Interview de Isabelle Delattre : Responsable des gestions de Raymond James AM International

Isabelle Delattre

Responsable des gestions de Raymond James AM International

Les sociétés exposées au marché américain vont profiter de la revalorisation du dollar

Publié le 19 Septembre 2014

Quelle est votre stratégie de gestion au sein du fonds Europe Plus ?
Au sein de ce fonds nous investissons dans les grandes capitalisations européennes en fonction de trois ou quatre grands thèmes d’investissement. Ces orientations sont définies lors d’un comité stratégique qui se réunit tous les deux mois. Actuellement ces thèmes sont l’innovation, le retour aux actionnaires, l’exposition aux zones de croissance (Etats-Unis, pays émergents) et ce que nous appelons « l’event driven », c’est-à-dire des entreprises où une transformation est attendue (changement de management, de stratégie, cession ou acquisition, etc). Seules les valeurs qui entrent dans plusieurs de ces thèmes sont retenues dans le portefeuille qui est au final très concentré (35-40 valeurs).

Sur quelles valeurs misez-vous plus précisément ?
Parmi les entreprises innovantes, que nous nommons « les virtuoses », je citerais Volkswagen et Inditex, la maison-mère de Zara. Ces deux groupes ont fortement innové dans leurs process de fabrication ces dernières années ce qui leur a permis de prendre de l’avance sur leurs concurrents.

L’allemand GEA, spécialisé dans le conditionnement de produits agro-alimentaires (machines) est également un bel exemple. C’est un groupe à la fois innovant et qui dispose de beaucoup de cash, donc capable de faire des acquisitions ou de rendre une partie de ce cash à ses actionnaires.

Toujours en Allemagne, je citerais Linde, numéro un mondial des gaz industriels devant Air Liquide. Depuis trois ans le groupe a énormément investi, notamment dans le domaine des gaz médicaux, ce qui a pesé sur ses marges. Nous pensons qu’il va récolter les fruits de ces investissements en 2015. Nous pourrions avoir une revalorisation du titre.

En-dehors de ces virtuoses, quels sont vos principaux paris ?
Les sociétés exposées au marché américain et à certains marchés émergents font également partie de notre sélection. Parmi elles, je citerais Burberry et Ferragamo, deux groupes de luxe bien implantés aux Etats-Unis mais aussi, de façon sélective, en Asie. Tous deux continuent à profiter de la croissance de ces deux zones. Pour les mêmes raisons nous aimons les assureurs Aegon et Axa qui, grâce à leur présence sur le marché américain, devraient profiter de la revalorisation du dollar face à l’euro.

Notre dernier thème d’investissement qui est celui du rendement. En effet, le
marché obligataire européen offre aujourd’hui très peu de rendement du fait de taux directeurs très faibles. Une bonne alternative peut être trouvée en bourse en misant sur des sociétés qui distribuent du dividende tout en maintenant leurs investissements à moyen terme. C’est le cas notamment de Royal Dutch Shell qui offre un rendement de 4,6% tout à fait correct dans le contexte actuel, à condition de savoir être patient.

Un dernier mot sur les valorisations…Les actions européennes sont-elles encore attractives aujourd’hui ?
Les actions européennes ne sont ni chères ni bon marché, elles sont « au prix ». Les résultats du premier semestre ont été globalement décevants. Mais la plupart des grandes entreprises européennes sont bien gérées et beaucoup se sont désendettées ces dernières années. Il suffirait d’un peu de croissance pour voir une amélioration des marges. Nous tablons sur une amélioration des résultats au quatrième trimestre compte tenu d’une base de comparaison favorable. Par ailleurs la politique de la BCE pourrait produire quelques effets d’ici la fin de l’année.

Propos recueillis par François Schott