Interview de Marie-Jeanne Missoffe : Responsable

Marie-Jeanne Missoffe

Responsable "Actions croissance" chez Mandarine Gestion

CAC 40: les prévisions de bénéfices pour 2016 pourraient être révisées à la baisse

Publié le 24 Mars 2016

Quel bilan faites-vous des résultats du CAC 40 en 2015 ? 
Après un bon premier semestre, les grandes entreprises tricolores ont publié des résultats beaucoup moins bons au deuxième semestre 2015, principalement en raison de la baisse des devises émergentes. Celle-ci a eu un fort impact négatif sur ces groupes très internationaux.
Sur l'ensemble de l'année cependant l'effet devise a été positif. L'autre facteur de soutien a été la reprise de la consommation dans la zone euro.
Environ un quart des entreprises du CAC 40 ont dépassé nos attentes. C'est le cas d'Accor, de Cap Gemini, de Danone, de LVMH, de Publicis et du secteur automobile. Bien que leurs bénéfices soient en baisse, Schneider Electric et Total ont également fait mieux que prévu. Du côté des déceptions, Sanofi a marqué le pas au quatrième trimestre en raison de la baisse de ses ventes dans le diabète aux Etats-Unis. LafargeHolcim a souffert du ralentissement des pays émergents, Brésil en tête. Technip a également publié des résultats légèrement inférieurs aux attentes au quatrième trimestre. Deux groupes "plombent" véritablement les résultats du CAC 40: Engie et ArcelorMittal. Ils ont été fortement impactés par la baisse des cours du pétrole et des matières premières et enregistrent de lourdes pertes sur l'année écoulée (4,6 milliards d'euros pour Engie et 7,9 milliards de dollars pour ArcelorMittal).

Les bénéfices peuvent-ils repartir à la hausse en 2016 ?

Il est très difficile de faire des prévisions à l'heure actuelle. Beaucoup de sociétés ont préféré renvoyer à leur journée investisseurs pour donner plus de détails, d'autres ont préféré ne pas donner de guidance du tout (ex: Cap Gemini). Les analystes tablent sur une croissance médiane de 8% des résultats en 2016 mais ces prévisions pourraient être révisées à la baisse. Une chose est sûre : l'effet devise est derrière nous. La croissance dépendra de la capacité des entreprises à poursuivre leurs gains d'efficacité opérationnelle et à profiter de la reprise de la demande en zone euro.

Faut-il craindre l'exposition des sociétés françaises aux marchés émergents?

Les pays émergents ne sont pas une zone homogène. L'Amérique latine est la zone la plus difficile à l'heure actuelle. Les groupes français les plus exposés à ces marchés le ressentent fortement (Technip, Vallourec notamment). En Chine le paysage est plus contrasté. Dans les secteurs de la consommation les résultats sont encore bons. L'Oréal par exemple a enregistré une croissance de 5,5% en Asie-Pacifique l'année dernière. Les équipementiers automobiles profitent eux aussi d'une demande finale soutenue. En revanche c'est plus difficile pour les industriels comme Schneider Electric qui pâtissent de la baisse de la production manufacturière en Chine. J'ajoute que pour un certain nombre de groupes le ralentissement dans les pays émergents est largement compensé par la croissance en Europe (constructeurs et équipementiers automobiles en particulier).

Quels sont vos principaux paris sectoriels pour 2016 ?

Depuis mi-février le rebond des marchés est tiré par les sociétés "value".: minerai, métaux, pétrole, etc. Nous pensons qu'il s'agit d'un rebond essentiellement technique, ces valeurs ayant atteint des niveaux historiquement bas. Nous préférerons les valeurs de croissance portées par des fondamentaux solides comme les biens de consommation, les valeurs de santé. Dans les secteurs plus cycliques nous privilégions la construction ou encore le secteur automobile qui devraient continuer à profiter de la reprise européenne en 2016.

Propos recueillis par F.S.