L’année 2022 sera celle de choix cruciaux pour les banques centrales, les entreprises et le consommateur.

Après trois années d’excellentes performances, les investisseurs s’interrogent à juste titre sur l’avenir. Où trouver encore du potentiel à l’aube d’un durcissement de la politique monétaire et d’une inflation qui flambe ? Les nuages qui s’amoncellent à l’horizon viennent plomber l’humeur des investisseurs qui était encore positive durant l’été.


Grippe, Covid, même combat ?

Le Covid reste malheureusement encore en tête des préoccupations. Avec l’arrivée des vaccins l’année 2021 avait si bien démarré que certains stratégistes n’avaient pas hésité à comparer cette reprise à celle qui s’était manifestée durant « les années folles » qui ont succédé à la 1ère guerre mondiale. Malgré l’accélération des campagnes de vaccination, le monde a dû faire face à de nouveaux variants du virus, Delta puis, plus récemment, Omicron. A l’heure actuelle, le taux de vaccination atteint 70% dans les économies développées. En revanche, le monde en développement accuse encore un certain retard qui s’explique par l’inadéquation des canaux de distribution et des infrastructures. Des pays comme la Chine, la Malaisie et le Vietnam ont dû à nouveau recourir au confinement, ce qui a exacerbé les tensions sur les chaînes de production au niveau mondial. Aujourd'hui, la vaccination est largement répandue et les gouvernements envisagent « un rappel » sous la forme d’une 3e injection. Leur but est de permettre à l'économie de fonctionner au maximum de ses capacités. Nous devrons donc peut-être apprendre à vivre avec le Covid, comme nous l'avons fait avec la grippe.


Le défi de l’approvisionnement

Un 2e grand défi, découlant en partie du 1er, est celui des goulets d’étranglement que subissent les chaînes d’approvisionnement au niveau mondial. En 2020, la demande des consommateurs s’est ralentie et les entreprises ont utilisé leurs stocks pour servir leurs clients, tandis que la production diminuait en raison des confinements. De plus, l’incertitude quant à l’avenir a pesé sur les stocks qui ont atteint un niveau historiquement bas, phénomène renforcé par le fait que les entreprises ont cherché à maintenir une trésorerie et des liquidités suffisantes pour être en mesure de faire face aux tempêtes futures.

En novembre, il est devenu évident que, pour répondre à la demande refoulée qui se manifesterait dans l’hypothèse d’une reprise en « V », les entreprises devraient à nouveau fonctionner à plein régime. Or, la pénurie de main-d'œuvre et le niveau déprimé des stocks tout au long de la chaîne de valeur entravent fortement la production. Les goulets d'étranglement affectent l’ensemble de la chaîne de valeur et plus particulièrement les entreprises situées en fin de chaîne. Les délais de livraison se sont allongés et, chaque acteur tentant de se procurer autant de matières premières que possible, il en résulte un excès de commandes. De nombreuses entreprises ont également réalisé qu'elles étaient trop dépendantes d'un nombre trop limité de fournisseurs. Bien que cette situation puisse parfois être avantageuse et offrir par exemple de meilleures conditions d'achat, elle débouche généralement des délais de livraison plus longs et des prix plus élevés.

Ce comportement grégaire est d’ailleurs à l’origine de la forte augmentation des prix : chacun est prêt à payer le prix fort pour les fournitures ou les composants nécessaires au service de sa clientèle. Les entreprises, craignant pour leurs parts de marché, gonflent excessivement leurs commandes, ce qui peut se traduire par des flambées des prix, qu’il s’agisse de matières premières, de semi-conducteurs, de denrées alimentaires, de logistique ou de salaires. Cette réaction en chaîne est typique et elle se manifeste désormais sur de nombreuses chaînes de valeur. Ainsi, dans le secteur de l’énergie, la hausse des prix résulte moins d’une explosion de la demande que de la réunion de toutes les conditions d’un « parfait désastre », à savoir le mauvais temps, les inondations, les perturbations de l’approvisionnement en charbon, la décarbonisation, les querelles politiques avec l’Australie, etc. Cela explique pourquoi la flambée du prix du gaz naturel a fini par se propager dans le monde entier.


Après l’effondrement, la reprise

Le système est soumis à de fortes pressions. Ni les tensions au niveau des marchés de l’emploi, ni les goulets d’étranglement le long des chaînes d’approvisionnement ne sont des phénomènes vraiment nouveaux. En revanche, leur ampleur l’est. Ces difficultés finiront néanmoins par se résorber, même s’il est difficile, voire hasardeux, de chercher à établir un calendrier exact de ce rétablissement. Quoiqu’il en soit, s’il tarde à venir, si les différents acteurs refusent de payer des prix élevés ou s’ils doivent patienter trop longtemps pour obtenir leurs produits, tous ces facteurs pourraient finalement avoir un impact sur la demande des consommateurs. L’effondrement de cette dernière aurait alors cet effet positif de réduire les pressions auxquelles le système est soumis. Les entreprises disposeraient de davantage de temps pour reconstituer leurs stocks, ajuster la production, recruter et former du personnel. Mais en fin de compte, la demande se rétablira du fait que les ménages ont accumulé de l’épargne durant la pandémie. En ce qui concerne l'énergie, les prix devraient à nouveau reculer après la période hivernale, dès le moment où la demande se ralentira.


Le défi de la consommation chinoise


La Chine représente un 4e défi : Xi Jinping est déterminé à mettre en place une économie centrée sur la consommation plutôt que sur la production industrielle. Cette réorientation est passée dans un premier temps par une augmentation du revenu moyen, une politique qui n’est pas sans failles et qui a pu donner lieu à des excès. Le gouvernement a commencé à les combattre au début de l’année 2021, à la fois de manière directe et intransigeante et en replaçant l’accent sur « la prospérité commune ». Cependant, dès lors que la Chine accroît sa consommation d’une unité et réduit ses investissements d’unité, son PIB demeure inchangé, mais les conséquences de cette politique se feront sentir dans tout le reste du monde.


Des choix cornéliens


En 2022 et au-delà, l’évolution des marchés dépendra de choix critiques de trois acteurs essentiels pour l’économie. Les banques centrales devront trancher en matière d’inflation. Sa récente hausse est-elle de nature transitoire ou structurelle ? La Fed est passée d'une attitude conciliante à Jackson Hole à une attitude beaucoup plus ferme qui s’est manifestée lors de la dernière réunion du Comité fédéral d’open (FOMC). Ce durcissement avait déjà été largement anticipé et le marché s’est centré sur la rapidité sa mise en œuvre et sur le calendrier des hausses de taux. Or le fait que les investisseurs anticipent déjà 2,5 hausses en 2022 dénote de leur inquiétude. Pour les marchés, le plus grand danger est celui d’une erreur de politique monétaire, à savoir que la Fed augmente les taux trop tôt ou trop rapidement.

Pour ce qui concerne les entreprises, la question qu’elles devront trancher est celle de l’attitude à adopter face aux disruptions et aux graves pénuries d’approvisionnement. Décideront-elles ou non de continuer à payer des prix élevés pour s’approvisionner et assurer leur logistique ? Les entreprises devront également évaluer leur capacité à répercuter les hausses de prix sur leurs clients, capacité qui aura un impact sur leurs marges et leurs parts de marché. Une augmentation exagérée des prix pourrait ralentir la demande et amener le consommateur à prendre une position de repli. La capacité à répercuter les coûts est inégale et les entreprises les mieux placées pour résister à cette tempête sont celles situées en amont de la chaîne de valeur ainsi que celles qui occupent une niche de marché. Le 3e acteur à prendre en compte est le consommateur. Sera-t-il disposé à payer davantage pour ses achats ? Va-t-il patienter toute une année avant d’entrer en possession de sa nouvelle automobile ? Le comportement du marché en 2022 dépendra de tous les choix exposés plus haut.


Les raisons d’espérer

Un certain nombre de facteurs nous incitent néanmoins à penser que les marchés continueront de dégager des résultats positifs en 2022. La croissance restera supérieure à la moyenne et même si nous ne revivons pas « les années folles », la demande des ménages aura tendance à s’accroître. Du fait du déficit de main-d’œuvre et des difficultés d’approvisionnement, les dépenses d’investissement seront orientées à la hausse. Banques centrales et décideurs politiques maintiendront leur soutien à l’économie. La Chine poursuivra sa croissance grâce à différents stimuli monétaires et fiscaux. Enfin, les prévisions de bénéfices pour les trimestres à venir sont trop conservatrices.

En ce qui concerne les portefeuilles, les secteurs qui contribueront à résoudre les problèmes actuels tels que les goulots d'étranglement de l'offre, la baisse de la productivité, les disruptions et les défis ESG sont à privilégier. Au niveau des entreprises, celles qui sont idéalement positionnées pour bénéficier des principales tendances en 2022 présentent les caractéristiques suivantes : elles disposent d’un important pouvoir de fixation des prix, elles sont centrées sur les technologies de rupture, elles consentent d’importants efforts d’investissement, notamment dans le domaine de l’écologie.


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