Interview de Mike Felton : Gérant spécialisé sur les actions britanniques chez M&G

Mike Felton

Gérant spécialisé sur les actions britanniques chez M&G

Actions britanniques : parmi nos principales convictions figurent Cobham et Smith&Nephew

Publié le 15 Mai 2013

Quel regard portez-vous sur le marché des actions actuellement ?
Le marché semble fascinant depuis le début de l’année.
Il est grandement porté par le mouvement d’injection de plus de liquidité dans le système par les banques centrales  .
Ben Bernanke, le gouverneur de la Réserve fédérale américaine, a clairement indiqué en décembre avoir pour cible, au-delà du niveau de l’inflation, le niveau du chômage aux Etats-Unis.
De récents commentaires faits par le nouveau gouverneur de la Banque centrale d’Angleterre, Mark Carney laissent penser qu’il n’exclut pas une accentuation du programme de stimulus monétaire cet été.
Dans la zone euro, enfin, Mario Draghi a signalé réfléchir à de nouvelles mesures pour aider les petites entreprises à accès plus facilement au financement.

Cette massive liquidité dans le marché soutient les actifs risqués comme les actions.

Je crains cependant qu’il y ait une certaine complaisance actuellement. A court terme, c'est-à-dire au cours des trois prochains mois, nous sommes un peu plus prudents en raison d’un regain de stress sur le marché. A long terme, l’histoire d’un rebond structurel dans le compartiment des actions est encore importante.

Quelle est la valorisation du marché des actions britanniques aujourd’hui ?

Si nous considérons le trend historique, le marché est à sa juste valeur, et même légèrement surévalué. Toutefois, si nous considérons plus précisément les plus grandes capitalisations et les secteurs les plus significatifs, comme la banque, les mines, le pétrole et le gaz, certains titres sont visiblement très peu chers.
La performance du marché, d’environ 10% depuis le début de l’année, s’est faite essentiellement en dehors de ces secteurs.

A quelle évolution de ce marché vous attendez-vous ?
Le trend au cours des prochains mois devrait être baissier. Les bénéfices paraissent quelque peu vulnérables.
Les bénéfices proviennent de deux sources possibles : une expansion des marges ou une hausse du chiffre d’affaires. Or les marges sont déjà à un niveau très élevé. Elles sont 20% au dessus de la moyenne de long terme. J’anticipe une faible expansion de ces marges.
Du coté des revenus, nous vivons dans un environnement de croissance très anémique. Il est alors difficile de s’attendre à une forte progression de ces revenus.
Nous tablons sur une très lente reprise aussi bien au Royaume-Uni que dans le reste de l’Europe.

De quelle manière au juste devrait se comporter la Banque centrale d’Angleterre ?
Le nouveau gouverneur, Mark Carney, a propose de mettre en place une nouvelle cible dans la politique monétaire. Ceci a conforté le sentiment que cette politique devrait rester expansionniste jusqu’à ce que la nouvelle cible soit atteinte.

La proposition du gouverneur a déjà grandement été pricée par le marché. Mais il y a une bonne chance que nous aurons une transformation dans le leadership et ainsi une répercussion positive marginale sur le marché.
Les déclarations de M Carney sont intentionnellement très appuyées par les banques domestiques comme Lloyds et Royal Bank of Scotland.

Il y a néanmoins une différence entre une politique monétaire qui reste expansive et une politique monétaire qui devient plus expansive ?

Je ne pense pas que la politique sera plus expansive. La Banque centrale d’Angleterre va probablement continuer avec son programme actuel.

Mis à part la politique monétaire, quels pourraient être les autres catalyseurs du marché ?
L’affaiblissement de la devise nationale est une bonne chose pour les exportateurs, spécialement les entreprises qui reportent en dollars.
Le marché britannique devrait aussi être dynamisé par des opérations de fusions-acquisitions et des opérations d’introduction en bourse. Nous pourrions voir plus de compagnies étrangères, telles que les compagnies américaines faire l’achat de sociétés sous évaluées.

Quels sont les risques majeurs que vous percevez ?
Un des plus importants risques est la mise à mal de l’économie américaine par les coupes de dépenses et les hausses d’impôts qui sont déjà entrées en vigueur et qui pourraient se multiplier.

En quoi consiste votre allocation d’actifs ?
Nous aimons beaucoup les sociétés qui ont une forte culture du versement des dividendes. Certaines entreprises n’hésitent pas à maintenir un haut niveau du dividende, à augmenter ce niveau, ou à payer un dividende spécial en raison du cash abondant dont elles disposent.
Cobham, une société spécialisée dans l’aérospatial et qui a fantastique track record figure parmi ces sociétés qui offre un bon niveau de dividende. Cobham a rencontré des difficultés dernièrement du fait de la réduction des dépenses dans la défense par le gouvernement. La valorisation compense largement ce manque. Cobham a des programmes de développement conséquents pour 2014 et 2015 provenant du Royaume-Uni et des Etats-Unis.

Dans le domaine de la santé, nous avons une position non négligeable dans Smith&Nephew. La société est étroitement liée à la maladie de l’obésité et à la maladie du diabète. Elle propose d’excellentes solutions et une gestion intelligente. Son activité est destinée à devenir plus profitable.

Propos recueillis par Imen Hazgui