Philippe Haffner
Haffner Energy entre en bourse et vise une levée de 73 millions d'euros
En produisant de l'hydrogène, nous arrivons à séquestrer de grandes quantités de carbone
Publié le 07 Février 2022
La société Haffner Energy a été créée en 1995 et représente aujourd’hui un effectif d’une vingtaine de personnes, un Chiffre d’Affaires de 4,2 millions d’euros, et une forte expertise dans la valorisation de la biomasse avec plus de 20 clients industriels.
Elle est prête aujourd’hui à changer de dimension grâce à sa technologie révolutionnaire de production d’hydrogène qui lui permet de se positionner sur un marché en plein essor avec une proposition de valeur très attractive en termes de bilan carbone mais aussi en termes de coûts de production.
Quelle est donc votre technologie ?
15 années de développement nous ont permis de concevoir et tester le module HYNOCA® (pour Hydrogen No Carbon) qui a pour mission première de produire de l’hydrogène.
Le processus HYNOCA utilise la biomasse comme élément de départ. Cette biomasse peut être très diverse (bois, paille de céréale, résidus de vignes, taillis,… et elle peut aussi avoir une certaine humidité comme le fumier).
Cette biomasse est chauffée (thermolyse) ce qui génère une vapeur qui elle aussi est chauffée (vaporeformage). Il en résulte deux éléments : un produit gazeux (Hypergaz) qui va pouvoir être utilisé comme un gaz classique et d’autre part un Co-produit, le Biochar, qui va concentrer le carbone de la biomasse.
A ce stade, le gaz peut être vendu comme un gaz classique pour chauffer par exemple des habitations et le Biochar peut aussi l’être car il a de grandes qualités comme engrais.
Notre processus intègre cependant une purification du gaz pour en faire de l’hydrogène prêt à être utilisé dans des fonctions de mobilité (camions, bus, …) ou des applications industrielles.
Comment et où cela est-il produit ?
Nous avons standardisé des modules de la taille d’un container qui intègrent l’ensemble du processus HYNOCA.
Ces modules peuvent être positionnés partout dans le monde et être au plus près des sources de biomasse et des besoins en hydrogène.
L’essentiel de l’énergie de chauffage est une partie de l’hypergaz produit par le module lui-même. Par ailleurs, pour ses besoins en électricité, le module n’a pas besoin d’être raccordé à un réseau d’électricité de haute tension.
Notre objectif est de produire et commercialiser ces modules, tout en accompagnant nos clients dans leur utilisation.
Un module à Strasbourg a démontré ses capacités de production d’hydrogène et nous mettons en place à Vitry-le-François une usine de fabrication de modules HYNOCA.
Pouvez-vous quantifier l’efficacité d’un module HYNOCA ?
En partant d’un camion de biomasse durable (30% d’humidité) avec un poids de 30 tonnes, nous produisons 1 tonne d’hydrogène, 5,5 tonnes de Biochar, et nous séquestrons 12 tonnes d’équivalent CO2.
Pour que cela soit concret, sachez qu’une tonne d’hydrogène représente l’alimentation d’un véhicule particulier pendant 100 000 km.
Si on compare ce processus avec d’autres procédés de production d’hydrogène comme l’électrolyseur ou le vaporeformage, le coût de l’hydrogène est nettement inférieur aux électrolyseurs et est similaire au vaporeformage qui utilise, lui, des combustibles fossiles.
Un module standard produit 15 à 30 kg par heure d’hydrogène.
Pouvez-vous préciser la séquestration de CO2 avec le Biochar ?
Le Biochar est un sous-produit solide du carbone issu de la thermolyse de la biomasse.
Il a vocation à être vendu comme engrais, car ses propriétés permettent une meilleure rétention de l’eau et des nutriments dans le sol, donc une productivité accrue. Il est important de comprendre que les éléments carbonés mis en terre ne seront pas utilisés par les plantes et resteront donc durablement séquestrés dans le sol. Ceci explique pourquoi le biochar est considéré comme le vecteur de séquestration du carbone le plus abouti et qu’il a été mis en avant par la COP-26.
A la valeur environnementale et économique du biochar s’ajoute évidemment les crédits carbone qui ont une grande valeur et intéressent donc beaucoup les industriels.
Comment allez-vous vous développer ?
Notre usine d’assemblage propriétaire est attendue pour début 2024. Dans la seule région Grand-Est, nous avons identifié plusieurs sites possibles pour produire jusqu’à 200 modules par an.
Nous avons un carnet de commandes à décembre 2021 d’environ 33 millions d’euros, et un pipeline à janvier 2022 de l’ordre de 183 millions d’euros, à 70% avec des industriels et à 30% sur la mobilité.
Pour accélérer notre stratégie de développement, notre introduction en bourse vise à lever 80 millions d’euros afin de développer notre capacité industrielle, de se déployer commercialement notamment en Europe, Amérique du Nord, et Asie du Sud-Est, et de poursuivre des investissements R&D.
3 partenariats avec des acteurs industriels sont particulièrement structurants, avec les sociétés HRS, VICAT, et EREN, chacune d’elles étant également déjà engagée à hauteur de 8 millions d’euros dans notre introduction en bourse.
Au final, nos prévisions de Chiffre d’Affaires pour l’exercice 2022/2023 est de 30 millions d’euros et nos prévisions pour 2025/2026 sont de 250 millions d’euros.
Propos récueillis par Jean-Baptiste Barbier
Retrouvez aussi Haffner Energy dans l’enregistrement du webinaire présenté ci-dessous, les 2 dirigeants vous présenteront :
• leur société et son activité,
• leur technologie,
• leurs projets de développement,
• leurs ambitions et comment cette introduction en bourse va contribuer à les réaliser,
• et répondent aux questions des clients d’EasyBourse.
La souscription peut se faire en ligne jusqu'au 9 février 2022 sur EasyBourse avec le lien : https://www.easybourse.com/introduction-en-bourse/ALHAF-31012022 .
Cet article ne doit en aucun cas s'apparenter à une recommandation d'acheter, de vendre ou de continuer à détenir un investissement. Easybourse ne saurait être tenue responsable d'une décision d'investissement ou de désinvestissement sur la base de cet article. Le placement en bourse est risqué, vous pouvez subir des pertes.
Jean-Baptiste Barbier