été très sélectifs dans nos acquisitions en particulier à l’étranger; la situation actuelle du Groupe nous incite bien évidemment à ne pas relâcher ce niveau de sélectivité.

Aujourd’hui, en termes de priorités, nous avons plus d’un tiers de notre activité qui se situe à l’étranger, et nous souhaiterions renforcer notre position à l’international. Ce qui signifie que nous privilégierons en premier lieu les acquisitions hors de France.

Le titre Assystem vient d’enregistrer une très forte dégradation, de l’ordre de 17% en cinq jours. Comment réagissez-vous face à cette érosion…
Le cours du titre Assystem est bas.
Il est probable, compte-tenu de notre exposition au secteur aéronautique, que le cours de notre titre suive un peu le news flow du secteur.

Pour ma part, j’espère que, compte-tenu des bonnes nouvelles enregistrées ces derniers temps par l’un de nos grands clients dans l’aéronautique, notre cours puisse remonter également.

Le mot de la fin pour vos actionnaires.
La vie d’une entreprise est faite d’une succession de cycles positifs et d’autres plus difficiles.
Assystem fait face, depuis quelques temps, à un certain nombre de difficultés internes et à des incertitudes sur certains segments de marché, mais notre développement et la pérennité de notre modèle économique à moyen ou long terme ne nous semblent nullement remis en question.

La priorité de l’équipe de direction est aujourd’hui de redresser la marge opérationnelle vers des niveaux que nous considérons comme normaux pour le groupe et compris entre 7 à 8%.

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy