Interview de Pier Vincenzo PIAZZA : Les troubles liés au cannabis sont un enjeu de santé publique majeur

Pier Vincenzo PIAZZA

Les troubles liés au cannabis sont un enjeu de santé publique majeur

Nous voulons accélérer notre développement, en particulier dans de nouvelles indications sans réponse thérapeutique à ce jour et dans lesquelles nos CB1-SSi pourraient fournir une vraie solution.

Publié le 07 Février 2022



Pouvez-vous nous présenter Aelis Farma ?

La société Aelis Farma a été créée en 2013 pour exploiter des découvertes de mon équipe au Neurocentre Magendie de l’INSERM à Bordeaux. Ces découvertes ont mis en évidence un mécanisme naturel de défense du cerveau utilisant la prégnénolone, un précurseur des stéroïdes qui ne peut pas être utilisé comme médicament, mais dont nous sommes parvenus à développer un dérivé synthétique très prometteur en termes de tolérance et d’efficacité.

Nous sommes installés à Bordeaux et avons un effectif de 23 collaborateurs.

Nous avons utilisé les 8 dernières années pour développer une nouvelle classe de molécules pharmacologiques, porter 2 candidats médicaments au stade clinique dont l’un entrera en Phase 2b au T2 2022, nous doter d’une plateforme de R&D, et surtout nouer un accord stratégique très structurant avec la laboratoire américain Indivior, leader mondial du traitement des addictions.


En quoi votre approche thérapeutique est-elle révolutionnaire ?

Le récepteur CB1 que nous visons est impliqué dans de nombreuses fonctions du cerveau (perception sensorielle, motivation, plaisir, mémoire, activité psychomotrice) et l’est aussi conséquemment dans de nombreuses maladies (psychose & autisme, déficits cognitifs, addiction, …).

Ce récepteur CB1 est contrôlée habituellement par le cerveau de manière naturelle grâce à la prégnénolone. Quand celle-ci est absente, on ne peut en administrer car sa durée de vie est courte et elle est convertie en hormones stéroïdes.

Nous travaillons sur des dérivés synthétiques de la prégnénolone et avons créé les inhibiteurs CB1-SSi capables d’inhiber de manière très sélective le récepteur CB1.

Ces inhibiteurs n’agissent qu’en situation pathologique et affichent une bonne tolérabilité.

C’est une grande différence par rapport aux antagonistes actuellement disponibles qui agissent de manière non sélective, avec une action de blocage total du CB1 qui entraîne des effets indésirables.


Parlez-nous de votre médicament pour traiter les troubles de l’usage du cannabis

Si notre approche thérapeutique a un potentiel considérable sur de nombreuses pathologies, nous avons effectivement décidé de concentrer nos efforts sur les troubles liés au cannabis.

Ces troubles peuvent être considérés comme la prochaine épidémie, en particulier aux USA, où les chiffres sont alarmants tant sur les cas nécessitant une visite aux urgences que sur les troubles plus légers, entraînant souvent une perte de QI, et aux conséquences sociales lourdes : abandon scolaire, chômage, aide sociale, ... Le développement de la légalisation et le fait que les substances consommées présentent des concentrations en THC de plus en plus élevées renforcent le phénomène.

Le médicament que nous avons développé, AEF0117, entrera en Phase 2b aux USA au T2 2022. La Phase 2A a montré chez les personnes ayant une addiction au cannabis que le AEF0117 réduit considérablement la puissance du cannabis sur le cerveau, en diminue également fortement le plaisir perçu, et entraîne au final une forte baisse de la consommation.

Nous travaillons sur ce médicament en collaboration avec la société américaine Indivior, groupe leader dans le traitement des addictions, avec un accord d’option de licence. Nous avons bénéficié de la part d’Indivior de 30 M$ en paiement de l’option, recevrons 100 M$ liés à l’acquisition de la licence, et jusqu’à 340 M$ pour des franchissements d’étapes de développement, réglementaires et commerciales. En complément de ces 470m$, Aelis Farma touchera une redevance entre 12% et 20% sur les ventes nettes d’AEF0117.


Vous avez évoqué également d’autres pathologies

En effet les troubles cognitifs liés au récepteur CB1 nous ont amené à travailler également sur le syndrome de Down (la trisomie 21) avec un deuxième candidat médicament, AEF0217, qui a pour objectif de développer la mémoire de travail des personnes touchées par ce syndrome.

Ce médicament, qui vise à traiter les troubles cognitifs, pourrait avoir d’autres indications (autisme, vieillissement, …).

La Phase 2b dans le Syndrome de Down est prévue en 2023-2024.

Les maladies cibles sur lesquelles nous souhaitons travailler incluent aussi le syndrome de délétion, les troubles de l’hyperactivité, et les syndromes de stress post traumatique.


Quelles sont vos prochaines étapes ?

Le potentiel de blockbuster de nos 2 médicaments en phase clinique et la collaboration maintenant très engagée avec Indivior sur le AEF017 nous ont convaincu du très fort potentiel d’Aelis Farma.

Avec les avancées de nos études cliniques, nous aurons de nombreuses étapes créatrices de valeur à court terme.

Nous voulons donc nous rendre visible et accélérer notre développement, en particulier dans de nouvelles indications sans réponse thérapeutique à ce jour et dans lesquelles nos CB1-SSi pourraient fournir une vraie solution.

Dans ce but, nous lançons notre introduction en bourse sur Euronext, avec un objectif de levée entre 25 et 33 M€. 9,8 M€ ont été souscrits par Indivior et 6,7 M€ par des actionnaires historiques et un nouvel actionnaire, soit un total de 16,5 M€ déjà souscrits.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Barbier




Aelis Farma en vidéo le 7 février avec les questions des clients d'EasyBourse



La souscription peut se faire en ligne sur ce lien https://www.easybourse.com/introduction-en-bourse/AELIS-02022022 .

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Jean-Baptiste Barbier