Interview de Mathilde  Guillemot : Gérante actions chez Dorval Asset Management (filiale de Natixis Asset Management)

Mathilde Guillemot

Gérante actions chez Dorval Asset Management (filiale de Natixis Asset Management)

Solution 30, Dialog, AMS, Lectra, Rib software, Nemetschek figurent parmi nos convictions dans la haute technologie et le digital

Publié le 04 Avril 2017

Quel regard portez-vous sur la valorisation des small caps à l’heure actuelle ?
Malgré le net rattrapage de ce segment ces derniers mois, il reste du potentiel. Sur le segment des small cap de la zone Euro, de nombreuses sociétés ne sont toujours pas suivies par les analystes et sont de ce fait insuffisamment connues, voire méconnues par les investisseurs.
Positionnés sur des nouveaux marchés ou des segments de niches, les dirigeants de ces sociétés affichent, un certain optimisme sur l’expansion de leur chiffre d’affaire, le levier opérationnel des marges, et la progression de leurs bénéfices.

La croissance domestique, la croissance à l’international, la croissance organique, et la croissance externe sont autant de moteurs qui les rendent confiants pour les mois à venir.

Comment expliquer l’extrême prudence avec laquelle ces dirigeants communiquent ?

A force d’entendre parler du risque Brexit, du risque Trump, du risque lié aux élections dans plusieurs grands pays européens, ou encore du risque relatif au ralentissement de la Chine, les dirigeants de la zone Euro n’ont d’autres choix que de se montrer plus prudents dans leurs indications.

Présentement le consensus du marché table sur un accroissement des profits de l’ordre de 20% pour les small caps. Qu’en pensez-vous ?

20% me parait être un niveau un peu trop élevé. Si la hausse des bénéfices pour les large caps s’établit autour de 7%, un rebond de 12%-14% pour les small caps semble plus vraisemblable.

La performance a été particulièrement élevée dans le secteur des SSII. Y a-t-il encore quelque chose à aller chercher ?

La revalorisation des SSII françaises a été en grande partie réalisée. Néanmoins, dans un contexte de nouvelle économie digitale, il y a encore une capacité à générer de la valeur ajoutée significative au regard des débouchés existants dans les pays développés et les pays émergents. Par ailleurs dans le reste de la zone Euro, des valeurs sont encore ignorées et sous-valorisées alors qu’elles affichent des croissances de revenus et des bénéfices à deux chiffres.

D’aucuns avancent que le moteur des OPA devrait moins jouer cette année dans l’univers des small caps, notamment en raison de la remontée des taux à venir ?

La remontée des taux pourrait ralentir la cadence des OPA mais on ne parle pas d’une remontée massive en Europe. Il y a encore une multitude de small caps destinées à être rachetées par des actionnaires existants ou par des sociétés concurrentes.

Non seulement la hausse des taux ne devrait pas porter excessivement préjudice aux small caps en tant que cibles mais elle pourrait leur rendre service en tant qu’acquéreurs.
En effet actuellement de nombreux dirigeants se plaignent pour réaliser des acquisitions des valorisations trop élevées des sociétés non cotées, notamment du fait de la concurrence des fonds de private equity. Or les fonds de private equity qui utilisent massivement la dette dans les montages financiers sont les plus sensibles à la remontée des taux. Ainsi ils devraient revoir à la baisse les niveaux de valorisations proposées et être plus en ligne avec les niveaux proposés par les sociétés cotées.

Les small caps devraient pouvoir en conséquence réaliser davantage d’acquisitions.

Quels secteurs ont votre engouement actuellement ?

Nous aimons toujours la haute technologie et le digital, plus précisément les SSII, les équipementiers de réseau (à l’instar de Solution 30 - France, S&T en Autriche), les fabricants de semi-conducteurs (comme Dialog en Allemagne, ou AMS en Suisse spécialisés dans la fabrication de capteurs pour le marché automobile et le marché médical).

Nous recherchons les sociétés qui proposent des logiciels et des systèmes visant à réduire les coûts de production, en optimisant la productivité et en faisant gagner de la compétitivité. C’est le cas de la société Lectra (France), spécialisée dans la découpe du tissu et du cuir ou encore de Rib software, Nemetschek (toutes deux en Allemagne) qui évoluent dans le domaine de la construction.

A l’inverse, y a-t-il des segments d’activité que vous évitez ?

Nous sommes peu présents sur les matériaux, sauf synergies spécifiques comme Jacquet Metal.

Pouvez-vous nous citer une société sur laquelle vous vous êtes récemment positionnés et une autre que vous avez décidé d’alléger ?

Nous avons constitué une ligne sur Sogefi en Italie. Il s’agit d’un équipementier automobile qui est en phase de réorganisation bien enclenchée depuis 18 mois. La société se caractérise par un bon management et un grand levier opérationnel grâce à la restructuration de ses usines. Par ailleurs, elle est à même de tirer un substantiel avantage de la renégociation de sa dette souscrite à un taux de 7%.

Nous avons fait le choix d’alléger GTT pour des raisons macroéconomiques. La relance de la production de pétrole de schiste alimente un mouvement baissier du baril baissier qui peut affecter la société.

Propos recueillis par Imen Hazgui